« PDG mbê mbê », tel est le slogan scandé par les militants du Parti démocratique Gabonais depuis les années 60. Mbê Mbê voulant dire en langue Fang : éternel. Ce qui veut dire que quoi qu’il en, soit le PDG sera toujours là. Quelles que soient les épreuves, il survivra.
Cela vient de se confirmer avec le retour de l’ex-parti unique autour et avec le nouveau pouvoir politique incarné par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Quelle résilience, pourrait-on s’écrier
Il l’avait déjà échappé bel en 1991, lorsque la bourrasque venue de l’Est-européen avait failli l’emporter. Il ne tenait plus que d’un fil. Il eut sa survie et son salut grâce au mot d’ordre de boycott du deuxième tour des toutes premières élections législatives de la nouvelle ère multipartite lancé par le Père Paul Mba Abessole.
Personne n’y avait rien compris. Alors que l’ensemble des forces politiques se réclamant, à l’époque, de l’opposition au régime d’Omar Bongo s’apprêtait à investir majoritairement l’Assemblée nationale, ce mot d’ordre redonna, contre toute attente, la majorité au Parti Démocratique Gabonais.
Etait-ce un deal passé entre Omar Bongo et le chef de file du Morena des Bûcherons de l’époque ? Aucun secret n’a encore été livré là-dessus et l’énigme persiste, quand bien même le principal intéressé, Paul Mba Abessole, a vainement tenté de s’en justifié, sans convaincre.
Quelques mois plus tard, lorsqu’eut lieu l’élection présidentielle, celle de décembre 1993, le PDG et son Président –fondateur furent sauvés une fois de plus par l’annonce anticipée et précipitée des résultats par le Ministre de l’Intérieur de l’époque qu’était le défunt Antoine De padoue Mboumbou Miyakou. La suite est bien connue : scènes d’émeutes à Libreville et un peu partout dans le pays, répression aveugle, négociations et « Accords de Paris ».
2009, Omar Bongo Ondimba s’en alla dans l’au-delà. Le PDG se fissura et fut même au bord de l’implosion. Un groupe d’hommes et de femmes se réunit au nom d’un Comité Permanent du Bureau Politique du PDG et imposa un candidat à l’élection présidentielle anticipée au reste du parti. Ce fut Ali Bongo Ondimba.
Quelques semaines après, il devint le successeur de son père au trône du Palais de marbre du bord de mer de Libreville. La dévolution dynastique fut consommée et le PDG remis sur rails. Ceux qui l’ont orchestrée, cette dévolution dynastique, sont aujourd’hui devenus des soutiens indéfectibles du nouveau pouvoir. Ils ont pour noms : Jean François Ntoutoume Emane, Guy Nzouba Ndama, Séraphin Moudounga, Paulette Missambo, Paul Toungui, Jean François Ndoungou, Angélique Ngoma, Richard Auguste Onouviet, Denise Mekamne, Léonard Andjembé, Michel Essongué, Paul Biyoghe Mba, nous en passons. Le reste se reconnaitra.
2016, Ali Bongo Ondimba fut battu à plate couture dans les urnes par Jean Ping. Le PDG n’avait rien pu. Une énorme vague populaire était en train de l’envahir et l’ensevelir. La Garde républicaine intervint pour le tirer de là. « Il nous a dit bombardez, je vais vous protéger, nous avons bombardé et il nous a protégés » a déclaré un de ses généraux dans un magazine panafricain. Ce dernier n’est autre que le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, parlant des évènements survenus au Quartier Général du candidat Jean Ping, les quels s’étaient soldés par des dizaines de morts à Libreville.
Arrive l’année 2023, celle d’une élection présidentielle. Albert Ondo Ossa est investi, contre tous calculs, comme candidat consensuel de l’opposition. Au moment où les urnes faisaient connaitre un verdict largement en sa faveur, survint un coup d’Etat militaire dont les auteurs dénonçaient des chiffres « tronqués », ceux que le CGE venait nuitamment de rendre publics.
Instantanément, les Gabonais se déversèrent dans les rues, exultant et criant « à bas le PDG », « au diable le PDG ». Ce fut la liesse et l’euphorie générale.
Première surprise à laquelle beaucoup n’avaient pas fait attention : le gouvernement qui fut constitué dans la foulée, ainsi que les organes de transition furent truffés de Pdgistes, et pas les moindres à des postes clefs.
Et vint le fameux « Dialogue National inclusif », en réalité exclusif, la main des participants ne trembla pas. Ils recommandèrent la dissolution pure et simple du PDG, des poursuites judiciaires à l’encontre de certains de ses cadres et l’inéligibilité pendant une période donnée de quelques -uns d’entre eux.
Deuxième surprise de taille, de la Présidence de la République fut nommé un directoire provisoire du PDG, avec comme 1èr Vice-président un certain Paul Biyoghe Mba et nul ne sut qui en était le président. Puis, dans un faste habituel, l’ex-parti unique tint un congrès extraordinaire, avant de proclamer quelques jours après son soutien sans réserves à la candidature de Brice Clotaire Nguema, lequel vient d’être élu avec une écrasante majorité de voix Pdgistes.
Aujourd’hui, les « Camarades » de Louis n’attendent plus que le retour d’ascenseur , eux qui ne connaitront jamais la vie d’un opposant politique.