Du mauvais côté de l’échiquier politique gabonais actuel : parlons- en

En quarante –deux (42) ans d’exercice du pouvoir suprême, aidé par la nébuleuse FrançAfrique, Albert Bernard Bongo, devenu El Hadj Omar Bongo, puis Omar Bongo Ondimba, avait réussi à bâtir un édifice solide dont le socle fut le Parti Démocratique Gabonais (PDG) né des cendres du Bloc Démocratique Gabonais de Léon Minko m’Edang. Ce PDG a régné sur le pays, sans partage, pendant vingt-deux (22) ans, par l’oppression, la répression, la privation des libertés, l’appauvrissement généralisée de la population et son corollaire la misère.

Un tel système reposait sur deux principaux piliers, le Parti Démocratique Gabonais, au départ parti unique, faut-il encore le rappeler, et une garde prétorienne montée de toutes pièces par des mercenaires d’origines diverses, dont le très tristement célèbre Bob Denard. Jadis dénommée Garde présidentielle (GP), elle est devenue Garde républicaine (GR), conformément aux recommandations des négociations et « Accords politiques de Paris ». Malgré le retour au multipartisme imposé par la Conférence Nationale de mars-avril 1990, l’édifice est resté inébranlable et les principaux piliers sans fissures. Depuis cette date, le PDG, pour ne parler que de lui, a connu quelques mues, sans pour autant changer de nature. Il a été question, un moment donné, d’un PDG nouveau, ayant pris un nouvel élan, sans plus.

Quels en étaient les principaux animateurs, en même temps chantres et idéologues du système ? On ne peut manquer de mentionner, entres autres, les noms de Jean François Ntoutoume Emane -qui en était  le principal idéologue- Jean Ping, Zacharie Myboto –il en était le n02 jusqu’en l’an 2001-  Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo, Didjob Divungi Di Ding, Jacques Adiahénot, Eloi Réhandi Chambrier- avant qu’il ne passe le flambeau à son fils Barro, quelque temps avant de s’en aller dans l’au-delà-  Jean Eyeghe Ndong, Paul Biyoghe Mba, Julien Nkoghe Bekale, Casimir Oye Mba- paix à son âme- Paulin Obame Nguema, Jean Pierre Lemboumba Lepandou –avant qu’il ne cherche à voler de ses propres ailes dans les années 90- Paul Toungui, Jean Rémy Pendy Bouyiki- paix à son âme- ,Léonard Andjembé, Marcel Abeke, Michel Essongué, Jean François Ndoungou, Séraphin Moudounga, Idriss Ngari, Marcel Doupambi Matoka- paix à son âme- Richard Auguste Onouviet, Denise Mekamne, Simplice Guedet Manzela- pais à son âme également- Etienne Guy Mouvagha . Nous en oublions certainement.

Ce sont toutes ces personnalités qui étaient responsables des politiques menées  par le PDG pendant cinquante- six(56) ans, lesquelles ont conduit le pays dans la situation ayant justifié le coup d’Etat militaire du 30 août 2023, du moins pourrait-on l’alléguer. C’est à elles que s’adressait Mar Bongo Ondimba dans son fameux « Dieu ne nous pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes en train de faire… ». Les tares que dénonçait le défunt chef de l’Etat ne peuvent donc que leur imputer. Des tares ayant pour noms : le népotisme, la corruption généralisée, l’enrichissement illicite, les dessous de table, les pots de vin, le clientélisme, le tribalisme, le clanisme etc. Dans le franc parlé qui lui, était reconnu, il n’avait pas manqué d’énumérer les différentes sociétés et autres entreprises étatiques et paraétatiques qu’elles (ces personnalités) ont conduit à la faillite

Au fil des années, pour des raisons diverses, certains de ces caciques de l’ordre ancien ont quitté le « Navire PDG » pour aller se recycler et acquérir une virginité au sein de l’opposition. Beaucoup en voulaient particulièrement à Ali Bongo Ondimba qui leur avait ôté les biberons de la bouche. Barro Chambrier par exemple, fut choqué par l’arrivée au sein du système de nouveaux venus qui n’appartenaient aux vielles familles dynastiques qui ont les rênes du pouvoir depuis son accession à la souveraineté internationale. Il s’en était offusqué en traitant ces nouveaux venus de « profito- situationnistes », avant de claquer la porte du PDG, après avoir vainement tenté de le « moderniser » de l’intérieur

Jusqu’au coup d »Etat militaire du 30 août 2023, le PDG était ainsi perçu par une majorité de Gabonais comme l’incarnation du mal, presque le démon. C’est la raison pour laquelle les participants au fameux Dialogue Inclusif, en réalité exclusif, d’Angondjé d’avril 2024, ont recommandé sa dissolution pure et simple, des poursuites judiciaires contre quelques-uns de ses membres, ainsi que leur inéligibilité pendant un certain nombre d’années.

Confrontés à une realpolitik  électoraliste, les militaires du CTRI ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont été obligés de s’allier au PDG.

 Du coup, se retrouvent aujourd’hui d’un côté :  les militaires du  CTRI, ceux-là qui ont sauvé à plusieurs reprises le système en perpétrant des coups de force électoraux ; tous les caciques de l’ordre ancien qui étaient allés se recycler et acquérir une virginité dans l’opposition à Ali Bongo Ondimba, lesquels sont devenus amnésiques de leur passé qui n’est pas d’ailleurs très lointain ; les nouveaux maîtres du PDG -version CTRI- et de l’autre côté , tous ceux qui refusent que tous les pouvoirs soient concentrés dans les mains d’un seul homme, le Président de la république ; qui s’opposent à la division et  la discrimination de certains citoyens Gabonais en raison des origines de l’un de leurs parents, de leur situation matrimoniale, de leur état physique, de leur séjour dans un pays étranger pour des raisons diverses, de la fonction jadis exercée par l’un de leurs parents.

 Se retrouvent également de ce même côté, tous qui ceux s’opposent au culte de la personnalité, à la résurgence de l’ethnisme et du régionalisme, dans une nation encore en gestation et dont le tissu social est encore très fragile.

De ces deux pôles du nouveau paysage politique gabonais, de quel côté se trouvent le mal, l’obscurantisme, la rétrogradation ? La réponse semble être facile à trouver. Et très curieusement, d’aucuns soutiennent que c’est du côté où se positionnent désormais Alain Claude Bilié By Nze que le mal doit être identifié, disculpant ainsi ceux-là qui, pendant plusieurs années, aux côtés d’Omar Bongo Et pour quelques-uns avec Ali Bongo Ondimba, ont fait du Gabon ce qu’il est aujourd’hui.

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