Si tant est qu’il faudrait identifier et réduire au silence les acteurs politiques ayant été associés à l’exercice du pouvoir au Gabon depuis son accession l’indépendance, notamment ceux-là qui sont encore en vie, il ne resterait plus rien du paysage politique national. Tous seraient du côté des méchants.
Peu de temps avant son décès, plus exactement en 2007, feu Omar bongo Ondimba, dans un discours testamentaire ayant marqué les esprits, ne s’était-il pas écrié : « Dieu ne nous pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes en train de faire. De là- haut, il nous observe et dit amusez-vous, le jour viendra où il nous sanctionnera ».
A qui s’adressait-t-il Omar Bongo Ondimba, en révélant les tares et les travers d’un système politique qu’il avait lui-même façonné, ces tares et travers qu’il avait pris soins d’énumérer : la gabegie, la corruption généralisée, les pots de vin, les dessous de table, l’enrichissement illicite, le népotisme, le clientélisme, le tribalisme, l’ethnisme, nous en passons ?
Certainement pas aux seuls Pierre Claver Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe- qui n’était encore qu’un jeunot- Albert Ondo Ossa – qui n’ était pas encore aux premières loges de la sphère politique- Alain Claude Bilié By Nze – qui faisait encore ses premiers pas dans l’arène politique-
Ces paroles étaient adressées à ses compagnons de la première heure, ceux –là qui, à ses côtés, avaient inspiré et conduit les politiques de la « rénovation »-parfois rénovée-, « du libéralisme économique planifié et concerté » ,du « Nouvel élan », du « Pacte national de solidarité et de développement », de « Mon projet, des actes pour le Gabon ».
Ce sont les échecs de ces politiques qu’il a reconnus dans ce discours mémorial, avant de s’en aller dans l’au-delà.
Curieusement, tout ceci s’est effacé dans la mémoire de certains Gabonais qui ne voient que les échecs imputés à Ali Bongo Ondimba, l’existence du Gabon postcolonial ne datant pour eux, que depuis 2009.
Du coup, ils classent du côté des « bons », tous ceux qui ont collaboré en étant associés à l’exercice du pouvoir avec Omar Bongo Ondimba ; et de celui des « méchants » d’autres Gabonais ayant cheminé avec Ali Bongo Ondimba, tout en prenant le soin d’exempter quelques- uns, notamment ceux qui ont fait allégeance au CTRI.
Une facilité déconcertante d’opérer un tri dans un océan de requins, en mettant d’un côté les plus carnassiers et de l’autre des inoffensifs.