Il y a au sein du paysage politique gabonais, des hommes et des femmes ayant l’habileté des propos et des phrases injustes pour décrire des situations justes. Aristocrate émergent de première heure ayant occupé des postes ministériels importants sous le règne d’Ali Bongo Ondimba, Séraphin Moudounga s’est illustré dans ce type d’exercice devant le Président de la Transition lors de la présentation des vœux de nouvel an au Palais présidentiel du bord de mer de Libreville. N’y a-t- il de flatteur dont il faudrait se méfier, surtout lorsqu’il s’agit de politique ?
Le même Séraphin Moudounga aurait tenu les mêmes propos et user de phases similaires en 2010, s’il lui aurait donné l’occasion de défendre le pouvoir d’Ali Bongo qu’il avait porté à bras le corps en 2009 pour succéder, par dévolution monarchique, à son père sur le trône du Palais de marbre du bord de mer de Libreville.
N’était-il pas, l’un des 18 membres du Comité permanent du Bureau politique du Parti Démocratique gabonais l’ayant imposé comme candidat à l’élection présidentielle anticipée de cette année, ce pour lui succéder, faisant ainsi du Gabon une monarchie ? il a volontairement oublié cet épisode de la vie politique gabonaise, comme tous les amnésiques de l’ordre ancien devenus des thuriféraires du CTRI.
Heureusement pour lui, beaucoup de Gabonais ont la mémoire courte. N’est –il pas également celui- là qui , pour défendre le bilan du même Ali Bongo à la tête de l’Etat, quelques mois après son coup d’Etat électoral, et face aux critiques dont il était l’objet de la part de l’opposition incarnée à l’époque par André Mba Obame, Casimir Oye Mba, Zacharie Myboto, Paulette Missambo et bien d’autres encore, avait déclaré que ces derniers n’ont laissé derrière eux qu’un « champ de ruine », et que eux, aux côtés du nouveau chef de l’Etat, allaient conduire le Gabon vers l’émergence en 2025. Nous y sommes.
Pour des raisons dont il a seul le secret et qui, apparemment, n’ont rien avoir avec la politique, il s’était vite jeté à bord de l’embarcation qui se dirigeait vers ce cap, avant qu’il ne soit sauvé par le radeau- CTRI.
Venons-en aux rappels historiques de ce détenteur de thèse de doctorat par correspondance pour justifier le maintien des hommes en treillis au pouvoir après la transition. D’abord, ce sont les militaires eux-mêmes, par la voie de Brice Clotaire Oligui Nguema, qui avaient déclaré solennellement le 04 septembre 2023, devant tout le gotha de la classe politique gabonaise, devant la nation et l’opinion internationale, qu’une fois ils auraient restauré les institutions jusqu’à la fois de la transition, ils remettraient le pouvoir aux civils en organisant des élections libres, démocratiques, transparentes et crédibles et regagneront leurs casernes. Personne ne les avait forcé à le déclaré. Les archives existent. On peut les ressortir à tout moment.
A propos maintenant de ses références historiques, le bardé de doctorat en doctorat par correspondance dit bien que le Général Georges Washington a été appelé à exercer le pouvoir suprême aux Etats –Unis d’Amérique après les guerres d’indépendance, pour consolider le processus démocratique et mettre en œuvre la constitution de 1789. Doit-on comprendre que de 1968 à 2023, les Gabonais ont mené des guerres d’indépendance ? Si tel est le cas, Séraphin Moudounga, puisqu’il était pendant longtemps du côté de ceux qui détenaient le pouvoir, était parmi les occupants qu’il fallait chasser pour le libérer le pays. Doit-on également comprendre que pendant toute cette période, le Gabon a vécu sous un régime parlementaire instable à l’instar celui de la 4ème république française, au point où il a fallu faire appel au CTRI pour stabiliser la vie publique du pays, comme le fit René Coti à l’endroit du Général De Gaulle. Là aussi, si tel est le cas, cette instabilité était due en partie à la présence de Séraphin Moudounga aux côtés d’Omar Bongo Ondimba, puis d’Ali Bongo Ondimba au sommet de l’Etat.
Décidemment, le docteur en doctorat par correspondance a oublié que comparaison n’est pas raison, aveuglé qu’il est par le nouveau biberon que lui a offert le pouvoir militaire. Dans les deux exemples qu’il prend, il omet volontairement de dire ni aux Etats-Unis d’Amérique ni n France, nul n’avait fait appel à l’armée, mais à des personnalités fortes pour diriger le pays pendant des périodes de transition et ce n’était guère des coups d’Etat militaires. Tel n’est pas le cas du Gabon où un coup d’Etat militaire été perpétré, ce qui a permis aux hommes en treillis de s’installer au pouvoir et d’envisager s’y éterniser.
Il y a là à travers les exemples inappropriés pris par Séraphin Moudounga les limites d’un doctorat en doctorat acquis par correspondance.