Il l’avait promis et il vient de tenir sa parole : « après le référendum, quel qu’en soit le résultat, nous solderons nos comptes », avait-il déclaré. Sans fracas, sans tambours battants et sans clarinettes, Alain Claude Bilié By Nze vient de dire adieu au Parti Démocratique Gabonais. Dans une correspondance adressée il y’ a quelques jours au directoire provisoire de l’ex-parti unique, il rend officielle cette rupture qui couvait.
Depuis un certain temps, cela se sentait et était même très prévisible. Au cours de nombreuses déclarations, points et déclarations de presse, il disait ne pas comprendre cette nouvelle alliance politique qui s’est tissée entre les militaires qui ont perpétré le coup d’Etat du 30 août 2023 dernier et ce qui est désormais devenu son ancien parti politique.
Des militaires qui ont justifié leur acte en rendant ledit parti responsable de tous les maux qui minent le Gabon. Ce qui semblait relever de la logique, puisque ce parti a géré le pays, presque sans partage, pendant cinquante- quatre (54) ans, sans discontinuité. Les mauvaises gouvernances politique, économique et sociale lui incombaient donc. Les nombreuses crises vécues chaque fois qu’une élection présidentielle était organisée en étaient les conséquences.
C’est ce à quoi le CTRI a prétendu mettre un terme le 30 août 2023.
Alain Claude Bilié By Nze ne comprenait donc pas pourquoi, dès les premières heures de la Transition, on a fait appel à lui, personnellement, pour occuper le poste de Premier Ministre, ou à défaut celui de Coordonnateur Général des Affaires présidentielles, ou encore de Président du Conseil économique, social et gouvernemental.
Estimant qu’il partageait une partie des griefs imputés au pouvoir déchu, il a refusé toutes ces offres. Il s’attendait alors que d’autres hiérarques du PDG en fassent autant. Ce qui ne semble pas avoir été le cas, puisque dès les premières heures de la Transition, on les a retrouvés à tous les niveaux des organes mis en place : gouvernement de Transition-au sein duquel ils occupent des postes clefs-, Assemblée nationale de Transition et Sénat de transition où on les trouve confortablement assis aux perchoirs.
« Si les Pdgistes n’étaient pas si mauvais que cela, pourquoi les militaires les ont-ils écartés du pouvoir ? S’interrogeait-il face à plusieurs interlocuteurs. » Pourquoi des hommes et des femmes que l’on disait voués à la potence sont-ils devenus subitement si fréquentables, alors que le fameux dialogue national d’Angondjé n‘était rien d’autre que leur procès ? Ajoutait-il.
« J’ai dit à mes camarades du PDG, c’est nous que l’on a écartés du pouvoir, parce que nous avons mal géré le pays, prenons du recul , mettons –nous à l’écart, et laissons ceux qui nous ont chassés du pouvoir gouverner, personne ne m’a compris et je me suis rendu compte que le CTRI n’était que le bras armé d’une partie du PDG, et qu’entre les deux, ce n’était que du blanc –bonnet, bonnet-blanc » argumente-t-il
La goutte d’eau qui vient de faire déborder le vase est l’adoption par voie référendaire d’une nouvelle constitution de la République gabonaise. A plusieurs reprises, Alain Claude Bilié By Nze dénonçait la nature « autocratique » et « mortifère » de cette nouvelle loi fondamentale proposée par les militaires. Son ex-parti ne l’a pas entendu de cette oreille en devenant l’une des béquilles de ces militaires qui voulaient la faire adopter coûte que coûte et vaille que vaille.
Il vient de tirer la conséquence qui s’imposait à lui en s’en allant. Certainement vers d’autres horizons.