Du « gisement Ali » au « Gisement Oligui » : les chercheurs d’« or » ont toujours du job

Il est révolu, le temps où les chercheurs d’« or » du paysage politique gabonais s’agglutinaient autour d’Ali Bongo Ondimba. C’était l’engouement et la ruée vers  un gisement dénommé : le « Gabon vert, le Gabon des services, le Gabon industriel ».  Le mot d’ordre fut « laissez-nous avancer ».

 Des associations sont nées pour y aller. Elles rivalisaient d’ardeur et de détermination. Le « Mouvement gabonais des Amis d’Ali Bongo Ondimba » le (Mogabo), l’Association des jeunes volontaires émergents » (AJEV) tels furent, entres autres, ces mouvements. Et les plus actifs. L’« Ajev », par exemple, mobilisait les foules, sous la houlette de son mentor, Brice Laccruche Alliangha. Il avait suffi que ce dernier s’autoproclame le « messager intime » d’Ali Bongo Ondimba, en convalescence au Maroc, suite à son accident vasculaire cérébral, pour que tout le monde lui fasse allégeance.

 Au cours d’une « tournée républicaine » qu’il avait entreprise –décidemment c’est la marque de fabrique partagée par tous les hommes forts- d’aucuns ont parcouru des kilomètres et des kilomètres  pour aller l’accueillir. On se bousculait aux portes des hôtels réservés pour son séjour dans telle ou localité du pays. Des clefs ville de certaines communes lui avaient été remises par leurs édiles. Ce fut de la « Lacruchemania ».

 Lequel des Gabonais ne voulait rencontrer le »messager intime ? Dans cette ambiance euphorique, certains partis politiques, appendices du PDG, ont vu le jour et ils n’ont eu aucune peine pour enregistrer plusieurs adhérents. Ce fut le cas des SDV et de RV, lesquels ont aujourd’hui disparu comme par enchantement du paysage politique gabonais.

La veille de l’élection présidentielle du 27 août 2023, le siège du Parti Démocratique Gabonais de Louis refusait du monde. On se marchait sur les pieds, envahi qu’il était par de nombreux partis politiques riquiquis qui entendaient faire partie de la Majorité présidentielle pour l’Emergence. Les associations de toutes natures n’étaient pas en reste. Tous voulaient soutenir le candidat Ali Bongo Ondimba et affluaient de toutes parts, attirés par l’appât du gain. Personne ne voulait manquer ce rendez-vous.

 Le premier meeting de campagne électorale tenu à la Gare ferroviaire d’Owendo fut un grand spectacle. C’était comme si c’est tout Libreville qui s’y était rendu. Même un match de football opposant le Real de Madrid au FC Barcelone n’aurait jamais rassemblé autant de monde, tellement la foule était compacte. Dans les provinces, le spectacle fut le même. Les aéroports bondaient de monde. Chacun tenait à être aux premières loges pour être vu. A la fin de chaque rencontre expéditive d’ailleurs, puisque l’homme ne tenait plus sur ses deux pieds, cela se terminait souvent par des offrandes. C’était qui offrirait le plus grand nombre de cabris, de moutons et le bœuf le plus gros.

Puis, dans la nuit du 30 août 2023, la Garde républicaine, avec à sa tête le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a mis un terme à cette exploitation du « Gisement Ali ». Et les chercheurs d’or sont restés dans l’expectative, en attendant. Pas pour longtemps, puisque sans trop attendre, a été mis à ciel ouvert le « Gisement Oligui ».

 Et tout de suite, les mêmes se sont mis à la besogne. Des associations se sont formées, profitant du fait que les partis politiques ne sont plus à la mode. Comme des champignons, ces associations germent de tertre tous les jours, fleurissant le paysage politique national.

 A la différence des associations qui exploitaient le « gisement Ali »,  celles qui foisonnent aujourd’hui ont beaucoup plus des contours géo-ethniques. Leurs dénominations en  à cet effet long : « Ossimane », « Enguengueng » ; « FEG YE Bitam » (sic) « Momentum » et nous en passons. Et ça c’est dans le nord du pays où on se bat pour s’approprier Oligui Nguema ; toutes ces associations de mange-mil tournant autour du noyau familial de Nkoum Yengui.

 D’autres, avec une vision beaucoup plus large ont choisi des dénominations allant au-delà de la province et de l’ethnie. C’est le cas de « LRG », de « Cordon », de la  « Cellule de défense du référendum ». Des groupuscules, puant l’opportunisme.

 D’autres encore ont été réactivées, cas de Tsoumou dans le Sud-Est du pays, plus précisément à Ngoueni.

Cette multitude d’associations qui pullulent en ce moment tiennent à profiter de la campagne référendaire en cours pour exploiter, chacune, le plus gros « filon d’or » du « gisement  Oligui » en attendant d’autres campagnes qui s’annoncent. Et ce sera encore plus la ruée vers l’or.

Avec ça, l’on dira encore que les Gabonais aspirent au changement ; qu’ils ont été libérés ; qu’ils veulent d’un « Gabon nouveau » !

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