Il fut un temps glorieux où le slogan du pouvoir politique gabonais était : « un seul chef, un seul peuple, une seule nation, un seul parti ». C’était à l’époque du parti unique. L’époque où l’on chantait des louanges à Omar Bongo Ondimba. La grande époque de la « rénovation, parfois rénovée ». Les groupes d’animation battaient leur plein. La grande période du « PDG Ossu », « PDG oka », « PDG milolo’ooo », « PDG mbê-mbê-mbê… ». Les artistes rivalisaient de génie pour glorifier le « grand timonier », le « guide éclairé », le Grand Camarade-Fondateur. A chacune de ses parutions publiques, les foules étaient en liesse, dans l’euphorie totale. Presque du délire collectif.
Le Grand Camarade Président-Fondateur s’en étant allé dans l’au-delà, a commencé l’ère du « Distingué Camarade Président ». Il fut lui aussi adoré, adulé, glorifié. Tout se faisait comme l’avait dit où souhaité le « DCP ». Ses paroles étaient le récital de quelques- uns, notamment de ses « camarades » du Parti Démocratique Gabonais, lesquels l’appelaient affectueusement « Ya Ali ». Même affaibli par la maladie, c’est-à-dire diminué physiquement et mentalement, ils le croyaient toujours capable d’affronter bien des épreuves. Et ce n’est pas pour rien qu’il avait été investi candidat à l’élection présidentielle d’août 2023.
A son retour du Maroc, après une période d’une longue convalescence, une foule compacte et en délire était allée l’accueillir triomphalement à l’Aéroport International Léon Mba. Certains ont même fait à pieds, en courant devant et derrière le véhicule qui le transportait, le parcours qui sépare l’Aéroport à sa résidence de la Sablière.
A l’ouverture de la campagne électorale d’août 2023, ils étaient encore plus nombreux à la Gare d’Owendo, pour son premier meeting. On se bousculait, on se marchait sur les pieds, on voulait être au premier rang. C’est presqu’en libérateur qu’il est apparu en public.
Puis, Ali Bongo a été déposé par les militaires, en tête desquels le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Retournement de situation, les mêmes foules qui étaient l’accueillir à l’Aéroport International Léon Mba, qui l’ont ovationné à la Gare d’Owendo, qui l’ont acclamé à se rompre les phalanges lors de sa tournée républicaine pendant la campagne électorale, ces mêmes foules disions-nous, ont vite changé de veste et se sont retournées pour chanter les louanges au CTRI et au Général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Tous les chantiers en voie de finition ou achevés sont mis au crédit du CTRI, même ceux qui ont été ouverts par le pouvoir déchu. Il n’y a plus de prise de parole sans référence au CTRI et au Général Brice Clotaire Oligui Nguema. On fait des dons comme le veut le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, à l’époque c’était conformément à la « politique de partage » prônée par le DCP. Il n’y a plus que du « CTRI » au point où il y a lieu de se demander s’il existe un gouvernement au Gabon, puisque, faut-il le redire, tout est mis à son crédit.
Et finalement, on se rend bien compte que ce « Ctrisme » ambiant rime avec le Pdgisme » et qu’après le régime « Bongo-PDG » on a désormais celui du « CTRI-PDG ». Ce qui veut dire que contrairement à l’idée reçue, le PDG n’a ni été suspendu ni enterré. Il est bien là, au cœur et aux commandes de l’Etat, majoritaire dans les deux chambres qu’il préside avec Jean François, lequel demeure membre du Bureau politique du PDG, et Paulette Missambo qui était allée se recycler un moment donné dans l’opposition. Curieusement, en ce qui concerne le premier nommé, beaucoup ont oublié qu’il a été le Ministre de l’Intérieur, puis de la défense d’Ali Bongo Ondimba, celui-là même qui l’avait proclamé vainqueur en 2009 au détriment d’André Mba Obame et qui, par la suite, avait annoncé avec un ton ferme la dissolution de L’Union nationale. Des membres influents du PDG occupent également des postes importants du gouvernement de la Transition et président d’autres institutions de Transition tel le Conseil économique, social et environnemental. Il y a même des épouses de quelques autres membres influents du CTRI qui n’ont jamais rendu leurs cartes de membres du Bureau politique du PDG. Et par les temps qui courent, s’il est parti qui développe, sur le terrain, une dynamique d’occupation de l’espace politique national, c’est bien le PDG. Il est l’un rares dont est ouvert et fonctionne, qui installe et réactive ses structures de base et qui rémunère en permanence son personnel .D’où lui viennent tous ces moyens ? Suivez notre regard.
On se demande alors quels Pdgistes voulaient-on rendre inéligibles et poursuivre judiciairement ?
Certainement ceux qui ne font pas du « Ctrisme » et l’ « oliguisme » ambiants.