En jetant l’éponge, Ali Bongo Ondimba vient de priver la plupart des acteurs politiques gabonais d’arguments, notamment ceux qui avaient acquis des titres fonciers dans l’opposition depuis 2009. Cette année, certains avaient rejoint l’opposition gabonaise en refusant la dévolution monarchique qui avait fait du chef de l’Etat déposé par les militaires le 30 août 2023 le successeur de son père sur le trône du Palais de marbre du bord de mer de Libreville. Ce fut le cas de Casimir Oye Mba, Jean Eyeghe Ndong, André Mba Obame, Jacques Adiahénot, pour ne citer que ces figures de proue du régime d’Omar Bongo qu’avait mis à la touche un Comité permanent du Bureau Politiques du PDG, lequel était constitué d’un petit groupe de personnes qui, en lieu et place d’un congrès extraordinaire qui aurait pu investir le candidat de ce parti à l’élection présidentielle anticipée de 2009,avait préféré jeter son dévolu sur un « prince héritier »,Ali Bongo Ondimba, lequel n’avait guère plus de qualités et de mérites que d’autres.
C’est ainsi que les basses manœuvres orchestrées par les Jean Ntoutoume Emane, Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo, Richard Auguste Onouviet, Michel Essongué, Séraphin Moudounga, Barro Chambrier, Denise Mekamne, Faustin Boukoubi, Paul Toungui, l’intronisèrent pour succéder à son père. Et ce fut la dévolution monarchique
Ce couronnement consommé, grâce à un coup de force qui priva André Obame d’une victoire électorale incontestable, survinrent d’autres péripéties de la vie politique gabonaise. Progressivement, Ali Bongo Ondimba abandonna ceux- là qui l’avaient fait roi pour se tourner vers une « légion étrangère » incarnée par un certain Maixent Accrombessi. Ce dernier devint le véritable régent du pays.
Commencèrent alors à se cristalliser toutes les frustrations, les rancœurs et autres déceptions autours d’Ali Bongo Ondimba. Et la cour de noblesse se vida petit à petit. Les Paulette Missambo, Barro Chambrier firent leurs cartons et s’en allèrent. Le dernier- cité en dénonçant la mainmise de ce qu’il a appelé les « Profito-situationnistes » sur le PDG. D’autres hiérarques du parti le suivirent. Ainsi se constitua le « Rassemblement Héritage et Modernité » dont le mentor fut, dans ses premières semaines Guy Nzouba Ndama, lequel affichait déjà ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2016. Quelques temps après, il rompra avec Ali pour se porter effectivement candidat à cette élection.
Le rapport de forces au sein de cette opposition essentiellement constituée de Pdgistes en rupture de ban fut, malheureusement pour lui, à la faveur de Jean Ping. Un autre cacique de l’ordre ancien qui avait, lui aussi, soutenu Ali Bongo en 2009.
Casimir Oye Mba, investi par l’Union nationale, après plusieurs tergiversations, fut également en lice.
Le conclave de la Sablière, au domicile de Zacharie Myboto, qui avait claqué la porte du PDG en 2001, trancha alors à la faveur du fils d’Omboué, en contrepartie de moult concessions pécuniaires et de partage de postes au sein d’un futur gouvernement.
Ce fut vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Une fois de plus, Ali Bongo Ondimba en décida autrement en perpétrant un deuxième coup de force électoral au détriment de Jean Ping qui l’avait emporté dans les urnes.
Entre temps, les Jean François Ntoutoume Emane et quelques qui étaient restés au PDG avaient déjà rejoint l’opposition en durcissant le ton, au point de s’affubler le qualificatif d’opposants radicaux. Il en ainsi de ceux qui avaient qui avaient rompu les rangs, poussés hors du sérail par les « Ajeviens » de Laccruche Alliangha, alias Fargeon, puis aux derniers mois du pouvoir d’Ali par la « Young Team » de Noureddin Bongo Ondimba, alias Valentin
Cette recomposition progressive du paysage politique gabonais depuis 2009 montre bien que, et comme cela a déjà été souligné plus haut, seules les frustrations, les rancœurs et les déceptions en étaient le moteur.
Raison pour laquelle le débat était essentiellement focalisé sur la personne d’Ali Bongo Ondimba et non sur des contradictions à caractère idéologique, et donc pas du tout sur des projets de société et des programmes.
L’avènement des militaires au pouvoir le montre encore plus. Tous les opposants de ces quatorze (14) dernières années leur ont fait allégeance. A quelques exceptions. L’essentiel pour eux était qu’Ali bongo s’en aille.
Et maintenant que ce dernier vient de tirer sa révérence, tous les débats sont clos. Et les militaires peuvent faire du pays ce qu’ils veulent.