Débat sur la Constitution : les masques tombent

Il était déjà difficile de tracer une frontière claire entre ceux- là qui se disaient opposants au Gabon et les tenants du pouvoir. Les transhumances politiques observées depuis 1990, année de la réinstauration de la démocratie multipartite dans le pays, rendaient encore plus difficile ce tracé de frontière. Et une chose est sûre, et cela notamment depuis 2009, on s’opposait beaucoup plus à un homme, Ali Bongo Ondimba, plutôt qu’à un système. Les raisons étaient multiples. Il y avait chez la plupart des opposants, des déceptions et des frustrations personnelles, des ambitions inassouvies, des règlements de comptes personnels, des clins d’œil au pouvoir en place et même du chantage du genre « retenez-moi ou je fais un malheur.

Et maintenant que le CTRI a décrété qu’il n’y a plus d’opposition et de majorité au Gabon et que tout le monde, du moins la plupart des opposants qualifiés jadis de radicaux, lui a fait allégeance, tous les opportunistes, les situationnistes, les flatteurs renards, les lèches –bottes, les cireurs de pompes, les profiteurs de tout poil ne jurent plus que par lui, oubliant même les raisons pour lesquelles ils se sont retrouvés dans l’opposition.

 Ils ont tous fait tomber leurs masques et l’on découvre aujourd’hui leur vraie nature. Celle des personnes uniquement animés par le souci d’assouvir leurs ambitions personnelles et leurs appétits égoïstes, d’étancher leur soif de conquête d’une parcelle de pouvoir, d’accomplir leur rêve de faire partie d’une cour de noblesse, Ali Bongo Ondimba leur en ayant privé. Ils pensent avoir trouvé en le CTRI leur rédemption, leur salut.

Du coup, les voilà qui appellent les Gabonais à voter « oui » pour une Constitution dont ils ignorent tout du contenu. C’est comme qui demanderait à quelqu’un d’être porteur d’un message qui le condamne à mort, tout en lui enjoignant de ne pas chercher à savoir quel en est le contenu.

 N’est-il pas logique ou de bon sens que demander aux citoyens Gabonais de s’imprégner préalablement du contenu de la nouvelle loi fondamentale, avant de se prononcer pour un « oui » ou un « non ».

Comment de nombreux citoyens (nes) Gabonais(es) nés(es) de familles mixtes, de père ou de mère d’origine étrangère, peuvent-ils ou elles s’auto-exclure de la scène politique nationale, en s’autoflagellant, en votant « OUI » pour une Constitution qui en fait des citoyens de seconde zone, des sous-citoyens ?

Comment des Gabonais(es) en situation de handicap peuvent-ils ou elles voter « OUI » pour une Constitution qui les prive du droit de se porter candidat à la Présidence de la République en raison justement de leur handicap, notamment physique ?

Comment des Gabonais (es) ayant épousé, par amour, des personnes d’origine étrangère peuvent –ils ou peuvent-elles être exclues du droit de devenir Président de la République de leur pays, en raison de leur statut matrimonial ou patrimonial ?

Pourquoi un jeune Gabonais ou une jeune Gabonaise, qui obtient son baccalauréat à 15 ans, qui termine ses études supérieures à 22 ans et qui à 30 ans a 8ans de vie active doit-il ou elle  être privé (e)  du droit de se porter candidat à la Présidence de la République.

Pour quelle raison ne peut-on pas présider aux destinées de son pays à plus de 70 ans, alors que l’on a encore toutes ses facultés physiques et cognitives, à quel âge est-on mature et sage, n’est-ce pas à ces âges là ?

Que dire de nombreux Gabonais, patriotes, qui résident dans des pays étrangers pendant plusieurs années pour des raisons diverses et qui, un moment  donné, ont été à l’avant-garde de la lutte contre le régime déchu, pourquoi leur fermer les portes de la Présidence de la République, tout simplement parce qu’ils n’ont pas résidé dans le pays pendant un certain nombre d’années, trois (3) ans, perd-t-on sa citoyenneté et son patriotisme et les droits qui vont avec, parce que l’on a été absent de son pays pendant un certain temps ?

Au lieu de débattre de toutes ces questions, il y en a qui font dans la diversion, voire la digression, en demandant de voter « OUI » en raison du bilan qu’ils jugent élogieux du CTRI. Mais enfin, le ridicule ne tue-t-il pas et la cupidité n’est-elle pas est sans limites !

 Quel lien y a-t-il entre le fait de voter une loi fondamentale, socle de nouvelles institutions du pays- puisque l’objectif premier est de restaurer les institutions- lieu commun de tous, et le bilan d’un an d’un pouvoir militaire en termes de construction et de bitumage des routes, rues et ruelles ; de revue à la hausse des pensions des ex-agents de l’Etat retraités ;d’embauche dans la fonction publique ; de reconduction de la bourse des élèves des établissements  scolaires, publics et confessionnels etc. ?

 Le référendum annoncé a-t-il pour but : le plébiscite du CTRI et son chef, ou alors le vote d’un texte de loi qui va régir la vie politique du pays pendant un certain nombre d’années, en évitant de tomber dans les travers du passé ?

Ceux qui entretiennent l’amalgame et la confusion prêchent pour leur chapelle et non pour l’avenir du Gabon.

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