Il s’appelle Michel Barnier, un vieux briscard de la politique française. Il a été Ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, puis Commissaire européen, celui-là qui a négocié le Brexit, la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne, avec les Britanniques. Il fait partie du Parti politique Les Républicains (LR). Une formation politique de la Droite libérale conservatrice française.
Aux dernières élections législatives anticipées provoquées par Emmanuel Macron, cette formation politique, héritière du RPR et de l’UAMP, est celle qui a mordu la plus la poussière en obtenant très peu d’élus dans l’hémicycle. Un désaveu de la part de l’électorat français dont n’a pas tenu compte Emmanuel Macron en envoyant un de ses membres à Matignon après des tergiversations de près de deux mois.
Logiquement, au regard des résultats des urnes, c’est le Nouveau Front Populaire, gagnant du scrutin, qui aurait dû envoyer un des siens. Pour des raisons idéologiques, Emmanuel Macron en a décidé autrement, après avoir longtemps misé sur l’incapacité des forces de gauche de s’entendre sur un nom. C’ était minimiser la détermination de ces forces de gauche de vouloir gouverner la France en appliquant une autre politique, en lieu et place des formules néolibérales ou social- libérales appliquées par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et même François Hollande, en taisant leurs dissensions, leurs divergences et leurs égos. A beau brandir l’épouvante LFI de Jean Luc Mélenchon, elles n’ont pas fléchi. A beau chercher d’isoler LFI en tentant de constituer une coalition de partis allant de la droite néolibérale à l’extrême droite néonazi, raciste et xénophobe de Marine Lepen, en passant par le centre, il n’y est guère parvenu.
Tout ceci a alors forcé le locataire actuel du Palais présidentiel de l’Elysée à faire dans le déni de démocratie, tout en s’alliant sans le dire à cette extrême droite qui lui a probablement garanti de ne guère envisager de censurer un gouvernement dirigé par un homme de droite. D’où le coup fils d’Emmanuel Macron à Marine Lepen, peu de temps avant de rendre publique la décision de nommer Michel Barnier à Matignon.
Un déni de démocratie, c’est de cela qu’il s’agit, répétons-le, cette nomination de Michel Barnier à Matignon. Un membre d’un parti politique minoritaire, nommé Premier ministre à l’issue des élections législatives, cela ne s’est jamais depuis qu’existe la 5ème République Française.
Un tel déni de démocratie aurait eu lieu en Afrique, ne parlerait-on pas aujourd’hui de coup d’Etat électoral, de démocratie tropicale, tutti quanta !
Si c’est Emmanuel Macron qui, finalement, devait leur imposer un Premier ministre, en refusant de le désigner dans les rangs de la coalition qui a gagné les élections législatives, les Français ne peuvent-ils pas se demander à quoi cela a-t-il servi d’aller voter ?