Révision de la Constitution : Laurence Ndong botte en touche et se fourvoie

« Blasphémer Ondo Meyie au lieu de parler de l’impôt », c’est ce que disent les Fang du nord du Gabon pour parler de quelqu’un qu’ils estiment être hors-sujet. C’est bien ce qu’a fait la Ministre de la communication, Porte- parole du gouvernement, Laurence Ndong, pour ne pas la nommer, sur les ondes de Radio France Internationale. Elle était interrogée sur la révision constitutionnelle en cours par Christophe Boibouvier, le même qui a interviewé un certain Alain Claude Bilié By Nze sur les mêmes ondes, quelques jours auparavant. C’était donc presque la réponse du berger à la bergère.

Sauf qu’avec la Ministre de la communication, cela est allé dans tous les sens et nul ne savait plus de quoi parlait-on, de la dette, de la gestion du pays pendant les quatorze années de magistère d’Ali Bongo Ondimba, ou alors de la révision de la constitution.

 Et pourtant, le sujet était bien celui- là : la révision de la constitution. A ce propos, feignant d’oublier que comparaison n’est pas raison, elle a comparé le régime politique mono-céphale que  l’on tient à instaurer au Gabon à celui qui est en vigueur dans ce qu’elle estime être la » plus grande démocratie dans le monde », les Etats –Unis d’Amérique. Un régime présidentiel dans lequel le Chef de l’Etat assume toutes les charges de l’exécutif, sans besoin d’être secondé par un Premier ministre, chef du gouvernement.

Seulement voilà, elle a oublié que les Etats-Unis d’Amérique sont une entité fédérale constituée de plusieurs Etats relativement autonomes. Ce qui empêche une hypercentralisation des pouvoirs dans les mains d’un seul homme, le Président des Etats –Unis, qui n’est pas un Président de la République dans le sens français du terme et de la fonction. De plus ce Président des Etats-Unis est élu par les grands électeurs des différents Etas qui constituent la fédération et non au suffrage universel direct. Il est secondé par un Vice- président des Etats-Unis élu en même temps que le Président, avec la possibilité d’accéder à la fonction suprême en cas de vacance de pouvoir, sans avoir besoin de procéder à une nouvelle élection.

 En ce qui concerne l’équilibre des pouvoirs, il y a une séparation nette entre l’exécutif et les deux chambres que sont le sénat au sein duquel siègent les sénateurs des divers Etats et le congrès, la chambre des représentants qui fait office d’Assemblée nationale. Le Président des Etats-Unis n’a aucune prérogative de dissoudre ces deux chambres.

 Telle sont l’architecture et les pratiques du pays de l’Oncle Sam en matière de système et de gouvernance politiques.

 Peut-on les comparer à ce qui se dessine au Gabon où le Président sera assumera désormais seul toutes les charges du pouvoir exécutif, avec un vice- Président nommé par lui et non élu, une Assemblée nationale qu’il pourrait dissoudre et un Conseil supérieur de la magistrature dont il sera le tuteur ? Comparaison n’est pas raison !

Quant aux autres aspects développés par la ministre de la communication, les chiffres rendus récemment publics par le Fonds Monétaire International l’Etat gabonais est aujourd’hui surendetté, héritage certes du pouvoir déchu, cependant les autorités de la Transition y ont ajouté une couche supplémentaire. On est passé de 70.5 pour cent du PIB à 78 pour cent. Et la dette publique gabonaise risque de passer de 7500 milliards de francs CFA en 2024 à 10.000 milliards de Francs CFA en 2025.C’est encourageant d’avoir apuré 18 milliards de francs CFA de dette vis-à-vis de la Chine, cependant n’est-ce pas une goutte dans un océan de dettes ?

Sur la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba que la ministre de la communication a soutenu en 2009, en dépit de la dévolution monarchique qui s’opérait dans le pays, il est regrettable que Laurence Ndong soit devenue amnésique de ces faits et qu’elle prenne un raccourci en ramenant l’histoire du Gabon à ces quatorze années de magistère de celui qui fut son mentor, en passant un coup d’éponge sec sur les quarante –deux années de son prédécesseur de père, celui qui avait déclaré avant de s’en allé dans l’au-delà « Dieu ne nous pas demandé de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire . De là –haut, il nous observe, le jour viendra où il va nous sanctionner… »

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