Que l’on l’aime ou pas, en tout cas le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas sa langue dans la poche, n’use pas de la langue de bois et n’arrondit pas les angles. Il ne participe pas non plus au concert actuel de louanges qui bercent le CTRI et son président. Il, c’est Alain Claude Bilié By Nze.
Récemment, interviewé par Christophe Boibouvier sur Radio France Internationale, le fils de Ntang- lui a profité de l’occasion qui lui était offerte pour asséner ses vérités sur la transition en cours au Gabon et sur la lecture qu’il fait des évènements survenus dans le pays le 30 août 2023.
D’entrée de jeu, il use de cette expression pour justifier ce que plusieurs Gabonais prennent pour une « libération » en parlant de la prise du pouvoir par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema : « il a voulu être khalife à la place du Khalife ».Une manière de dire que le coup d’Etat militaire n’était qu’une espèce de « ôte-toi de là que je m’y mette ».
Il renvoie ces évènements à des querelles internes et intestines au sein d’une même famille, au sens nucléaire du terme et soutient que le putsch du Général Oligui Nguema n’a pas été l’objet d’une « longue préparation ». Il en veut pour preuve des « « tâtonnements » qui traduisent une impréparation certaine. » C’était un coup d’opportunité et opportuniste » assène-t-il. Il s’en explique : « Il (Brice Clotaire Oligui Nguema (NDLR) avait annoncé une restauration des institutions, cela fait 12 mois, je ne aucune perspective, aucun calendrier de cette restauration des institutions, tout ceci n’était pas planifié ». Il enfonce le clou « La Young Team a été remplacé par le CTRI, ce n’est pas un changement de système mais d’homme ». Et il ajoute « je conteste la version d’un coup d’Etat fait par l’ensemble des forces armées gabonaises, tout ceci s’est fait à l’interne ».
Puis, il a procédé à une analyse géographique, voire géo-matrimoniale, du pouvoir détenu aujourd’hui par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Une analyse que semblait ne pas bien comprendre son interlocuteur du jour, le journaliste de RFI.
Pour lui, depuis l’époque de Bongo-père, en passant par Ali, les familles de Bongoville et de Ngouoni s’étaient partagé le pouvoir au Gabon. A la Famille de Bongoville (ex-Lewai où est supposé être né le défunt chef de l’Etat Omar Bongo Ondimba) le pouvoir politique, et à celle de Ngouoni (d’où était originaire sa mère Ebori, le pouvoir militaire). Ainsi donc, si Albert Bernard Bongo, devenu El Hadj Omar Bongo, puis Omar Bongo Ondimba et Alain Bernard Bongo, devenu Ali ben Bongo, puis Ali Bongo Ondimba ont géré politiquement et successivement l’Etat gabonais, les Généraux Oleri, Nkouna- un moment donné, puisque ce dernier est de Bongoville- et Oligui ont, eux protégé ce pouvoir grâce à la garde Républicaine, l’unité d’élite la mieux équipée et la mieux entrainée de toutes les forces de défense et de sécurité gabonaises. Aujourd’hui toujours selon lui le « pouvoir politique a quitté Bongoville et c’est la famille de Ngouoni qui concentre les deux à travers Brice Clotaire Oligui Nguema ». Belle leçon de partage géo-matrimoniale du pouvoir !
Il n’a pas manqué d’adresser d’autres petits pics à celui qui pourrait être son challenger à la prochaine élection présidentielle, puisqu’il n’exclut pas de se porter candidats. Des petits pics du genre : « il avait dénoncé les nominations de copains et coquins, aujourd’hui il ajoute des consanguins »
De rudes empoignades donc en perspective entre les deux hommes.