Difficile de dissimuler une bosse qui pointe déjà sur le front d’un visage. Cela est presque du domaine de l’impossible. De père Woleu- Ntemois et de mère altogovéenne, l’actuel Président de la Transition tente stratégiquement de construire un axe allant de Ngouoni, localité de naissance de sa génitrice (dans la Province du Haut Ogooué), à Nkoum Yeguing, le village de son géniteur, dans le canton Bissock (Département du Woleu de la Province du Woleu Ntem-Ntem), ce dans la perspective de la prochaine élection présidentielle pour laquelle, et ce n’est plus qu’un secret de polichinelle, il se portera candidat. On ne peut dire avoir de grandes ambitions pour son pays et égrené quotidiennement de grands projets, sans envisager une vie politique à long terme
Pour y arriver, il compte s’appuyer sur des associations : Tsoumou à Ngouoni et Ossimane ancrée principalement dans le canton Bissock et dirigée par un de ses frères. Parallèlement pour ne pas oublier le reste du territoire national, une autre association s’active déjà, le « Renouveau du Gabon » (LRG) qu’elle s’appelle, laquelle se manifeste un peu partout ces derniers temps sous la houlette d’un autre de ses frères, haut commis de l’administration publique au Ministère du budget.
Ayant une aversion pour les partis politiques, que le Dialogue national inclusif-exclusif d’Angondjé a recommandé de suspendre, Brice Clotaire Oligui Nguema préfère donc les associations sur lesquelles il jette son dévolu en ménageant sa monture pour aller loin.
Du coup, le Gabon risque de devenir une démocratie où seules les associations concourent à l’expression du suffrage universel selon les principes de la « multi-association » et non plus les partis et les groupements politiques selon les principes du multipartisme, comme toutes les lois fondamentales jusque-là en vigueur.
Et dans l’opinion, des interrogations fusent : « les textes législatifs actuellement en vigueur n’imposent-ils pas aux associations d’être « apolitiques », en contrepartie de leur reconnaissance légale ? », s’interroge-t-on dans cette opinion.
Autre interrogation de plus en plus persistante : « le Président de la République, quoi que de transition, ne doit –il pas se placer au- dessus, non seulement des partis politiques, mais aussi et surtout des associations « ?
Une autre question récurrente : « en raison de la charge de la prestigieuse fonction qui est la sienne, laquelle exige une relative impartialité, le Président de la République, chef de l’Etat, clef de voûte de toutes les institutions républicaines, doit-il se laisser installer dans un fauteuil de Président d’honneur d’une association ,n’est-ce pas là une manière maladroite de banaliser cette haute et prestigieuse fonction, imagine-t-on Paul Biya , Obiang Nguema Mbazo ou encore Denis Sassou Nguésso être installés dans un tel fauteuil par n’importe quel quidam ?
Autre interrogation aussi pertinente : « circonscrire le débat et les activités politiques au niveau des espaces géo-ethniques et même géo-claniques, voire familiaux, en marginalisant les partis politiques, ne pose-t-il pas un problème de construction de l’unité nationale » ?
Des questionnements qui suscitent actuellement débats, polémiques et qui ne manquent pas d’intérêt au stade actuel des enjeux politiques nationaux, du souci de la consolidation de l’Etat de droit démocratique et de la cohésion nationale.
Qu’à cela ne tienne, à chacun sa stratégie.
Seulement voilà, celle adoptée par Brice Clotaire Oligui Nguema risque de rencontrer un certain nombre d’écueils. Dans d’autres espaces géographiques et géo-ethniques du pays, des stratégies s’élaborent pour contrer la sienne.
Dans le Nord-Est par exemple, en dehors d’un certain Alain Claude Bilié by Nze qui laboure déjà et fraie son chemin, un autre vient de s’ajouter Daniel Mengara, venu récemment et fraichement des Etats-Unis d’Amérique pour faire entendre sa voix et frayer à son tour son chemin.
Dans le Sud-Ouest cette fois-ci, Pierre Claver Maganga Moussavou n’entend pas se laisser marcher sur les plates – bandes et le fait savoir de très forte manière.
D’autres ne restent pas les bras croisés. Dans le même Sud –Ouest, issu de la Coalition Jean Ping, de vieux briscards de la vie politique gabonaise affûtent leurs armes. Au centre et centre-Ouest, d’autres vieux briscards observent, tout en n’avoir pas dit leur dernier mot.
La conservation du pouvoir risque de ne pas être un long fleuve tranquille pour le Président de la Transition. Et cet effet, le résultat de référendum sera le premier test grandeur nature.