On la savait déjà malade, et même très malade, l’économie gabonaise. C’est une économie essentiellement de rentes, basée sur l’exploitation et l’exportation des matières premières agricoles et minérales. Des matières premières tarissables, parce que ne se renouvelant pas, sinon au bout de millions d’années. Cas actuel des importants gisements d’hydrocarbures dont disposait le pays. Leur production est chaque jour en baisse et à moyen terme, l’Etat ne pourrait plus compter sur eux pour boucler ses budgets et donc pour investir et fonctionner.
Il lui faut par conséquent diversifier son économie et multiplier les sources de financement dudit budget. Le régime déchu d’Ali bongo Ondimba a laissé le pays sous perfusion avec un endettement colossal 70.5 0/0, de son produit intérieur brut, soit une dette de 7500millions de Frs CFA. D’ici 2025, le taux d’endettement risque d’atteindre 78 0/0 du PIB en 2025, soit 10000 millions de Frs CFA de dette.
Dans cette dette, ne sont pas inclus les dizaines de milliards de francs CFA que le Gabon doit au titre des condamnations par des chambres arbitrales de l’étranger suite à des procédures diverses (ruptures abusives de contrat et/ou non- paiement des prestations réalisées par des sociétés pour le compte de l’Etat).
Tout ceci ne rend pas crédible la signature du pays auprès, des bailleurs de fonds internationaux. Et les agences de notation de notoriété sont obligées de jeter un coup critique sur l’état des finances du pays et sur ses perspectives économiques.
Après l’agence Moody’s, c’est l’agence de notation américaine Fitch Ratings qui, o son tour, a baissé la note sur les emprunts en divises du Gabon. L’information est presque passée inaperçue, sans nul n’y prête une attention particulière. Et pourtant, il y a de quoi s’en inquiéter, dans la mesure où est hypothéquée la capacité du Gabon à rembourser sa dette. C’est ce que souligne d’ailleurs ladite agence en précisant que le pays a déjà accumulé des arriérés extérieurs de dette à hauteur de 273,1 millions de dollars en fin mai 2024 et le paiement devrait atteindre en 2025 la faramineuse somme de 605 millions de dollars sur ses euro-bonds.
L’agence de notation américaine s’inquiète surtout de la politique économique jugée « trop expansive » du gouvernement de la Transition qui multiplie les dépenses budgétaires, cependant que les marges de recettes sont réduites. Les recettes pétrolières, la moitié du budget annuel de l’Etat sont en nette diminution, et parallèlement le gouvernement de transition envisage des recrutements tous azimuts dans la fonction publique, d’apurer les arriérés de pensions de retraite et d’ajouter de nouvelles exonérations fiscales. Du coup d’un excédent budgétaire de 1,10/0 en 2022, le pays passera à un déficit de 3,9 0/0 du PIB en 2024, lequel risque de monter progressivement pour atteindre 5,3 0/0. Le Gabon aura donc besoin de plus en plus d’argent, en même temps que sa croissance économique sera très modérée, pour ne pas dire faible.
Comme des nuages s’accumulent dans le ciel gabonais pour un sale temps de l’économie du pays