Les « tire-ailleurs » africains réhabilités par la France

Enrôlés dans l’armée française pour servir de chair à canon contre les troupes allemandes lors de la deuxième guerre mondiale, plusieurs Africains de la zone subsaharienne ont été dénommés des tirailleurs. Certainement parce que les Français estimaient qu’ils n’avaient guère l’intelligence, en tant que Nègres, de bien manipuler les armes et d’ajuster leurs tirs pour atteindre et abattre l’ennemi. Pour ces Français animés par le complexe de supériorité, ces Africains ne pouvaient donc que tirer ailleurs et non sur l’ennemi, l’essentiel pour eux était qu’ils leur servent, répétons-le, de chair à canon. Raison pour laquelle ils les plaçaient toujours en premières lignes où ils étaient abattus tels des rats et jetés dans des fosses communes, quand ils ne constituaient pas les premiers lots de prisonniers de guerre aux mains des Allemands.

En ont-ils été récompensés ? Ceux de Tyrol au Sénégal sont de parfaits exemples du sort réservé à ces Africains une fois revenus des fronts. Faits prisonniers par les Allemands, ils ont été libérés et débarqués dans cette ville du Sénégal située à quelques kilomètres de Dakar. N’ayant jamais été rémunérés tout le temps passé au front, ils ont alors commis le crime de lèse-maître colon de revendiquer leurs émoluments.

 En guise de réponse, des officiers français ordonnèrent leur exécution et ce fut fait. Combien étaient-ils ? En visite au Sénégal lorsqu’il était locataire à l’Elysée, François Hollande avança le chiffre de 70. Des historiens sérieux affirment qu’ils étaient plus nombreux que cela. Sont-ils morts pour la France ? Jusqu’il y a quelques jours ce débat n’avait jamais été tranché, du moins au sein de la classe politique de l’Hexagone.

 C’est ce que vient de faire Emmanuel Macron. Pourquoi l’a –t-il concédé, l’actuel locataire du Palais présidentiel de l’Elysée, 80 ans après ? On peut toujours spéculer là- dessus. Toujours est-il la perte de vitesse du pays de Charles De Gaulle en Afrique, y compris dans des pays qu’il considérait comme sa chasse-gardée, ne peut être étrangère à cette décision que d’aucuns qualifient d’historique.

 Au Mali, au Burkina –Faso et au Niger, il n’y a plus de place pour les Français. Et l’effet de contagion se propage. Les nouveaux dirigeants du Sénégal ne sont pas loin d’emboiter le pas de leurs homologues du Mali, du Burkina-Faso et du Niger, même si dans ces derniers pays, ce sont des juntes militaires farouchement anti- français qui se sont emparés des leviers des Etats.

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