Vives controverses, tensions et calculs politiciens autour de l’aéroport de Bitam.

Certains Gabonais, originaires de la localité de Bitam, au nord du Gabon, ne décolèrent pas. Ils ruent dans les brancards et se font entendre de vives voix. Ils refusent que leur mythique aéroport ne soit plus qu’un lointain souvenir, tant il leur rappelle bien de choses. Il leur rappelle l’époque où Bitam fut l’un des plus grands centres commerciaux du Gabon.

Des Européens qui y étaient  installés en partaient à destination de Paris via Marseille, sans passer par Libreville, Douala ou Yaoundé. Ils se souviennent qu’un certain Colonel Parant y avait trouvé la mort à la suite d’un crash. Ils ont encore en mémoire les moments festifs, lorsque les DC4 de « Transgabon »  s’immobilisaient sur le Tarmac de leur aéroport. Que dire de l’engouement et de l’effervescence qu’il y avait dans la ville dès que les Fokker 28 et  100 pointaient leur nez dans le ciel de la ville d’Ondo Nkoulou. L’aéroport grouillait de monde. On se bousculait pour attendre où pour accompagner un parent, un ami. Des personnes des pays limitrophes venaient à Bitam, rien pour voir de leurs yeux l‘avion et vivre cette ambiance.

Tout ceci n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir et beaucoup en sont nostalgiques, au point qu’ils n’acceptent pas toute idée de la disparition de leur aéroport et même de sa délocalisation. Aucun argument économique et financier ne les convainc. A la limite ils toléreraient que l’on le mette dans le registre du patrimoine universel de l’Unesco. Un aérogare flambant y été construit il y a à peu près  20 ans. Cela avait donné du baume dans le cœur des uns et des autres. Et depuis lors rien, aucun ronflement de moteur d’un aéronef, et les Bitamois commençaient à s’en accommoder, surtout que les agences de transport terrestre qui se sont multiplié facilitent leurs déplacements, notamment sur Libreville, quoi que le trajet soit long et harassant.

On en était donc là, jusqu’à ce qu’une bande de prédateurs des espaces privés et publics et  des finances tout aussi publiques pénètrent le cœur de l’Etat, s’en emparent les rênes et fassent tout ce bon lui semblait. Un certain Jessy Ella Ekogha en faisait partie. Officiellement originaire d’Oyem, avec des attaches maternelles à Bitam, il avait décidé il y a quelque temps, pendant les heures de gloire de sa bande de copains immatures, de faire main basse sur l’espace réservé à l’aéroport de Bitam pour y construire un marché privé. Curieusement, personne n’en a dit mot, sauf quelques voix anodines et inaudibles. Des grosses légumes locales en ont alors profité pour dépecer ce qui reste de cet « éléphant ». Quant au marché proprement dit, la mafia politico- financière et administrative locale en avait déjà fait son affaire, jusqu’à ce que la donne change dans la nuit du 30 août 2023.

 Certaines sources affirment aujourd’hui que Jessy Ella Ekogha a dealer cet investissement dont la construction était presque finie, avec les autorités de la Transition, en contrepartie de sa liberté. Raison pour laquelle, indiquent les mêmes sources, lors de son dernier séjour privé dans le Woleu Ntem, et en passant par Bitam, le Président de la Transition en a profité pour couper le ruban inaugural dudit marché.

Tollé au sein d’une partie de l’opinion bitamoise. Un tollé habilement récupéré par certaines personnalités originaires de la localité, aujourd’hui en perte de vitesse, lesquelles y ont envoyé leurs hommes de main pour faire circuler une pétition de refus d’exploitation de ce marché, tout en proférant des menaces de voter « Non » au référendum. Une habile manœuvre de faire chanter le CTRI et son Président, histoire de braquer leurs yeux sur les commanditaires de cette expédition.

La riposte d’autres corbeaux de Brice Clotaire Oligui Nguema ne s’est pas fait entendre. A coup de déclarations et de Conférences de presse, ils ont égrené tous les bienfaits du Général Président dans la localité, tout en montrant combien de fois ils sont avec lui.

Et désormais à Bitam, c’est la bataille des corbeaux.

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