Les deux hommes se connaissent bien. Ils se sont longtemps côtoyés dans la cour royale du Palais de marbre du bord de mer de Libreville tout en s’épiant. Autour du patriarche Omar Bongo Ondimba, ils se nourrissaient, tous les deux d’ambitions, dont celle de tenir un jour les rênes du pays. Seuls leurs parcours divergeaient. L’un marquait son père à la culotte pour une éventuelle dévolution dynastique, cependant que l’autre, plus jeune, était sous les drapeaux en espérant en profiter un jour pour devenir le maître du pays. Ce dernier a eu le mérite de la patience.
En 2009, suite au décès du patriarche, le plus âgé qui rongeait depuis son frein depuis fort longtemps – on l’avait vu faire fermer toutes les frontières du pays dès l’annonce du décès de son père, alors que le Vice-Président de la république et le Premier ministre de l’époque se trouvaient encore à l’extérieur du pays d’où ils entendaient procéder au rapatriement du corps l’illustre disparu- s’imposa à la tête du pays en perpétrant un coup de force électoral qui a coûté la vie à quelques Gabonais.
Le second, le plus jeune, exprima par la suite quelques humeurs qui lui valurent presqu’une déportation au Sénégal, au titre d’Attaché militaire à la représentation diplomatique gabonaise dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Ce n’est que lorsqu’il eut maille à partir avec la bande à Laccruche- qui s’agitait déjà pour s’emparer du pouvoir suite à l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo Ondimba- que le prétendant au trône, Noureddine Bongo Ondimba, le fit venir pour s’occuper des services spéciaux de la Présidence de la République, puis finalement prendre le commandement de la Garde républicaine.
Les problèmes ont alors débuté lorsque le prince héritier a commencé à le prendre pour un sous- fifre qu’il pouvait menacer même devant ses hommes – ce qui constitue une des pires humiliations pour un officier supérieur- tout en voulant lui faire jouer n’importe quel rôle. Physiquement et cognitivement diminué, Ali Bongo Ondimba ne contrôlait plus rien, c’est Noureddine et sa bande qui s’étaient hissé au sommet de l’Etat, coachés par l’ex-Première Dame, Sylvia Bongo. Ce fut la période de gloire de ceux que les Gabonais désignent par la « Young Time ». Abus de pouvoir, dilapidation des finances publiques par des détournements massifs, blanchiment d’argent et même trafic de stupéfiants, tout était
Entre eux et Oligui Nguema, le climat se dégradait de plus en plus, au point où de graves menaces furent proférées à l’endroit de celui qui était toujours le Commandant en chef de la Garde républicaine. « Après l’élection, tu seras viré », lui a-t-on balancé en face avec la conviction que cette élection présidentielle s’achèvera comme prévu, c’est-à-dire par un autre coup de force électoral.
Le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema et les siens en ont décidé autrement. Et ce fut le coup d’Etat militaire du 30 août 2023 qui a écarté Ali Bongo Ondimba et son clan familial du pouvoir. Pire pour lui et mieux pour les Gabonais, la bande à Noureddine et son coach, Sylvia, se retrouvent aujourd’hui incarcérés dans les geôles de la Prison Centrale de Gros Bouquet de Libreville.
Cependant, ces derniers ne s’avouent pas vaincus et multiplient des initiatives pour sortir de ce guêpier et pourquoi ne pas redevenir les maîtres du pays. Lobbying tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Gabon, annonce d’une grève de la faim et d’eau, pressions diverses, en tout cas, ils ne restent pas les bras croisés. Ils ont ainsi profité de la tournée républicaine du Président de la Transition dans le Haut Ogooué pour faire de nouveau d’eux, du moins c’est ce qu’affirme une chaine de radio internationale, RFI, pour ne pas la nommer, qui affirme qu’à la veille de cette visite, une réunion aurait eu lieu au Palais de marbre du bord de mer de Libreville. Y étaient présents : le nouveau maitre des lieux, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema ; Ali Bongo Ondimba en personne- extrait de sa résidence dorée de la Sablière- Sylvie Aimée –alias Sylvia- Valentin Bongo Ondimba et Noureddine Valentin Bongo Ondimba- exfiltrés des geôles de la Prison centrale de Gros Bouquet- Il était question, selon la même source, d’un éventuel départ du pays du chef de l’Etat déchu pour des soins médicaux en raison de son état de santé. Ce que l’intéressé a refusé de manière catégorique, exigeant au préalable l’élargissement de son épouse et de son fils.
Et tant qu’il en sera ainsi, l’ex-chef de l’Etat demeurera une grosse épine plantée au pied de Brice Clotaire Oligui Nguema.