Récemment, le Président de la transition politique au Gabon, en même temps Président de la République, chef de l’Etat, était à Brazzaville, au Congo. C’était pour parler, avec ses pairs d’autres pays d’Afrique, de la reforestation de certaines zones du Continent noir dévastées par les sociétés forestières qui les écument, décimant des essences en tous genres. Un véritable scandale écologique au moment où se pose de plus en plus la problématique d’un réchauffement climatique à l’échelle de toute la planète-Terre. A cette occasion, Brice Clotaire Oligui Nguema a multiplié des rencontres tant avec ses homologues présidents, eux aussi présents dans la capitale congolaise, qu’avec d’autres personnes, d’aucunes anodines.
Parmi ces personnes, des dignitaires politiques gabonais. Lesquels sont pourtant pris dans leur pays pour des parias. Certains Gabonais qui se prennent désormais pour des redresseurs de torts depuis le 30 août 2023 les trainent dans la boue, les vilipendent, les jettent aux orties et leur promettent le bûcher. Il s’agit, et tout le monde l’aurait compris, de Pdgistes.
Quelques images passées inaperçues diffusées à son journal de 20 heures du 04juillet 2024 par la première chaine publique de télévision gabonaise montrent que Brice Clotaire Oligui Nguema a eu un huis clos avec Paul Biyoghe Mba , Premier- Vice-Président du Parti Démocratique Gabonais désigné par lui dans des circonstances que l’on sait ; Michel Essongué, l’une des figures marquantes et emblématiques du régime déchu ; le tout en présence d’un certain Junior Bongo Ondimba, à côté de son grand- père Dénis Sassou Nguésso, le chef de l’Etat congolais, l’homme fort de Brazzaville depuis quarante- sept (47) ans.
Que sont-ils allés chercher à Brazzaville, Biyoghe Mba et Michel Essongué ? Se sont-ils reconvertis dans la reforestation au point d’en devenir des spécialistes et des personnes ressources ? Qu’est-ce qui a motivé un tel huis clos et que se sont-ils dit ? Là gît le lièvre.
Quoi qu’il en soit, il ne pouvait s’agir que de la politique politicienne gabonaise. Un désaveu de ceux qui avaient vite fait d’enterrer certaines personnalités de la vie politiques du pays et qui, comme un certain Ali Akbar Onanga, pensaient que l’ « on ne peut faire du neuf avec du vieux ». Et pourtant, en cette période de transition, plusieurs de ces « vieux » ont réussi l’exploit de rendre tout le monde amnésique de leur passé peu glorieux et se retrouvent aux premières loges des organes de ladite transition.
Paul Biyoghe Mba et Michel Essongué sont des mémoires vivantes de la vie politique gabonaise de ces cinquante dernières années. Tous les deux ont joué des rôles importants autour et avec Omar Bongo Ondimba et emmagasiné des souvenirs. Et pas des moindres. Ils ont un mot à dire à propos de l’héritage politique de ce dernier. Un héritage que revendiquent Brice Clotaire Oligui Nguema, Ali Bongo Ondimba et Junior Bongo Ondimba .Qui d’autre de mieux placé pour jouer le rôle d’arbitre central, que Denis Sassou Nguésso avec, comme adjoints, Paul Biyoghe Mba et Michel Essongué ?
Denis Sassou Nguésso a la particularité de beaucoup impacter sur la vie politique gabonaise de ces dernières années. Il est même devenu le parrain de certains acteurs politiques du pays qui ambitionnent d’accéder au trône du palais de marbre de Libreville. Avant le coup d’Etat militaire du 30 août 2023, ils se précipitaient et se bousculaient tous au portail d’Oyo, au nord du Congo- Brazzaville, pour aller se prosterner devant le maître des lieux. Pendant les dernières années du règne d’Ali Bongo Ondimba, beaucoup de ces acteurs politiques gabonais ont longtemps surfé sur les rivalités entre les deux fils d’Omar Bongo Ondimba, Ali et Junior pour apparaitre comme le protecteur du plus jeune et être dans les bonnes grâces du grand-père. Sous sa houlette (celle de Junior) des partis politiques ont même été créés, le cas de REAGIR.
Les évènements survenus au Gabon le 30 août 2023 ont remis en cause tous ces schémas. Il faut donc ébaucher d’autres schémas. D’où de nouveau le recours à l’inoxydable et incontournable maître de Brazzaville.
Non seulement il est l’un des doyens politiques de la sous-région d’Afrique centrale, privilège qu’il partage avec Paul Biya du Cameroun et Obiang Nguema Mbazo de Guinée- équatoriale, mais aussi il fut le beau-père d’Omar Bongo Ondimba, les familles régnantes ayant toujours la particularité de toujours sceller des liens conjugaux entre elles. Il peut donc coacher tout le monde et mettre au terme aux malentendus et autres divergences qui ont vu le jour au sein de la galaxie des Bongo et affiliés.