Le défunt Omar Bongo Ondimba avait fait de la géopolitique l’un des axes de construction de l’unité nationale au Gabon. Il s’agissait pour lui d’un savant dosage géo- ethnique de partage du pouvoir Cela lui a permis, pendant quarante-deux (42) ans, de stabiliser son régime politique en dépit de quelques soubresauts.
L’autre revers de la médaille d’une telle politique a été, et l’est toujours, la place occupée par l’ethnie au sein du débat politique national. Au lieu d’en faire une richesse culturelle historique, on a plutôt tendance à considérer les nombreuses ethnies du Gabon comme des instruments de conquête et de conservation du pouvoir.
Repli identitaire ethnique, stigmatisation de certaines communautés ethnolinguistiques, marginalisation des ressortissants de certaines ethnies de la gestion de la chose publique, il y a même eu des appels au meurtre, autant de pratiques ayant mis à mal l’unité et la cohésion nationales. Le sentiment d’appartenir à une ethnie a été mis au-dessus de celui d’être citoyen d’une nation, même en gestation.
Avec l’avènement du CTRI, salué par tous, tout donne malheureusement l’impression que de l’ethnie, beaucoup de Gabonais se replient, pour des raisons diverses, dans leurs tribus, voire leurs clans. En témoigne la prolifération, ces derniers temps, d’associations se réclamant de tel ou tel tribu et à la limite de tel ou tel province du pays. Et l’on a fait grand écho dans une certaine presse, comme s’il s’agissait de pierres apportées à l’œuvre de construction nationale. L’essentiel pour ces différentes associations est de déclarer soutenir les actions du Général Oligui Nguema ou de soutenir la transition en cours. Du coup toutes ces associations à caractère tribal se greffent au CTRI, tel que le faisaient il n’y a pas longtemps certains groupuscules abusivement appelés partis politiques au PDG.
« Ossimane » – en langue Fang la pensée- « Enguengueng » – la lumière, toujours en langue Fang-, les « Patriotes du Haut Ogooué »- portés sur les fonts baptismaux depuis Mounana- « Comité de réflexion pour l’avenir de Ndagui », les « Yengui de France », telles sont, entre autres, ces nombreuses associations tribales ou provinciales qui ont pignon sur rue en ce moment.
La dernière citée, les « Yengui de France », est un exemple de repli tribal et de refuge de ramassis d’opportunistes qui ne pouvait voir le jour en France dans les années 60- 70 lorsque l’ASSOCIATION GENERALE DES ETUDIANTS GABONAIS en France (AGEG) ou encore la FEDERATION DES ETUDIANTS D’AFRIQUE NOIRE FRANCOPHONES (FEANF) luttaient, armées des grandes idées du siècle, contre le néocolonialisme et pour le panafricanisme. A cette époque, ces étudiants militaient pour la cause de tous les peuples dominés et opprimés dans le monde, en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, et pas seulement pour ceux de leurs pays respectifs et encore moins de leurs tribus. Ils étaient solidaires entre eux, quelles qu’étaient leurs origines géographiques
Les « Yengui » de France ne renvoient-ils pas les Gabonais à l’époque de l’origine de la famille, du clan, de la tribu et de l’ethnie ? Cette époque où il n’y avait ni nation ni Etat ? Quelle régression intellectuelle et militante !
Qu’est-ce que les « Yengui de France » au regard de nombreux problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels auxquels sont confrontés tous les Gabonais, toutes ethnies, tribus et toutes catégories sociales confondues ?
Cela dénote fort bien le niveau de conscience intellectuel qui est celui de plusieurs Gabonais se réclamant de la diaspora. De vraies nullités. Le fait que le Général Brice Clotaire Oligui Nguema soit en partie de la tribu Yengui fait-il de ces derniers des Gabonais à part ?
Il faut espérer que le Chef de la Transition gabonaise, Président de la République, Chef de l’Etat ne tombera pas dans ce piège tribal, qu’il privilégiera l’unité de la Nation