Journée mondiale de la liberté de la presse : Insécurité, asphyxie économique et précarité

Tous les 3 mai de chaque année, les hommes et femmes des médias célèbrent, souvent avec des bilans macabres, la journée mondiale de la Liberté de la presse. Un secteur d’activités qui s’est beaucoup diversifiée avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et la communication. Une diversification s’accompagnant d’une multiplication des problèmes tant sur le plan sécuritaire qu’économique.

Sur le plan sécuritaire, beaucoup de journalistes sont toujours assassinés dans l’exercice de leur métier, quand ils ne sont pas enlevés torturés et privés de liberté, cette notion qui leur est si chère et pour laquelle ils se sont toujours battus aux fins de la conquérir. Par les temps qui courent ; beaucoup tombent, stylos, caméras et autres outils de travail en main sur les champs de bataille en Ukraine et à Gaza. Dans cette dernière enclave palestinienne,  plus d’une centaine, exactement près de cent trente (130) y ont déjà laissé leurs vies. L’hécatombe ! L’Etat hébreux est pourtant considéré comme l’un des Etats où l’on pratique la démocratie dans le monde.

 Le scénario est le même en Ukraine où les hommes et femmes de médias s’exposent également aux balles des deux belligérants. Tout en subissant ces sorts, les hommes et femmes des médias sont aussi ceux-là qui vivent dans la plus grande précarité, aussi bien professionnelle que salariale

Financièrement et économiquement,  la presse est le secteur d’activités qu’il faut éviter si l’on tient à faire fortune, sauf si l’on développe d’autres activités économiques, à l’instar de certains manias, patrons de plusieurs médias occidentaux, Vincent Bolloré, Bouygues, Lagardère et consorts, en France par exemple. Et dans ce cas, il s’agit beaucoup plus de lobbies économiques et financiers qui se servent da la presse pour influencer idéologiquement le monde entier et imposer l’impérialisme économique. Vincent Bolloré qui ne cache pas son racisme et sa xénophobie n’a –t-il pas le contrôle total ou partiel de la plupart des ports maritimes des pays de l’Afrique subsaharienne, tout en investissant dans bien d’autres secteurs d’activités économiques ?

 Toujours en France par exemple, pour n’insister que sur ce cas, les chaines de radio, de télévision et les journaux de la presse écrite  sous contrôle financier de Vincent Bolloré ne sont-ils des vecteurs patentés des thèses de l’extrême droite, des tribunes dont se servent les Marine Lepen, Eric Zeimmour et autres adeptes du 3è Reich pour déverser leur venin sur les immigrés qu’ils rendent responsables de tous les maux dont souffre l’Hexagone ?

 La liberté de la presse devient, dans ce cas d’espèce, celle du capital financier. L’information est à dessein orientée et unipolaire. On n’entend qu’un seul et même son de cloche, celui distillé dans le monde entier, par le biais de plusieurs canaux, par ces lobbies économiques et financiers, lesquels imposent la loi du plus fort.

En Afrique subsaharienne, la presse est aussi pauvre que le sont les pays. Même celle qui appartient au service public, et donc financée par les Etats, tire le diable par la queue. Les journalistes des chaines de radio et télévision de ces médias de service public travaillent dans la précarité, avec des salaires de misère, certains devenant même de véritables mendiants, obligés qu’ils sont, de se mettre à la remorque d’hommes, de femmes et de lobbies politiques, perdant ainsi leur liberté et reléguant leur clause de conscience, leur éthique professionnelle et la déontologie au tout dernier rang.

Le pouvoir gabonais déchu excellait en la matière. Financés par l’Etat, et par conséquent par le contribuable, les médias de service public, lesquels devaient être des relais et tribunes d’expression et d’opinion plurielles, fonctionnaient beaucoup plus comme les médias d’Etat au service d’un seul homme, ou à la limite  d’un seul camp politique.

Quant aux médias privés, leur situation est encore plus grave, sinon pire. Sans moyens financiers, les entreprises de presse subsistent, au lieu d’exister. Tout en contribuant au développement d’une presse libre et plurielle, ces entreprises de presse peinent à trouver leur place dans le paysage médiatique du pays. Aussi bien leurs prometteurs que leurs employés, c’est à dire les journalistes vivent dans une totale précarité et leur conditions de travail sont exécrables. Ce qui les met, eux aussi, à la merci des hommes et femmes politiques. Peut-il en être autrement, au regard de leur faible capacité d’investir, privées qu’elles sont, ces entreprises de presse, d’accès au marché publicitaire, principale source de financement de cette activité dans le monde.

Où alors trouver les financements ? Feu Omar Bongo Ondimba avait une réponse en 2000, en décidant d’une aide financière de l’Etat aux entreprises de presse écrite dont les prometteurs faisaient eux-mêmes des efforts pour se maintenir en faisant œuvre d’utilité publique .La dotation était de cinq cent millions (500. 000.000) de francs CFA/an. Quelques années après, des charognards de la République sont tombés dessus et cet important soutien financier a été dévoyé .En s’emparant des rênes de l’Etat en 2009 l’ont réduit en peau de chagrin en le ramenant de la somme initiale à celle de cent vingt-sept (127 000.000) millions de frs CFA. Une habile manière de restreindre l’espace de liberté de la presse.

Heureusement que le CTRI a décidé, au grand soulagement des éditeurs de presse, de réparer cette grave injustice.

 

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