Inéligibilité des cadres du PDG : quand la passion l’emporte sur la raison

Le PDG est une personne morale et non physique. Il a été le principal parti politique au pouvoir au Gabon jusqu’au coup d’Etat militaire du 30 août 2023. Plusieurs générations de Gabonais ont été à son école, puisqu’il existait même une Ecole des Cadres du Parti. Les échecs des politiques qu’il a menées ne datent pas de 2009, année de l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême. En 1990, avant la Conférence nationale de cette année, son Président- fondateur, feu Omar Bongo Ondimba reconnaissait et avouait ces échecs en déclarant : « le PDG a échoué sur les plans politique, économique et social, c’est pourquoi je vous propose sa dissolution et la création d’un autre cadre dans lequel devraient se retrouver tous les Gabonais, le Rassemblement social gabonais le (RSDG), et je convoque une Conférence nationale pour sa mise en place »

 Depuis la fin de ladite Conférence nationale, le PDG a rarement été seul aux commandes de l’Etat, puisqu’il y a eu des gouvernements d’ouverture, de consensus, de très large consensus, de la démocratie etc. Gouvernements auxquels ont pris part des membres de bien d’autres partis politiques : le RPG ; le RNB ; le MORENA dans toutes ses versions ; le PSD ; l’UPG ; le CLR ; le PGCI ; le PGP ; le PARI ; l’USG ; l’APSG ; le PUP devenu l’UNPR ; nous en passons.

En 2007,  feu Omar Bongo Ondimba fait cette déclaration mémorable et testamentaire : « Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes de faire. De là- haut, il nous observe et dit amusez-vous, un jour viendra, vous serez sanctionnés ». Après l’avoir dit, il s’est mis à énumérer les tares et les travers du système qu’il avait lui-même façonné : l’ethnisme, le tribalisme, le clanisme, le népotisme, le clientélisme, la gabegie, l’enrichissement illicite, les détournements massifs des deniers publics, le favoritisme, les pots-de -vin, les dessous- de- table, le piston etc.

Au regard de ces confessions d’aveux d’échec ; lesquels des Pdgistes doit-on prononcer l’inéligibilité, ceux qui ont géré le pays de 1968 à 1990, ceux qui ont pris le relais de 1990 à 2017 – ce sont d’ailleurs pour la plupart les mêmes- ? Que fait-on des cadres des autres partis politiques ayant été associés à l’exercice du pouvoir pendant certaines de ces périodes ?

Un citoyen qui a tous ses droits civiques est déclaré inéligible pour avoir commis un délit ou une faute pour lequel et/ou laquelle il est condamné. Le fait d’appartenir ou d’avoir appartenu à une formation  politique qui a dirigé un pays pendant longtemps est-il un délit ? Et si tant est que les politiques menées par cette dernière ont été désastreuses, pourquoi ne s’en tenir qu’aux quatorze dernières années, qui veut-on protéger ?

Tout donne l’impression que d’aucuns veulent instaurer plusieurs types d’Apartheid au Gabon : Apartheid entre citoyens nés de père et de mère Gabonais et d’autres citoyens nés de père ou de mère d’origine étrangère, Apartheid entre Pdgistes d’avant 2009 et ceux ayant animé ce parti après 2009 et les Hommes d’Eglises donnent l’onction et la caution.

 

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