Portail d’entrée à l’UOB : le décor n’a pas changé

Depuis des années, l’Université Omar Bongo de Libreville est devenue un champ de batailles permanent entre communautés estudiantines et Forces de défense de sécurité, en même temps que le campus a été transformé en un sanctuaire du petit et grand banditisme. Les escarmouches sont légion. Il ne s’est jamais passé une seule année sans que les belligérants susmentionnés s’affrontent, cailloux et autres projectiles contre bombes lacrymogènes. Parfois, on a frôlé le pire.

Faut-il rappeler ici que le campus de l’Université Omar Bongo a été en 1989, le détonateur interne qui a secoué le Gabon cette année, et qui a débouché sur la Conférence Nationale de mars- avril 1990. Il fut  pris d’assaut, sur ordre du Ministre de l’enseignement supérieur de l’époque, le défunt Jules Aristides Bourdes Ogouliguendé. Ce fut la chasse à l’homme, le sauve-qui –peut. La répression fut tellement violente que les politiques prirent le relais, puis les cheminots et d’autres catégories sociales qui n’en pouvaient plus avec le régime des Bongo. Le pays fut en ébullition. La bourrasque qui venait de l’Est européen est venue encore catalyser le mouvement presqu’insurrectionnel qui avait pris de l’ampleur. Et ce fut l’aveu de l’échec des politiques menées par le parti unique, le Parti Démocratique gabonais, reconnu par son fondateur, le défunt Omar Bongo Ondimba, puis la conférence nationale. Le reste est bien connu.

Cette conférence nationale et le passage du parti unique au multipartisme ont un tout petit peu fait baisser la température au sein du Campus Universitaire de l’UOB, tant les problèmes structurels à l’origine des colères des étudiants n’avaient pas trouvé des solutions : conditions d’études et de vie lamentables, avec des amphithéâtres bondés ; bourses d’études impayées ; programmes inadaptés ; locaux obsolètes ; restaurants aux conditions d’hygiène on ne peut plus déplorables etc. Une véritable vie de château. Et le mercure remonta .En 1992 un groupe d’étudiants déshabilla, dans son bureau, le recteur de l’époque, le Professeur Daniel Ona Ondo. L’histoire fit grand bruit.  Les auteurs de cet acte furent définitivement exclus de l’UOB.

Depuis lors, le mercure n’est jamais redescendu. Les affrontements sont récurrents. Aucune année académique n’en ai été épargnée. Il y a même eu des années blanches. On ne sait jamais quand est-ce commence une année académique et quand est- ce qu’elle se termine.

Les évènements politiques survenus au Gabon le 30 août 2023 n’ont guère changé la donne. Le décor est toujours le même au portail d’entrée à l’UOB. Des gendarmes armés jusqu’aux dents y campent toujours, prêts à affronter les étudiants souvent en furie pour des motifs divers, le principal point d’achoppement étant le non-paiement de leurs bourses, d’études et leur avenir est hypothéqué

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