Libreville/Plaine Orety : des familles menacées d’être chassées tels des malpropres.

Elles y résident depuis des décennies, certaines ayant hérité des terres de leurs ancêtres .Pour des raisons, dit-on, «  d’utilité publique », le gouvernement de la transition a décidé de les en déloger, sans préavis et sans indemnisation .Une belle manière de rendre à l’homme gabonais sa dignité.

 En fait « d’utilité publique », il semblerait que l’on voudrait y construire une « Cité administrative ». Initiative louable, dans la mesure où ledit Etat squatte à plusieurs endroits de Libreville où ses différents ministères et autres services administratifs i occupent des immeubles appartenant à des privés, pas n’importe lesquels, les membres de l’aristocratie politico- administrative et militaire aux commandes du Gabon depuis plus de cinq (5) décennies.

Il y a eu plusieurs projets d’investissement public à Plaine Orety. Dans les années 7O, c’est le siège de la RTG qui devait y être construit. Les travaux furent confiés à deux entreprises françaises, la SOCOBA et la SOACO. C’était à l’emplacement actuel de la « Maison Georges Rawiri ». Des tonnes de béton furent enterrées sous terre. Des « Youngs » – ancêtre des coolmondjers et des bagandos actuels- y élièrent domicile et les fondations furent rasées.

 Puis les populations s’y installèrent, avant d’être déguerpies lorsqu’il fut question d’y ériger justement la « Maison Georges Rawiri », nouveau siège de la RTG devenue « Gabon 1ère ». Ces populations, elles furent indemnisées Elles ne sont jamais revenues sur les lieux actuellement occupés par les commerçantes venues du Boulevard Bessieux, le fameux « Boul’Bess ».

Puis, de l’autre côté de Plaine Orety, il avait été décidé de construire un canal d’évacuation des eaux de ruissellement. Et pour s’y faire, il a fallu faire déguerpir les populations riveraines. Ce qui fut fait avec indemnisation et les travaux ont été exécutés.

Reste ce que l’on pourrait appeler le « Grand Plaine Orety », celui qui va du Collège St Nicolas à Derrière le Ministère des Eaux et Forêts. Plusieurs projets y ont été envisagés, sans suite. Tel est le cas de celui de la construction d’une cité des Ambassadeurs « ZADRA ». Les habitations avaient été recensées et en portent toujours les marques, puis plus rien. Il n’y a jamais eu préavis de déguerpissement et encore moins des indemnisations.

Récemment, les agents de L’ANUTTC et du cadastre y ont débarqués. Ces derniers disaient agir sur instructions du Premier ministre Raymond Ndong, leur mission consistant à recenser de nouveau les habitations et leurs occupants et d’en prendre les dimensions. A la question des habitants de savoir ce qu’il en était, la réponse fut invariablement « vous serez informés le moment venu par les autorités compétentes », sans plus.

Et tout à coup, quelle n’a pas été la grande surprise des populations concernées de voir le Premier ministre Raymond Ndong  Sima présenter une maquette de la cité administrative à construire, tout en arguant que tous ceux qui habitent la zone avaient été indemnisés et que ce n’était plus que des squatters. Une insulte pour des pères et mères de familles qui y ont investi et qui pensaient être chez eux, même s’ils ne disposent pas de titres fonciers.

 « L’Etat ayant une mémoire écrite, le Premier ministre Raymond Ndong Sima peut-il fournir les preuves de ses allégations, les noms de ceux qui ont été indemnisés, l’année, les sommes versées ? », défie un habitant concerné. « Lorsque nous avons rencontré le ministre de l’Habitat, nous avons eu l’impression qu’il était perdu, qu’il ne maîtrisait pas le dossier », ajoute un autre. « Le pouvoir déchu est accusé de 14 ans d’amateurisme, on dirait que celui-ci fait pire en 6mois seulement » renchérit un autre habitant visiblement remonté.

 Un bras de fer s’annonce donc entre les populations de Plaine Orety et le gouvernement de la Transition, loin de la « restauration des institutions ».

 

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