Où étaient passés les suffrages exprimés par plus de 24 000 électeurs gabonais. La question est restée sans réponse pendant cinq jours, avant qu’Hermann Immongault ne sorte, de son laboratoire de tripatouillage des chiffres de l’Avenue de Cointet, d’autres résultats électoraux avec des chiffres revus et corrigés. Cinq jours pour ses experts en arithmétique pour trouver la solution. Il a fallu pour cela dispatcher 4,82 0/0 de voix entre différents candidats, bien entendu en faisant la part belle au candidat Brice Clotaire Oligui Nguema, lequel est passé de 90, 35 0/0 à 94,85 0/0. Un véritable plébiscite en sa faveur, de par l’expertise des mathématiciens « Tournesol » de l’Avenue de Cointet, et non de la volonté exprimée par les Gabonais dans les urnes.
Depuis 1991, c’est la première fois dans l’histoire politique du Gabon post- parti unique qu’un ministre de l’Intérieur intervient deux fois publiquement pour annoncer les résultats d’un scrutin. Il semble que cela s’est fait « après collecte de l’ensemble des procès-verbaux de résultats centralisés, et après examen de leur conformité avec les procès affichés dans les bureaux de vote ». Est-ce à dire qu’avant la première annonce des résultats, il n’y avait pas eu « collecte de l’ensemble des procès –verbaux, et l’examen de leur conformité avec ceux affichés dans les bureaux de vote » ?
Qu’est –ce qui justifierait alors une telle anticipation doublée de précipitation ? Il n’y a que la volonté de bâcler et de vite annoncer une victoire acquise avant même le scrutin pour comprendre ce qui s’est passé.
Un verbiage qui traduit l’embarras dans lequel s’est retrouvé Hermann Immongault, après qu’Alain Claude Bilie By Nze a révélé, lors de sa prise de parole le lendemain de la toute la toute première annonce des résultats, qu’il y avait un gap de 4, 80 0/0 de suffrages exprimés.
La ficelle était trop grosse pour qu’elle passe inaperçue. Le Ministre de l’intérieur se devait alors d’y mettre du vernis. Le défunt Mboumbou Miyakou serait allé à son école. Même sous Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo Ondimba, on n’avait pas atteint un tel niveau de mascarade électorale.
Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema aurait pourtant pu être élu sans coup férir, avec un score honorable et non à la « soviétique ». Il n’avait pas besoin d’une telle mascarade, laquelle discrédite sa victoire. Il avait pour lui plusieurs atouts.
Avec lui, les Gabonais sont encore dans l’illusion et le mythe d’une « libération ». Il demeure pour eux celui qui les aurait sortis de la « prison » dans laquelle les auraient enfermés les Bongo. Le fait qu’il soit lui-même de la même famille leur importe peu. Pour eux, il est le « libérateur », le « Josué ».
Il avait également comme atout, le vote mécanique de l’ensemble des forces de sécurité et leurs familles respectives. Leurs cartes de vote avaient été préalablement retirées de leurs mains pour les besoins de la cause et personne n’a manqué à l’appel.
Il avait également comme soutiens, une kyrielle de partis politique et d’associations mange-mil, ces éternels parasites du paysage politique gabonais.
Puis, il avait pour lui une bonne partie de la diaspora, même discriminée, mais traumatisée par les longues de règne des Bongo sur la pays.
Tous ces atouts en auraient fait un vainqueur respectable. Seulement voilà, formaté dans le moule du « bongoisme », et soutenu par des spécialistes en fraude électorale de l’ordre ancien, il ne rentrera pas dans le registre des dirigeants africains qui auraient organisé des élections dans la transparence.