90, 35 % de voix obtenus par l’un des candidats à une élection présidentielle, c’est effectivement le score qu’obtenaient les candidats aux élections politiques en « Union des républiques soviétiques et socialistes » (URSS).
Le pays était dirigé par un parti unique, le Parti communiste de l’Union des Républiques Soviétiques et Socialistes (le PCUSS). Ce dernier était considéré comme un parti d’avant –garde de la classe ouvrière, lequel était censé appliquer la dictature du prolétariat. Son mode de fonctionnement était le « centralisme démocratique », les décisions subissant un filtrage de la base au sommet, la derniere, celle qui s’imposait à tous, étant prise par le Polit ‘Bureau, le bureau politique.
Influencés idéologiquement par des anciens militants de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire Francophone (FEANF) qui ne rêvaient que du modèle soviétique, les ex-partis uniques africains, dont celui du Gabon s’en sont inspiré en copiant uniquement son mode de fonctionnement. Ainsi fonctionnaient-ils avec des comités centraux et des bureaux politiques, tout en rejetant l’idéologie qui sous-tendait ce dispositif.
A la fin de sa vie, pour s’assurer d’une dévolution monarchique au bénéfice de son fils Ali, Omar Bongo Ondimba ajouta audit dispositif un Comité permanent du Bureau politique. C’est cette dernière instance de 18 membres, à laquelle appartenaient les Jean François Ntoutoume Emane, Guy Nzouba Ndama, Faustin Boukoubi, Paulette Missambo, Séraphin Moudounga, Richard Auguste Onouviet, Denise Mekamne, Léonard Andjembé, Paul Toungui, le défunt Simplice Guedet Manzela et bien d’autres encore- en fait tous les soutiens actuels de Brice Clotaire Oligui Nguema- ; c’est cette instance disions-nous, qui imposa Ali Bongo Ondimba, comme candidat du PDG à l’élection présidentielle anticipée de 2009. Certains l’avaient même porté en triomphe, à l’instar de Jean François Ntoutoume Emane, tel un trophée de guerre, à l’issue de sa désignation dans des conditions on ne peut plus opaques.
Pour quelques-uns d’entre eux, il n’eut pas de retour d’’ascenseur, et voilà pourquoi sont-ils allés grossir les rangs de l’opposition, se recycler, en attendant de revenir en force. Le CTRI et Brice Clotaire Oligui Nguema leur en a donné l’occasion et l’opportunité.
Se féliciter et se réjouir d’un score à la « soviétique » à une élection présidentielle au Gabon, trente- cinq (35) ans, jour pour jour, après la restauration de la démocratie multipartite dans le pays est ainsi synonyme de fêter le retour à une époque que l’on croyait révolue. L’époque pendant laquelle les Gabonais étaient obligés de voter un candidat unique, le « guide éclairé », le « grand timonier », l’ « Akoma Mba ». Cela s’appelle un grand bond de trente-cinq (35) en arrière.
Les signes d’un tel retour étaient déjà palpables : mépris des partis politiques, culte de la personnalité, monopole des médias publics, chants à la gloire du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema indiquant que le « vote est redevenu inutile au Gabon, car cela fait reculer, Brice Clotaire Oligui Nguema qui passe »- signé le troubadour Ndong Mboula .Le même son avait déjà été chanté à la gloire d’Omar Bongo.
Trente –cinq (35) ans donc, après la restauration de la démocratie multipartite au Gabon, on est revenu à l’époque d’un « seul chef, une seule nation, un seul peuple, un seul parti ». En fait de parti, il s’agit pour le moment d’une nébuleuse dénommée le « Rassemblement des Bâtisseurs » qui attire bon nombre de Gabonais telles des abeilles autour du miel. Et ce miel, ce sont les postes de nomination et quelques espèces sonnantes et trébuchantes.