Ils étaient treize (13) en lice, 8 candidats vont désormais briguer la magistrature suprême au Gabon. Ils ont passés au travers les mailles mises en place par les militaires pour verrouiller la route au Palais de marbre de Libreville, tout en taillant un costume à leur champion, Brice Clotaire Oligui Nguema. Les carottes sont donc cuites pour tous les autres. Ainsi en a décidé la Cour Constitutionnelle, fidèle dans sa posture de « Tour de Pise », même si elle a connu une petite cure de jouvence, avec un vernis militaire.
A quelque chose malheur est bon, dit-on très souvent. Cela fait plus de trois décennies que le « changement » est devenu un slogan politique au Gabon. Déjà dès le début des années 90, on le scandait dans tous le meeting du Front uni des Associations et partis politiques de l’Opposition (FUAPPO), puis de la Coordination de l’Opposition démocratique (COD) et d’autres coalitions politiques encore. On ne parlait plus que des partisans de ce « changement », avant que certains d’entre eux ne retournent leurs vestes pour entre dans des gouvernements d’Union nationale, de consensus, de très large consensus, de la démocratie et consorts, et il n’est jamais survenu ce « changement », jusqu’à ce que les hommes en treillis ne s’emparent des leviers de l’Etat.
Et il vient d’être révélé que certains qui nourrissaient les Gabonais de l’espoir d’un tel changement n’étaient en réalité que des frustrés d’être écartés de la mangeoire, des aigris ; et qu’ils n’y croyaient guère. La preuve, dès que les militaires leur ont offert quelques strapontins, ils ont vite oublié qu’ils militaient pour l’instauration d’une véritable démocratie et d’un Etat de droit en terre gabonaise ; qu’ils luttaient pour que soient organisées des élections transparentes, inclusives et crédibles dans le pays ; qu’ils étaient contre l’autocratie et la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un seul individu. On vient de s’apercevoir que depuis 2009, ils ne luttaient contre un système, mais plutôt contre une personne Ali Bongo Ondimba. Une fois ce dernier déchu du pouvoir, le système peut alors continuer, développant des tares pires que celles d’avant : le népotisme, le clientélisme, le tribalisme, le clanisme, le régionalisme, la corruption généralisée, l’enrichissement illicite etc.
Parmi les candidats retenus à l’élection présidentielle, il y a qu’un seul qui dit haut et fort et à qui veut l’entendre qu’il va rompre avec ce système, Alain Claude Bilié By Nze, après avoir fait son mea-culpa de ce qu’il a été à l’intérieur dudit système. Le débat se situe maintenant au niveau d’une telle rupture, plus sur les personnes. Et c’est à ce niveau qu’il y a désormais lieu de se déterminer. Qui est ou pas pour ladite rupture ? Telle est la question fondamentale, le problème posé et à résoudre par tous ceux qui ont souhaité être candidat et qui ont été injustement recalés, pour certains d’entre eux, par la Cour constitutionnelle.
L’heure n’est donc plus aux louvoiements et aux tergiversations : la continuité ou la rupture, l’espérance ou l’idéologie du gâteau.