Il y a-t-il, au sein de la classe politique gabonaise actuelle, des femmes et des hommes qui auraient peur que n’éclate la vérité ? Vérité sur les assassinats politiques, les arrestations et les détentions arbitres, sur les crimes rituels et également sur les crimes économiques et financiers.
Cette question vaut son pesant d’or et personne ne la soulève. On tergiverse, on louvoie, on botte en touche, lorsqu’on ne trouve pas des boucs ’émissaires que l’on accuse et condamne sans procès, en lieu et place des véritables responsables.
En remontant un peu plus loin dans l’histoire politique du Gabon postcolonial, ne serait-il pas temps, puisqu’il est question d’un « Gabon nouveau », bâti sur de nouvelles fondations, ne serait-il pas temps, disions-nous, que toute la lumière soit faite sur les conditions et les circonstances dans lesquelles ont été assassinés Germain Mba, Ndouna Dépénaud, les Colonels Ndoutoume et Djoué Dabany, le Capitaine Mandza, Joseph Rédjembé Issiani, l’institutrice Martine Oulabou ?
Qui a organisé, ordonné et qui a exécuté ? Les Gabonais ont droit à ces vérités, afin certaines familles fassent leur deuil, que les condamnations soient prononcées, et s’il y a lieu de pardonner et de se réconcilier. Que toutes les vérités éclatent, au moins, au grand jour et que nul n’en ignore.
En 1981, pour avoir eu comme seule revendication, le retour à la démocratie multipartite en organisant une marche pacifique à l’ancienne Gare routière de Libreville, après avoir créé clandestinement le MORENA ( le Mouvement de Redressement National), des Gabonais furent chargés par les forces de défense et de sécurité, certains arrêtés et jetés en prison tels de vulgaires voyous. Qui a organisé et qui a exécuté ? L’opinion a droit à des réponses
Plus récemment, en 1993, les résultats d’une élection présidentielle ont été violemment contestés par les Gabonais. Il s’en était suivi une répression aveugle et sanglante. Il y a eu de nombreux blessés, des arrestations et mort d’homme. Qui a organisé et ordonné une telle répression, au point où la classe politique du pays de l’époque s’était vue obligée de se retrouvée au bord de la Seine à Paris, pour sceller une « paix des braves » lancée par Me Pierre Louis Agondjo Okawé, et ce fut les « Accords de Paris ».
En 2005, d’autres évènements regrettables et dramatiques eurent lieu dans le pays, suite à la proclamation des résultats d’une autre élection présidentielle. Les partisans du défunt Pierre Mamboundou s’étaient soulevés et sont descendus dans les rues des PK et des Akebé. Là également, cela s’était accompagné d’une répression aveugle se soldant par de nombreuses arrestations ; Là aussi, n’est-il pas impérieux de savoir d’où venaient les ordres et qui les a exécutés ?
En 2009, il eut une élection présidentielle anticipée au Gabon, suite au décès du Président Omar Bongo Ondimba à Barcelone en Espagne. Les principaux candidats furent Ali Bongo Ondimba son fils et le défunt André Mba Obame. A l’annonce des résultats, de violents mouvements de contestations eurent lieu dans tout le pays, plus particulièrement à Libreville et Port-Gentil. A cette à cette occasion, il eut des morts, des blessés et des arrestations. Qui en était responsable ?
De la bouche d’un Conseiller de Jacques Chirac, à l’époque Président français, l’on apprit, avec stupéfaction, que les résultats de cette élection présidentielle avaient été « inversés ». Par qui, et qui les a annoncés à la télévision et à travers les radios ?
La lumière doit être faite à ce sujet. Quelque temps après, de retour d’un séjour à l’étranger, André Mba Obame appela à un meeting au quartier « Cocotiers » du 2ème arrondissement de Libreville. La foule qui commença à s’y rendre fut violemment chargée et pourchassée par les forces de défense et de sécurité, une jeune fille trouva la mort do côté d’Atsibe-Ntsoss. Qui en était à la manœuvre ? La question demeure sans réponse et les responsables sont tapis dans l’ombre des autorités de la Transition, s’ils n’en sont pas, eux-mêmes, au premier plan, en train de donner des leçons de démocratie et des droits de l’homme.
Arrive 2016. Ce fut le paroxysme de la contestation des résultats d’une élection présidentielle et de la répression aveugle et sanglante. Libreville fut à feu et dans torrents de sang coulèrent dans les rues. Le Quartier Général du candidat Jean Ping fut pris d’assaut. Des morts ont été recensés, ainsi que sur le Boulevard Triomphal de Libreville.
Quel en est le nombre exact ? Jusqu’à ce jour ; nul ne le sait. Il a été question de charniers dissimulés quelque part à la Cité de la Démocratie. La Cour pénale internationale avait été saisie et s’est rendue en terre gabonaise. Cela a fait grand bruit. Personne n’en parle plus aujourd’hui. Quel est le chiffre exact du nombre de personnes tuées ? Que sont devenus les charniers ?
Qui avait ordonné cette prise d’assaut du quartier Général du candidat Jean Ping ? Quels sont ceux qui avaient la main sur la gâchette pour exécuter des basses besognes ? Où en est le dossier au niveau de la Cour pénale internationale ? Tout le monde reste motus et couche cousue, y compris et surtout ceux qui en faisaient leur choux gras hier, les ex-opposants au régime d’Ali Bongo Ondimba, lesquels ont aujourd’hui l’occasion d’exhumer ce dossier, surtout que l’un des leurs est ministre de la justice, Garde des Sceaux dans l’actuelle équipe gouvernementale de Transition.
Bien avant qu’ait lieu l’élection présidentielle de 2023, s’était posé la problématique de la candidature d’Ali Bongo Ondimba, suite à son accident vasculaire cérébral. A tort ou à raison d’aucuns le jugeaient inapte physiquement et cognitivement à pouvoir une fois de plus présider aux destinées du pays. L’affaire a fait grand bruit et déchainé les passions, certains estimant qu’une vacance définitive du pouvoir devait être déclarée. Que prévoyaient les dispositions constitutionnelles de l’époque ? Qui devait déclarer cette vacance définitive du pouvoir ? Ces dispositions constitutionnelles étaient bel et bien connues et personne, de ceux qui devaient s’y faire, n’a osé boucher le moindre pouce. Et elles sont là ces personnes occupant de hautes fonctions dans les différents organes de la Transition, sans que nul ne trouve à redire.
Les militaires eux-mêmes lui rendaient tous les honneurs dignes de son rang de Président de la République, chef de l’Etat. Ils avaient même adapté leur marche à son rythme. Le tapis rouge lui était déroulé. Curieux pour quelqu’un qui avait été remplacé par un sosie, disait-on !
Et lorsque ce dernier s’est résolu à se porter candidat, une commission d’experts en médecine, essentiellement constituée de professeurs agrégés, l’a examiné et l’a déclaré apte. Avant que l’on en arrive à cet épisode, il est resté à la tête du pays, procédant à des remaniements des équipes gouvernementales et en nommant à de hautes fonctions de l’Etat, tels les Hauts commissaires, les Jean Eyeghe Ndong, Nzengué Nzoundou, Charles Mba, Rose Allogho Mengara, Dodo Bouguendza, Michel Essongué et consorts.
Tout ce beau monde qui lui a fait allégeance en prêtant serment en sa présence ne s’était-il pas rendu compte qu’il avait face à lui quelqu’un d’inapte à pouvoir diriger le pays ? Quel jugement porte-t-on sur les professeurs agrégés en médecine qui l’avaient examiné.
Dans la nuit du 30 août 2023, l’une des raisons pour laquelle les militaires justifient leur coup d’Etat est que : « les résultats de l’élection présidentielle du 26 août 2023 avaient été tronqués ». Par qui et quels sont les vrais résultats ? Que sont devenus ceux-là qui avaient un tel acte répréhensible et pour lequel ils doivent être condamnés ? Cela ne semble préoccuper personne.
Au lieu de jeter l’anathème sur le seul Alain Claude Billie By Nze, comme cela se fait aujourd’hui, n y a –t-il pas lieu de donner des réponses à toutes ces questions. Et il n’y a qu’une Commission Justice- Vérité – Réconciliation pour s’y faire.
Bien malheureusement et manifestement, beaucoup d’acteurs politiques du pays la craignent, de peur d’être mis à nu.