Tous les partis qui foisonnaient au sein du paysage politique gabonais ont fondu pour devenir un seul : le CTRI. Cela a un nom, la « fusion –absorption ».
Et avec l’entrée dans l’arène politique des maîtres de ce CTRI, c’est dire les militaires, les casernes de l’armée vont donc, et désormais, devenir des sièges de ces ex-partis politiques absorbés. Aux militants militaires vont se mélanger les civils, lesquels subiront la loi des hommes en treillis. Parce que là- bas, dans ces casernes, on n’obéit qu’aux ordres, sans chercher à savoir pourquoi et comment. Ce qui veut dire que tout débat y est proscrit.
Ainsi donc, il n’y aura plus d’Union Nationale –dans tous ses avatars- plus d’Alliance pour la Démocratie et la République (ADERE), plus de Rassemblement Pour la Modernité (RPM),plus de Rassemblement Pour le Gabon,(RPG), plus d’Union du Peuple Gabonais (UPG). D’autres groupuscules abusivement appelés partis politiques, n’en parlons plus. Il ne subsistera plus que leurs coquilles dans lesquelles il n’y avait d’ailleurs pas de substance.
La dynamique avait été amorcée peu de temps après le coup d’Etat militaire du 30 août 2023, lorsque le Général- président, qui venait d’être investi comme le chef de la Transition, fit savoir aux leaders de ces partis politiques, sous leurs acclamations, qu’il n’y a plus ni majorité, ni opposition au Gabon, mais rien que le CTRI.
En applaudissant à se rompre les phalanges, certainement que ces leaders de partis politiques ne se rendaient pas compte de la gravité d’une telle déclaration, dans un pays qui voudrait s’arrimer à l’attelage des démocraties modernes.
Puis, le Dialogue national inclusif-exclusif d’Angondjé d’avril 2024, organisé par après, a annoncé les couleurs : de nouvelles dispositions légales relatives à l’existence et à la création des partis politiques doivent voir le jour, avec une loi à effet rétroactif.
Sentant leur mort prochaine, ces partis politiques, du moins la plupart d’entre eux, ont de ce fait commencé à fondre dans le CTRI. Tous se bousculent aujourd’hui devant son portail, dont nul ne sait d’ailleurs où se trouve-t-il, puisqu’il s’agit d’une véritable nébuleuse dont on ne connait que la tête. Il n’y a que ces mendiants politiques, qui prenaient jadis d’assaut le siège du Parti démocratique gabonais pour faire partie de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence (sic) dont un certain Ali Bongo Ondimba était le chef, qui savent où aller.
Il y a vraiment au Gabon, plus que dans tout autre pays, des spécialistes du retournement de la veste
Du coup, dans un avenir proche, il n’y aura plus de multipartisme au Gabon. Le paysage politique national ne sera plus constitué rien que du CRTI et ses associations satellites du genre Ossimane, Tsoumou, LRG et consorts.
Lorsque dans un pays, il n’existe plus qu’un parti politique, dont l’ossature organisationnelle est faite d’hommes en treillis, autour duquel gravitent des associations ethniques ou claniques, comment peut-on caractériser un tel régime politique ? On ne peut le qualifier que de régime militaro-civil.
Et ça, les participants au Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé d’avril 2024 ne l’avaient pas recommandé, puisqu’il est souvent rappelé que toutes les réformes actuelles, constitution et code électoral, sont d’inspiration populaire et découlent dudit Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé auquel ont pris part toutes les composantes de la société gabonaise.
Doit-on dans ce cas en convenir, et même déduire que de ces assises d’Angondjé, le CRTI et ses affidés procèdent à un tri systématique en en y puisant ce qui leur convient et qui pourrait maintenir leur chef à la tête de l’Etat après la transition, et rangent le reste dans des tiroirs ou le jettent dans la poubelle.