Le hors- sujet permanent

Dans les joutes oratoires politiques de l’heure, réseaux sociaux aidant, n’importe quel quidam s’improvise analyste politique et donne du ton. L’analyse politique est ainsi devenue une activité très prisée et n’importe qui s’y adonne, même des personnes les plus farfelues, la plupart  se mettant très souvent hors-sujet.

 Il en est ainsi d’un certain Raoul Ovono Abessole, un parfait inconnu de la scène politique gabonaise, qui confond remettre le pouvoir aux civils et remettre le pouvoir à Pierre Claver Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe, Albert Ondo Ossa et Alain Claude Bilié By Nze. Quelle stupidité. Des individus de sa trame ne feraient –il pas mieux de se taire au lieu de livrer leurs clowneries à l’opinion.

Non, Monsieur Raoul Ovono, que le très peu de Gabonais qui le connaissent lui disent gentiment qu’il i ne s’agit pas de remettre le pouvoir aux quatre personnalités suscitées mais, pour les militaires, d’organiser des élections libres, transparentes et inclusives, sans leur participation, pour qu’un civil, comme lui, puisse accéder à la magistrature suprême et présider aux destinées du Gabon, s’il en est capable. Apparemment il n’en est pas lui Raoul Ovono, son raisonnement même le trahissant, et son domaine d’activités étant la course de chevaux, après avoir été un turbulent étudiant à l’université Omar Bongo, commis pour aller acheter des manuels universitaires ayant disparu pendant leur transport dans les profondeurs de l’Océan Atlantique. Toutes  raisons pour lesquelles il était devenu un affidé du défunt Président Omar Bongo, avant de découvrir que les Gabonais ne retiendront « absolument rien de son passage » à la tête de l’Etat, probablement le domicile qu’il lui aurait offert à AKanda, révèlent certaines sources. Cela s’appelle le devoir d’ingratitude. Aujourd’hui, il jette son dévolu sur les militaires dont la vocation n’est pas de se hisser à la tête d’un Etat, mais de défendre l’intégrité territoriale et de sécuriser les personnes et leurs biens .Appât du gain oblige

Il y a donc, par les temps qui courent, des Gabonais qui prennent la parole ou qui écrivent pour ne rien dire, juste pour apparaitre sur les écrans- radars du CTRI et son président. Bertrand Ebiag Angoué est, lui aussi, à inscrire dans ce registre. Voici  ce qu’il écrit, par exemple, dans les colonnes du quotidien national, « l’Union », en réponse à la déclaration de Pierre Claver Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe, Albert Ondo Ossa et Alain Claude Bilié  By Nze : « que l’on ne s’y méprenne pas, le Président de la Transition est un militaire qui sait négocier et manier la carotte et le bâton ; Il travaille et n’a cure de ces tribulations, il a pris de l’avance  et un grand atout, il a le peuple derrière lui, n’en déplaisent à ceux qui imaginent des instituts de sondage mystiques le donnant en perte de vitesse, ce qui est du reste de bonne guerre ».

 Si vous y comprenez quelque chose, cela voudrait dire que vous étiez, vous –aussi, à la même école de sciences politiques que le concerné. Une école dont le hors-sujet serait la matière principale. Rappelons que Bertrand Ebiag Angoué répond ici à des personnes qui exigent que les militaires remettent le pouvoir aux civils après avoir organisé des élections libres , transparentes et inclusives, tel qu’ils se sont eux-mêmes engagés le 04 septembre 2023 ; qu’ils remettent à plat le fichier électoral au regard de nombreuses incongruités que l’on y trouve ; qu’un nouveau cadre électoral défini pour garantir la transparence électorale ; qu’un calendrier électoral clair et précis soit annoncé officiellement. Le journaliste diplômé de sciences politiques qu’est Bertrand Ebiag Angoué prétend même les personnes qu’il incrimine auraient déclaré : « Nous ou le chaos » en les citant, puisque cela est mis entre guillemets. On avait naïvement cru que par respect des règles qui régissent sa profession, notamment celles de l’éthique et de la déontologie, un journaliste de son rang écrit les faits vécus ou rapportés après les avoir recoupés. La déclaration lue par Ali Akbar Onanga Y’Obeghe existe et il est facile de la retrouver sur différents supports, il n’est nullement écrit quelque part : « Nous ou le Chaos ». A force de vouloir trop flagorner, on passe facilement, et sans s’en rendre compte, du journalisme au « griotisme ».

Venons-en à ces autres Gabonais qui s’en prennent aux mêmes Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe Albert Ondo Ossa, Alain Claude Bilié By Nze et qui, eux – aussi, sont manifestement hors-sujet. Qu’ont-ils dit, ces personnalités marquantes de la vie politique nationale, quel que soit ce que les uns et les autres pensent à tort ou à raison de leurs parcours respectifs. Force est de le répéter, ils exigent que les militaires respectent leur engagement du 04 septembre de remettre le pouvoir aux civils à l’issue de la Transition, après avoir organisé des élections libres , transparentes et inclusives, sans être juge et partie, que le fichier soit remis à plat ; qu’une nouvelle loi électoral garantissant des scrutins transparents soit élaborée et adoptée par consensus ; qu’un calendrier électoral clair net et précis soit rendu public, sans que cela relève de l’ésotérisme. Le Professeur Boudzanga n’a pas dit autre chose.

 Tout ceci n’a rien à voir avec les faits que l’on prête à ceux qui émettent ces exigences, lesquels les présentent comme des principaux « fossoyeurs de la république », des « prédateurs des deniers publics », des « auteurs de crimes rituels et de la décadence de l’Etat », des « bourreaux du peuple gabonais ». N’est-on pas là aussi hors-sujet ?

Et si tant est qu’il est impérieux de fouiller dans les tiroirs et les poubelles de l’histoire du Gabon de ces cinq dernières décennies, pourquoi ne pas convoquer, en urgence, une Commission Vérité- justice- Réconciliation, tel que le préconisent certains, à l’instar d’Alain Claude Bilié By Nze ? Qui craint une telle commission et pourquoi ?

Ainsi saura-t-on pourquoi, comment et qui a tué Germain Mba, Ndouna Dépénaud, les colonels Djoué Dabany et Ndoutoume, le capitaine Mandza ? La lumière sera également faite sur les évènements de 1993 ayant entrainé la mort de plusieurs Gabonais ; ceux de 2005 et 2009 ayant endeuillé plusieurs autres familles gabonaises ; puis ceux de 2016 pendant lesquels des dizaines de Gabonais ont été massacrés.

 Sur le plan économique et social, un éclairage sera fait sur les faillites de nombreuses entreprises et société publiques et parapubliques ayant déversé des milliers et de milliers de Gabonais dans la rue.

Il faut que l’on sorte du hors-sujet volontaire actuel, en mettant toutes les cartes sur la table. Prendre des raccourcis en pointant du doigt certains bouc ’émissaires, certains n’ayant même pas été là quand tout a commencé, n’augure rien de bon pour l’avenir du pays. Cela est synonyme de noyer le poisson dans l’eau.

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