L’une des salles de cérémonies d’un grand hôtel de la place a refusé du monde le mercredi 08 janvier 2023, tellement beaucoup de personnes étaient curieuses de savoir ce qu’allaient livrer à l’opinion les quatre personnalités suscitées. Tous ceux qui étaient là sont alors restés suspendus à leurs lèvres.
Dans un exposé magistral, le premier orateur, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe a dit tout le mal que les quatre pensent des dérives autocratiques actuelles, celles dont est émaillé le processus de Transition en cours dans le pays, après avoir signifié à l’assistance que l’initiative prise par les quatre est « ouverte à tous eux qui partagent les mêmes vues et la même ambition de construire un Gabon sur des bases saines et solides ».
D’entrée de jeu, il n’a pas manqué de préciser que leur rassemblement est « ponctuel mais, déterminé », qu’il « ne constitue pas une nouvelle formation politique, ni une alliance, partisane. Il représente la convergence spontanée de citoyens qui, malgré leurs différences d’opinions sur de nombreux sujets, partagent une même inquiétude quant à la direction prise par la Transition politique en cours »
Il a par après rappelé le parcours de cette Transition, laquelle est jalonnée de violations flagrantes des normes régissant ce type de période politique, insistant et martelant sur le fait qu’au Gabon ladite période est particulièrement exclusive, en ce sens que depuis le dernier Dialogue national dit inclusif d’Angondjé, les principaux acteurs du paysage politique national en ont été exclus. La sélection opérée par les autorités de la Transition a ainsi, et dès le départ, volontairement écarté tout débat contradictoire.
Non seulement les principaux acteurs et animateurs de la vie politique nationale ont complétement été ignorés mais aussi et par la suite, les épisodes qui ont suivi relatifs à l’élaboration et à l’adoption d’un projet de constitution les ont encore mis à la touche. Le code électoral en voie d’élaboration obéit à la même logique. Un code électoral qui devrait être élaboré, puis adopté sous le sceau du consensus, quand on sait les dégâts qu’a causé l’organisation des élections sur la base de lois porteuses de germes de crises postélectorales.
Spécialiste et exégète du droit, cela a été un régal d’entendre Ali Akbar Onanga Y’Obeghe décortiquer les différents articles qui rendent la loi fondamentale adoptée le 16 novembre dernier indigeste et insipide.
Revenons à l’actualité brûlante, le code électoral. Au regard de ce qui se profile à l’horizon, ressemblant à une probable candidature à l’élection présidentielle investie par le CTRI, et donc par les militaires, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe s’est fait le devoir de rappeler certaines dispositions légales, tant au double plan national international, qui empêchent les militaires et les auteurs de coups d’Etat de se porter candidat à une élection politique.
Sur le plan national, il a ainsi rappelé l’article 43 alinéa 9 de la Constitution promulguée récemment qui stipule que tout candidat que tout candidat à la Présidence de la République doit jouir de ses droits civils et politiques, tout en précisant que le statut particulier des militaires, notamment en ses articles 73, 74, 75 limite explicitement l’exercice des droits politiques des militaires et rend incompatible les fonctions politiques comme celle du Président de la république, avec le statut de militaire.
Ces dispositions interdisent clairement toute activité à caractère politique aux militaires, sauf à renoncer au statut de militaire, un tel renoncement étant définitif.
Il a, en outre, et cette fois-ci sur le plan international, rappelé les dispositions de la charte africaine de la démocratie , des élections et de la gouvernance qui, en son article 25 alinéa 4, interdit explicitement interdit aux auteurs de tout prise de pouvoirs par des voies non constitutionnelles- et c’est cela un coup d’Etat- de participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique. Brice Clotaire Oligui Nguema et ses frères d’armes en étaient conscients. Raison pour laquelle, dans son discours d’investiture du 04 septembre 2023, le Président de la transition avait juré, la main sur le cœur, qu’après avoir restauré les institutions et une fois la transition terminée, ils rendront le pouvoir aux civils par la tenue d’élections libres , transparentes et démocratiques, auxquelles pouvait-on imaginer, ils ne prendront pas part.
Les conclusions tirées de toutes ces analyses ont été largement diffusées après la conférence de presse commune.
Premièrement : le retour impératif des militaires dans les casernes à l’issue de la Transition.
Deuxièmement : le retour à la constitution de 1991
Troisièmement : une refonte immédiate et intégrale du cadre électoral.
Quatrièmement : appel à la mobilisation générale du peuple gabonais
Cinquièmement : communication immédiate et transparente du chronogramme détaillé de la Transition.
Qu’adviendrait-il si ces exigences tombent dans des oreilles des sourds ? Là gît le lièvre