Enfin un intellectuel gabonais sort du bois : le Pr Boudzanga !

Il y avait donc un intellectuel dans ce pays ? Dès qu’a été déclenché le processus de la transition instaurée par les militaires, tous ceux qui peuvent se prévaloir de ce qualificatif, même si ce ne sont que de simples diplômés de matières universitaires diverses, se sont aplatis en faisant allégeance au CTRI.

 Jusqu’à ce jour personne n’a émis un son discordant par rapport aux dérives autoritaires et aux desseins inavoués du CTRI. Pourtant, et que l’on sache, le rôle d’un intellectuel est, entre autre, de servir de lanterne et d’éclaireur à l’ensemble de la société dans laquelle il vit. C’est qu’on fait ou font les Dreyfus, Jean Paul Sarte, Simone de Beauvoir, Raymond Aaron[CM1]  ,Bernard Henry Lévy et bien d’autres en France par exemple.

 Au Gabon, on se contente de strapontins dans des cabinets ministériels ou des institutions, ou alors d’être tout simplement carriériste. On est critique sous cape, sans oser s’exprimer à haute et intelligible voix, de peur d’on ne sait quoi. Or ce qui caractérise l’intellectuel, comme l’a si bien signifié, et à juste titre, le Pr Boudzanga, c’est justement le courage de dire ce qui ne va pas. Bien malheureusement, lorsque certains  diplômés décident de s’investir dans le champ politique, ils ne deviennent  rien que des laudateurs et des thuriféraires du régime en place.

Même si dès le départ, et comme bien  d’autres  nombreux Gabonais, le Professeur Boudzanga a poussé un ouf de soulagement le 30 août 2023, du fait de voir les militaires débarrasser le Gabon de la dynastie des Bongo, 16 mois après, il dit avoir pris du recul pour constater que le CTRI a servi du « mauvais vin » au peuple gabonais et il demande, de peur d’être « intoxiqué », de « ne pas le boire ». Il exhorte alors les Gabonais à « vomir le CTRI et tous ceux qui ont pris position pour ce dernier » afin d’éviter ces intoxications

A ceux qui plaident pour le maintien des militaires au pouvoir, au-delà de la transition, il rappelle que ce sont eux-mêmes, ces militaires, qui avaient déclaré le 04 septembre 2023 qu’ils remettraient ce pouvoir aux civils en organisant des élections libres , transparentes  et crédibles, sans la participation de l’un des leurs .Il les appelle alors au respect de la parole donnée. Surtout qu’il s’agit de militaires qui savent ce que  c’est l’honneur, la loyauté et la fidélité. Comparer, pour lui, le bilan des 16 mois d’exercice du pouvoir suprême par les hommes en treillis et les 14 années du régime d’Ali Bongo Ondimba, en glorifiant les prouesses réalisées par les premiers (les militaires), tout en mettant en exergue les échecs du dernier, est pour lui (le Pr Boudzanga) un non –sens.

 Il rappelle à cet effet que depuis 1968, «  les militaires ont toujours géré le pays », même si les civils leur servaient de paravent. Il en veut pour preuve, le fait qu’Albert Bernard Bongo, devenu Omar Bongo Ondimba, a été un agent des services secrets français, lesquels  l’ont installé au pouvoir après le décès de Léon  Mba Minko m’Edang. Autre preuve, Ali Bongo Ondimba, devenu chef de l’Etat, après une dévolution monarchique, a occupé le poste de ministre de la Défense nationale pendant dix(10) années. Après Albert Bernard Bongo, Ali Bongo Ondimba, voilà aujourd’hui le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema aux commandes du pays

A propos du « coup de la libération » il s’est posé la question de savoir qui a libéré qui et de qui s’est-on libéré ?, avant de renchérir avec cette autre question : «  un membre de la famille Bongo aurait-il libéré les Gabonais de la famille Bongo » ?

 A ces deux questions, il répond : « en réalité, Oligui Nguema s’est libéré de l’ex-première Dame, Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Ondimba ».Ce qui a remis en cause, selon lui, « l’alternance démocratique » dans le pays et éviter une « révolution populaire » au cas où Ali Bongo.

 Ondimba se serait une fois de plus imposé  à la tête de l’Etat par un autre coup de force électoral. Ce n’était là qu’une « stratégie de conservation du pouvoir par les mêmes ».

Après toutes ces analyses de haut vol, il demande alors avec insistance au CTRI de ne pas investir un candidat à la prochaine élection présidentielle. Ce serait, pour lui, une manière de valider par les urnes le coup d’Etat militaire du 30 août 2023.


 [CM1]Rnard

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