Lorsqu’il menace de pleuvoir fortement, et que les premières gouttes le surprennent sur le rivage, le crocodile préfère plonger dans la rivière, en dépit du fait que c’est dans cette dernière qu’il y a le plus d’eau.
Par, crainte dit-on, que la communauté financière internationale ne continue à freiner des quatre fers pour voler au secours du Gabon, englué qu’il est dans une dette abyssale, et au regard de l’instabilité politique qui règne dans le pays, avec une issue incertaine de la Transition, les autorités de ladite Transition tentent d’appuyer sur l’accélérateur pour aller plus vite et en finir.
D’où la précipitation actuelle se caractérisant par l’adoption d’une constitution à la va-vite. Il risque d’en être de même du code électoral. La révision de la liste électorale, en lieu et place d’une remise à plat du fichier électoral, alors qu’un nouveau cadre électoral est en train d’être examiné par le Parlement de Transition, s’inscrit dans cette même logique d’appuyer sur l’accélérateur aux fins de rassurer la communauté internationale, notamment ses bailleurs de fonds.
Cette précipitation à vitesse grand V amène inévitablement à voiler les accords et traités internationaux, et du coup à se mettre en faux vis-à-vis de cette même communauté internationale. Et les sanctions risquent d’être plus sévères que les hésitations actuelles à venir au chevet du Gabon qui, si on n’y prend garde, risque de connaitre une crise financière sans précédente. Tenez, de sources bien informées et crédibles, le 27 décembre 2024 dernier, le trésor public gabonais a émis des bons pour lever des fonds dans la sous-région, à hauteur de vingt (20) milliards de francs CFA, il n’en aurait récolté que le quart, la preuve que la signature du pays n’est plus crédible.
Qu’en serait-il lorsqu’on aurait organisé, dans la précipitation, une élection présidentielle sans respecter les interdictions de la communauté internationale ? Ce d’autant plus que ce non-respect rendrait ses auteurs passibles de poursuites conformément, par exemple, à l’alinéa 5 de l’article 25 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, lequel article interdit aux auteurs de changement politique anticonstitutionnel de participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique.
Cet alinéa 5 du même article 25 prévoit ce qui suit : « les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement peuvent être traduits devant la juridiction compétente de l’Union ». Et l’alinéa 7 ajoute et renforce, avec plus de sévérité : « la Conférence peut décider d’appliquer d’autres formes de sanctions à l’encontre des auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement, y compris des sanctions économiques »
Il ne s’agit pas là de simples recommandations, mais d’un cadre juridique contraignant visant à prévenir la légitimation des coups d’Etat par les urnes.
Le comportement actuel des Autorités de la Transition est alors semblable à celui du crocodile qui, pour échapper à une forte pluie qui s’annonce, et dès les premières gouttes le surprenant sur le rivage, préfère plonger dans la rivière.
On ne peut vouloir se soustraire des pressions de la communauté internationale, laquelle hésite de voler financièrement au secours du Gabon, au regard des incertitudes liées à la fin de la transition, et précipiter la tenue de l’élection présidentielle, dans des conditions qui attireront encore plus les foudres de la même communauté internationale.