Depuis qu’a été instaurée une transition politique au Gabon, suite au coup d’Etat militaire du 30 août 2023 la diversion politique, la seule arme dont disposent ceux qui n’ont pas d’arguments à faire valoir et qui jouent au renard face au corbeau, a pris le pas sur des débats de fond.
Pendant qu’il était question de voter une nouvelle constitution pour le pays certains, notamment les thuriféraires du pouvoir militaire, parlaient eux des performances du CTRI depuis qu’il s’est emparé des leviers et en dressaient un bilan on ne peut plus élogieux.
Aujourd’hui face aux critiques portant sur les dérives autocratiques relatives à la manière dont est gérée la transition en cours, d’aucuns préfèrent rappeler à ceux-là qui font ces critiques leur passé lorsqu’ils étaient aux affaires, feignant d’oublier que beaucoup de Gabonais qui se disent, par les temps qui courent, des inconditionnels du CTRI ont été, pendant plusieurs années, des faiseurs de pluie et de beau temps dans le pays. On peut citer Jean François Ntoutoume Emane, Zacharie Myboto, Didjob Divungi Di Ding, Jean Ping, les Chambrier père fils, Paulette Missambo, Guy Nzouba Ndama, Jean Pierre Lemboumba Lepandou, Jean François Ndoungou, Séraphin Moudounga, Charles Mba Ekome, la liste n’est certainement pas exhaustive.
Déjà, à l’époque du règne d’Ali Bongo Ondimba, les débats politiques tournaient autour de sa personne, lesquels étaient entretenus par ces anciens barons du régime de son père en rupture de ban, frustrés et aigris du fait que le successeur de fils sur le trône du palais de marbre de Libreville leur avait ôté le biberon de la bouche.
Ces pseudos-opposants ne parlaient jamais donc de sujets sur lesquels on pouvait estimer qu’ils étaient différents de celui qu’ils voulaient à tout prix détrôner. Ce n’était que des rodomontades, des effets de manches, des coups de menton et de l’esbroufe facile, pour que leur soient délivrés des brevets d’opposant radical.
C’est ainsi que ces derniers étaient-ils devenus des ultrarévolutionnaires de l’envergure de Che Guevara, de Fidèle Castro, et même de Mao Ze Dong ou de Lénine.
Leur révolution ayant abouti le 30 août 2023 dernier, les voilà devenus des libérateurs du Gabon, ces héros dont le peuple avait tant besoin, lesquels sont adulés aujourd’hui comme le fut Jésus Christ venu libérer, selon la Bible judéo-chrétienne, les juifs des griffes de l’occupant romain.
Du coup, nul n’a plus le droit de faire des observations et encore moins de critiquer le processus révolutionnaire en cours, déclenché dans la nuit du 30 août 2023, pendant que ces héros, devenus, dormaient tranquillement dans des lits douillets de leurs somptueuses villas des Charbonnages, de la Sablière, de Jean Violas d’Owendo, d’AKanda, de Tahiti, de Kalikack, et de bien d’autres quartiers cossus et huppés du « Grand Libreville ». Pendant que ce processus « révolutionnaire » suit son cours, le Gabon est miraculeusement devenu le pays où coulent le lait et le miel.
Nul n’a donc le droit de critiquer un tel processus qui, progressivement, sort le pays des ténèbres à la lumière, grâce au CTRI présidé par Brice Clotaire Oligui Nguema dit « Josué ». Surtout pas Pierre Claver Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe, Albert Ondo Ossa et encore moins un certain Alain Claude Bilié By Nze.
Ces « quatre mousquetaires », ces « reliques » de l’ordre ancien, ces « pestiférés » à l’origine de tous les maux dont souffre le Gabon depuis son accession à l’indépendance et qui ont failli le jeter dans le précipice, même si certains d’entre eux n’étaient pas encore nés et que d’autres n’avaient atteint l’âge de dix (10) ans, ces indésirables disions-nous, doivent être réduits au silence, eux qui ne sont que des affreux contre-révolutionnaires.
Seuls ont droit au chapitre, ceux –là qui ont été aux côtés d’Omar Bongo Ondimba, puis d’Ali Bongo Ondimba, et qui ont vite fait de se repentir dès les premières heures du coup d’Etat militaire, tout en faisant allégeance au CTRI. Une repentance qui les lave de tout péché et qui en fait de nouveaux hommes et femmes, tous désormais devenus blancs comme neige.
Même certains qui ont accompagné Ali Bongo Ondimba jusqu’à la dernière heure et qui ont mouillé le maillot pendant la dernière campagne électorale pour que ce dernier soit « réélu », pour la troisième fois, à la Présidence de la République, ont bénéficié de la grâce du CTRI et sont, eux-aussi, devenus blancs comme neige.
Personne ne s’est d’ailleurs rendu compte compte que, dès la mise en place des organes de la Transition, le CTRI et le PDG se confondaient. Si ce n’était le cas, qu’est-ce qui justifierait la présence des Carmélia Ntoutoume Leclerc, Kalima, Immongault, Jean François Ndoungou aux premières loges de ces organes de la Transition, gouvernement et Parlement ?
Pour en en arriver là, il leur a fallu que les pseudo-opposants d’hier laissent les mains libres aux militaires, en acceptant que soit instaurée, dans le pays, une constitution qui fait du chef de l’exécutif un Président-roi et qui discrimine les Gabonais, en les classant dans des tiroirs selon les origines de leurs grands et arrières -grands parents, de leurs lieux de résidence, de leurs états physiques, de leurs statuts matrimoniaux, de leurs âges, des fonctions que leurs parents ont occupé.
Il leur a également fallu ne rien dire sur la manière dont est conduite la transition, même s’il est constaté des dérives autoritaires.
Pour avoir récemment mis le doigt sur ces tares et travers, les thuriféraires du CTRI, ces mendiants de postes et d’espèces sonnantes et trébuchantes , sont tombés à bras raccourcis sur Pierre Claver Maganga Moussavou, Ali Akbar Onanga Y’Obeghe, Albert Ondo Ossa et Alain Claude Bilié By Nze, en exhumant leur passé, tout en oubliant volontairement que ce CTRI qu’ils adulent aujourd’hui était la branche militaire du pouvoir déchu, laquelle a protégé les régimes des Bongo pendant plus d’un demi- siècle.
Lorsque le doigt lui indique la lune, l’idiot préfère fixer son regard sur ce doigt.