L’idée d’une élection présidentielle précipitée se fait de plus en plus jour

C’est vrai, pour avoir droit au vote, tous les jeunes Gabonais ayant atteint 18 ans doivent se faire enrôler. Raison pour laquelle une révision de la liste électorale s’impose chaque année. Cependant depuis le 30 août 2023, le Gabon vit une période exceptionnelle, suite à un coup d’Etat militaire, appelons un chat, un chat. Et à période exceptionnelle, mesures exceptionnelles.

 Dès leur toute première prise de parole cette nuit du 30 août 2024, les auteurs dudit coup d’Etat militaire avaient annoncé une « restauration des institutions- il est pour le moins surprenant et étonnant qu’ils annoncent aujourd’hui de grands projets comme la construction d’un port en eaux profondes à Mayumba, d’une ligne de chemin de fer reliant Belinga à Mayumba et un barrage hydroélectrique à Boué, sans avoir acquis un mandat du peuple-

Là est tout un autre débat, même si cela est préoccupant et outrepasse le cadre qu’ils se sont eux-mêmes donné les militaires, sans contrainte aucune. Revenons à la restauration des institutions. Il faut ici noter que cela fait déjà 216 mois qu’aucune de ces institutions n’été restaurée. L’on rétorquera qu’il fallait d’abord procéder à une révision de la constitution. C’est fait. S’ouvre alors le calendrier électoral, ce qui passe, toujours dans cette logique de la restauration des institutions, par une remise à plat du fichier électoral ; Ceci pour une raison très simple, les différents scrutins organisés depuis un certain nombre d’années font ressortir un fort taux d’Abstention. Avec un fichier électoral de près 800.000 inscrits ; i n’y a très souvent que près de 300.000 suffrages exprimés. Quid des 500.000 autres Gabonais pourtant inscrits suer la liste électorale ? Certains sont inscrits plusieurs fois, d’autres sont décidés et non radiés de la liste, cependant qu’il y en a d’autres qui, effectivement boudent les urnes pour des raisons diverses. Une remise à plat du fichier électoral s’impose donc. Malheureusement ce n’est guère l’option prise par les militaires qui, à y regarder de près, veulent accélérer la marche de l’histoire politique du pays, sans trop savoir pourquoi. D’aucuns soutiennent qu’ils craignent que le désamour qui s’installe progressivement entre eux et l’opinion ne s’enfle, raison ils tiennent à prendre  tout le monde à contre-pieds.

Et voilà qui justifierait le fait d’ordonner de procéder à une révision de la liste électorale en même temps qu’est élaboré un nouveau code électoral. Ali Akbar Onanga Yobeyeghe, l’un des rares intellectuels gabonais qui s’exprime ces derniers temps sur les incongruités du pouvoir militaire, estime, à juste titre, qu’il y a là quelque chose d’illégal. Jusqu’à ce jour, il n’a guère été contredit. Peut-être estime –t-on que le « chien aboie et la caravane passe ». Cependant, il n’en demeure pas  moins que ce qu’il a dit est fondamentalement juste, et même élémentaire, comme dirait le Professeur Tournesol.

Et lorsque l’on observe que l’étape du débat citoyen annoncé, celui-là qui aurait dû avoir après l’élaboration de l’avant- projet du Code électoral par le Comité institutionnel a été brûlée, et que ledit projet se retrouve en ce moment dans les mains des parlementaires dont les avis motivés ne servent presqu’à rien, beaucoup sont alors de plus en plus convaincus que l’élection présidentielle risque d’avoir lieu à la hâte et dans la précipitation.

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