Code électoral : les parlementaires ont à remplir un verre à moitié et à moitié plein

Dans le communiqué final rendu public à l’issue du conseil des ministres de dimanche dernier- une curiosité- à propos du nouveau code électoral, on peut lire : « il introduit des améliorations et des innovations dans le dispositif existant, tout en intégrant les conclusions du Dialogue inclusif tenu en avril 2024 ».

C’est vrai, en matière d’innovations, on est servi. Quant aux améliorations, il est difficile de l’admettre. Prenons deux innovations pour lesquelles nul ne comprend rien, peut-être que les parlementaires de la Transition édifieront mieux l’opinion. Qu’est- ce que c’est que cette « Commission Nationale d’organisation et de Coordination des Elections ou du référendum ». Cette Commission, précise-t-on «  aura pour mission de coordonner les opérations électorales, superviser les commissions locales et consulaires et centraliser les résultats pour leur annonce officiel »

  Bien avant l’annonce de sa mise en place, il est dit que « le projet confère au ministère de l’Intérieur la compétence exclusive pour organiser toutes les étapes du processus électoral, depuis l’établissement de la liste électoral jusqu’à l’annonce des résultats » ?

Allez-y comprendre quelque chose ! N’y a –t-il pas là quelque chose que le commun des mortels des Gabonais ne peut comprendre. Combien y a –t-il d’organisateurs des élections il y a –t-il dans cette affaire ?

 Mieux, en dehors de ces deux organisateurs ayant presque les mêmes compétences, il est annoncé une autre innovation que d’aucuns qualifient de « majeur » : l’Autorité de contrôle et de supervision des Elections et du Référendum, une institution indépendante et non permanente ». Et cette fois-ci, il est précisé que « composée de personnalités impartiales (sic) et compétentes, l’A.CS.E sera chargée de contrôler et superviser les opérations électorales et référendaires en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur ; elle pourra également émettre des recommandations pour corriger ou prévenir d’éventuelles irrégularités, jouant ainsi le rôle de prévention et de persuasion »

En définitive, il y a donc dans ce nouveau dispositif, deux organisateurs des élections et des  référendums, le Ministère de l’Intérieur et la Commission Nationale d’Organisation des Elections ou de Référendum ; puis deux superviseurs, cette fameuse «  Commission Nationale d’organisation des élections ou de Référendum » et l’ « Autorité de Contrôle et de supervision des Elections et du Référendum ».

 Deux organisateurs, deux superviseurs, avouons que les innovations sont évidentes, mais non les améliorations !

Une alchimie qui masque assez mal des desseins inavoués. Sous le masque de l’innovation, les militaires qui tiennent les leviers de l’Etat entendent y rester en servant du ministère de l’Intérieur à la tête duquel ils ont placé leur homme, aux fins d’ agir comme l’ont fait, dans le temps, Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou pour valider, après tripatouillage des chiffres, la forfaiture d’Omar Bongo Ondimba en 1993 ; Jean François Ndoungou en 2009, en inversant le chiffres , pour imposer Ali Bongo Ondimba, afin que ce dernier succède à son père ; Pacôme Moubelet en 2016, pour que le même Ali Bongo Ondimba arrache la victoire électorale à Jean Ping.

Bien malheureusement, tous ces épisodes ont été  ensanglantés. Le Sang des Gabonais a coulé, et plusieurs familles en sont restées meurtries. Et il y a de fortes chances que les mêmes causes reproduisent les mêmes effets. Parce qu’en  matière de transparence électorale, on ne voit pas par quel miracle un Ministre de l’Intérieur nommé par le CTRI, des gouverneurs préfets et sous-préfets qui auront la charge de l’organisation des élections, eux aussi, pour la plupart nommés par le CTRI, on ne voit pas, disions- nous, de quelle manière ces derniers annonceront des résultats défavorables au candidat investi par ledit CTRI surtout que, et apparemment, il semble qu’il n’ y aurait pas de représentants des autres candidats dans les différents bureaux de vote

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