Le sacre d’une virtuelle 5eme République au Gabon

A la place dite de la « libération », le faste était celui des plus grands jours du Gabon et le décor somptueux. Tout le gotha du CTRI était au rendez-vous, leurs thuriféraires aussi.il s’agissait de promulguer la Constitution d’une virtuelle cinquième (5ème) République, suite à son adoption vivement contestée et querellée le 16 novembre 2024.

 Démocratie, libertés fondamentales, unité de la nation, Etat de droit, tels sont les mots que l’on a entendus, sortant de la bouche même du Président de la transition en cours au Gabon, lequel les a martelés, avec emphase et lyrisme. C’était comme s’il n’avait pas été dénoncé, pendant la campagne référendaire, le caractère autocratique et discriminatoire de la dite constitution.

 Comment peut-on parler de démocratie, de libertés fondamentales et d’Etat de droit, lorsqu’une loi fondamentale autorise un seul individu à concentrer tous les pouvoirs d’Etat dans ses mains, tout en privant une catégorie de citoyens d’une partie de leurs droits civiques, dont celui d’être électeur et éligible ?

Qu’à cela ne tienne, le vin est tiré, il faut le boire, dit-on. La constitution est là, il faut la respecter. Etonnant cependant qu’elle soit celle qui instaure une cinquième république au Gabon. C’est comme si la vie publique du pays s’était accélérée à une vitesse supersonique en près d’un demi-siècle. Rappelons que la première république française, par exemple, a été proclamée en septembre 1792 et la cinquième en 1958. Entre ces dates, cent soixante- six (166) ans, soit plus d’un siècle et demi.

Quant au Gabon qui vient de passer, lui aussi, à une cinquième (5ème) république, la première (1ère) a été proclamée en 1958, au moment où la France  était en tout début de sa 5ème. Et en 2024, on en est à la 5ème, soit 66 ans entre les deux dates.

 Admirez l’accélération de l’histoire d’un pays qui peine encore à se constituer en  nation ! De quoi se demander ce qui caractérise le passage d’une république à une autre .Le Gabon regorge dit-on de « Politis », c’est-à-dire de spécialistes en matière de sciences politiques, certains sont devenus des affidés du CTRI, après avoir été de virulents opposants au régime d’Ali Bongo Ondimba, ne leur revient-il pas de répondre à cette question.

Les profanes, eux, savent que la première république gabonaise a été proclamée en 1958, peu de temps, avant que le pays n’ait accédé à l’indépendance le 17 août 1960. Le 12 mars 1968, Albert Bernard Bongo qui venait de succéder à Léon Mba Minko m’Edang, change de constitution, impose le parti unique, lequel devient un Parti-Etat. Cela a duré vingt-deux (22) ans, avant que les pressions intérieures et extérieures ne le forcent à réinstaurer le pluralisme politique en 1990. Est alors née la constitution actuelle, adoptée et promulguée en 1991.

En plus clair, de 1958 à 1968, le Gabon a connu une « première république » de pluralisme politiq[CM1] ue avec l’existence de plusieurs partis. De 1968 à 1991 Albert Bernard Bongo, devenu El Hadj Omar Bongo, puis Omar Bongo Ondimba, a imposé une « 2ème  république » caractérisée  principalement par le parti unique. Cela fait deux (2) républiques. La  3ème vient de voir le jour suite au coup d’Etat militaire du 30 août 2023. Même si on considère que le tripatouillage de la constitution de la 1ère République par la FrançAfrique, le temps de permettre à Albert Bernard Bongo de succéder à Léon Mba Minko m’Edang, vaut une république, cela en fera cinq (4) et non cinq (5).

Où est- ce que l’on est donc allé chercher cette cinquième (5ème) république ? Dans l’imaginaire fertile et féconde des thuriféraires, docteurs en doctorat, du CTRI, lesquels réécrivent par les temps qui courent l’histoire du Gabon, en imaginant également une «journée de la libération », laquelle s’est substituée au 17 août 1960 dans la nouvelle Constitution écrite par eux.


 [CM1]

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