Gabon : budget surréaliste sur fond de prévisions économiques et financières pessimistes

En raison de sa dette colossale, le Gabon vient d’être montré du doigt à Yaoundé lors du dernier sommet extraordinaire des Etats membres de le Communauté Economique, monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). Une dette qui avoisine aujourd’hui près de 80. 0/0 du produit intérieur brut.

 Dans la capitale camerounaise, le Président Paul Biya, l’hôte du sommet, s’est inquiété de l’amenuisement des avoirs extérieurs des pays membres de la zone CEMAC que sont le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, le Cogo- Brazzaville et le Tchad.

 Sans le dire explicitement, le chef de l’Etat camerounais craint une déstabilisation des régimes politiques qui y sont installés, certains depuis fort longtemps, si cette situation subsiste. Les subventions des produits de première nécessité risquant de faire défaut, ainsi que les aides, les populations le vivront très mal et pourront se soulever.

 Paul Biya en est très conscient et a tiré la sonnette d’alerte.  Cette alerte avait déjà été lancée en 2017, lorsqu’un risque d’une dévaluation du Franc CFA s’était fait jour. A cette époque, s’était  posée, pour la première fois, la question des avoirs extérieurs des pays membres de la CEMAC.

 Soucieux d’un tel risque, ces membres s’étaient engagés à respecter les critères de convergence, à plafonner leurs dettes, à stabiliser leurs masses salariales, à emprunter moins auprès des banques commerciales, afin d’éviter une crise du système bancaire.

Rien de tout ceci n’a été respecté.

La situation économique et financière du Gabon est aujourd’hui d’autant plus inquiétante que les recettes pétrolières, principale source d’alimentation du budget de l’Etat, sont en chute libre. La diversification de l’économie n’est restée qu’au simple stade des intentions. Le pays importe tout, ou presque. Une dépendance vis-à-vis de l’extérieur qui se traduit par une importation massive des produits alimentaires. Le Gabonais consomme généralement ce qu’il ne produit pas. De son industrialisation, n’en parlons plus. Rares sont les produits finis « made in Gabon ».

Le budget de l’Etat adopté récemment par le Parlement de transition, pour l’exercice 2025, n’est qu’une fiction. Il a été estimé à plus de 4200 milliards de francs CFA. Un chiffre surréaliste, quand on sait que les ressources réelles de l’Etat gabonais avoisinent au plus haut mot  près de 1700 milliards de Frs CFA, avec une masse salariale étant passée de 35 0/0 du Produit intérieur  à 55 0/0, soit huit cent milliards de francs CFA. Ce qui dépasse le seuil fixé par les Etats membres de la CEMAC. Les agences de notation ont revu, à deux reprises, la note du Gabon, ce qui lui ferme les portes des marchés financiers mondiaux. Surtout que sa dette extérieure, avions-nous dit, a déjà atteint le pic de 80. 0/0 du PIB.

C’est dans ce contexte de morosité économique et financière que les autorités de la Transition ouvrent des chantiers çà et là sur l’ensemble du territoire national, sans trop savoir avec quoi va-t-on les financer. Des élections générales sont annoncées d’ici la fin de l’année 2025. Là aussi, il va falloir mobiliser d’importants sommes d’argent, comme cela a été fait avec le dernier référendum de vote d’une nouvelle Constitution pour lequel vingt- sept (27) milliards de francs CFA ont été dépensés.

 On comprend dès lors, dans la perspective de ces nouvelles élections, on est allé frapper aux portes des organismes internationaux tels l’IONU, l’UE ; pour leur surveillance. Toute chose qui éliénera la souveraineté de l’Etat gabonais.

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