Nouveau code électoral : les dés sont d’avance pipés.

La commission institutionnelle chargée d’élaborer le nouveau code électoral gabonais a reçu comme consigne de la part du CTRI : ne pas transgresser le cadre fixé par le Dialogue national inclusif –exclusif d’Angondjé. Et l’on l’aurait noté, cette commission, est jumelle de l’autre, dit constitutionnelle (sic) qui avait écrit le projet de la constitution adopté par voie référendaire le 16 novembre 2023.

La suite est bien connue, ce projet a suscité de vives polémiques au point où 70. 0/0  d’électeurs ont boudé le scrutin, délégitimant ainsi ce texte censé être un lieu commun à tous les Gabonais.

Apparemment, le CTRI  n’en a tiré aucune leçon. Il a presque pris les mêmes pour proposer la même recette, avec les mêmes ingrédients. Sur 32 membres de ladite commission, 30 sont des affidés du CTRI. Parmi ces derniers, nombreux  sont à la manœuvre et à l’œuvre depuis le Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé : Quelques civils bien connus ayant fait leurs premières classes au sein du Parti Démocratique gabonais, avant d’aller se recycler momentanément dans l’opposition ; des agitateurs de la société civile, le tout bien encadré par des militaires de haut rang.

Lorsqu’il a été recommandé à ladite commission de ne pas s’éloigner du cadre fixé par le fameux Dialogue national inclusif-exclusif d’Angondjé, c’était sans doute pour lui rappeler que quelles que soient les réformes qu’elle va préconiser, la décision de réaffecter l’administration et la gestion des élections politiques au Ministère de l’Intérieur ne doit guère être remise en cause. Il s’agit pour le CTRI d’un verrou qui ne doit plus sauter.

Il n’est pas difficile dans ce cas d’imaginer la suite. Mettant le  Ministre de l’Intérieur dans la position d’être et partie, il y a lieu de considérer que les dés sont pipés d’avance pour toutes les élections politiques sous l’ère du CTRI. On vient de le vivre avec le vote référendaire du 26 novembre 2024 dernier. Et il risque d’en être de même pour les élections futures, présidentielles, législatives et locales. Elles ne seront que de simples formalités.

Et pour cause en 1993, un certain Ministre de l’Intérieur, le défunt Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou, pour ne pas le nommer et paix à son âme, avait déclaré à qui voulait l’entendre, qu’il ne pouvait venir annoncer à la télévision des résultats donnant Omar Bongo Ondimba battu à l’issue d’une élection présidentielle.

 Passant de la parole à l’acte et sachant son mentor menacé avec les premiers chiffres qui lui parvenaient, il anticipa l’annonce des résultats en lui collant plus de 50 .0/0 des suffrages exprimés en sa faveur, alors que le dépouillement des urnes se poursuivait encore dans les grands centres de vote de Libreville. Après cette annonce intempestive, il rentra à sa résidence dans un char de l’armée. Et il eut insurrection. Les Gabonais se soulevèrent, avant d’être matés dans le sang.

En 2009, selon Monsieur Michel De Bonnecorse, à l’époque le «  Mr Afrique » du Président Jacques Chirac, les chiffres des résultats de l’élection présidentielle  anticipée furent inversés par le Ministre de l’Intérieur qu’était un certain Jean François Ndoungou, l’actuel Président de l’Assemblée nationale de Transition, un parfait exemple de démocrate. Là encore, le pays n’a pas échappé à une insurrection populaire.

En 2016, c’est toujours un Ministre de l’Intérieur, cette fois-ci Pacôme Moubelet qui avait déjà déclaré qu’il ne pouvait annoncer un opposant vainqueur à une élection présidentielle, rendit publics des résultats du scrutin du 2è août  de cette année, lesquels mirent le pays à feu et à  sang.. Il avait, lui aussi,  été acheminé de la Cité de la Démocratie au siège de Gabon 1ere dans un char de l’armée.

Voilà donc ce à quoi il va falloir s’attendre de nouveau, si jamais le Ministère de l’Intérieur est confirmé dans le rôle d’organisateur et de gestionnaire des élections politiques au Gabon. Et le pays ne serait guère sorti de l’auberge.

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