Il ne décolère pas, Paul Marie Gondjout, le très « opposant » ministre de la Justice du gouvernement de Transition. Dans un communiqué rendu public par son porte –parole, il n’est pas allé avec le dos de la cuiller pour dire aux Gabonais, activistes, résidant hors des frontières du pays tout le mal qu’il pense d’eux, bien sûr sous dictée, le tout assorti de menaces de poursuites judiciaires. Il les accuse de ternir l’image du Gabon à l’extérieur et bien d’autres crimes de lèse-CTRI.
Il fut un temps où les mêmes activistes étaient adulés, chouchoutés et pris pour des combattants de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme. Presque des héros nationaux. Ce fut sous le règne d’Ali Bongo Ondimba, dont Paul Marie Gondjout se voulait un farouche opposant (sic).
Jean Ping, par exemple, en avait fait une armée d’avant- garde pour la conquête du pouvoir que lui avait arraché le chef de l’Etat déchu. Avec à ses côtés l’actuel ministre de la Justice, Garde des sceaux, il avait proclamé la « résistance » au bord de sa piscine des Charbonnages et entendait aller « jusqu’au bout ».
La diaspora, à laquelle fait partie les activistes, était considérée comme le fer de lance de ce combat. Depuis Paris, Washington, Bruxelles et partout ailleurs, elle a remué ciel et terre, secoué le cocotier pour faire tomber le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. La place du Trocadéro de Paris était devenue un foyer d’insurrection. Les plateaux des chaines de télévision de l’Hexagone étaient constamment occupés par ces activistes.
Le jour du coup d’Etat militaire du 30 août 2023, les rues de Paris et bien d’autres villes de France et de Navarre furent pris d’assaut. On jubilait, on exultait. Ce fut la liesse générale. Pour leurs actions contre le régime d’Ali Bongo Ondimba, certains de ces activistes ont été récompensés et sont devenus des ministres, des Conseillers personnels du Président de la transition et tutti quanta.
Puis, progressivement, la fièvre festive a baissé. Le désamour s’est installé entre le CTRI et les Gabonais de la diaspora. Cela s’est traduit par un vote massif à la faveur du « Non » à la nouvelle Constitution adoptée récemment, dans tous les bureaux de vote de France.
Un cinglant désaveu qui n’a certainement pas plu aux autoritaires militaires de Libreville. D’où l’ouverture des hostilités contre ces activistes par le Ministre de la Justice, Garde des sceaux du gouvernement de la Transition , l’ex très redoutable et déterminé opposant Paul marie Gondjout, lequel s’est désormais assis sur les valeurs qu’il prétendait défendre jadis, dont les libertés d’opinion et d’expression. L’amnésie est frappante et flagrante !
Et pourtant, pourrait-on dire, ce dernier a des dossiers brûlants qui gisent dans les tiroirs de son bureau. Il y a par exemple celui des dramatiques évènements survenus au Gabon en août 2023. L’opposition à laquelle il disait appartenir à l’époque avait saisi la Cour Pénale Internationale pour que lumière faite, les auteurs de ces évènements poursuivis et condamnés. Une enquête fut ouverte. Jusqu’à ce jour, nul ne sait où est-ce l’on en est.
On pouvait admettre que le pouvoir d’Ali ne tienne pas à ce que s’ouvre ce dossier. Maintenant que c’est un ex-opposant qui est devenu Ministre de la Justice, qu’est-ce qui justifierait encore l’espèce de motus et bouche cousue observé depuis que Paul Marie Gondjout occupe ce poste ?
C’est vrai qu’il assez difficile de parler la bouche pleine.
Récemment, une trentaine d’officiers et sous-officiers des Forces de Police Nationale ont été épinglés, puis suspendus de leurs fonctions pour des motifs de trafic de stupéfiants. Où en est-on, lorsqu’on sait que le vol d’une boîte de sardines par un Gabonais lambda le conduit dans les geôles des différentes maisons d’arrêt du Pays. Depuis que cette affaire a éclaté, chuinnnnng du côté de la Chancellerie ?
Des scandales financiers à Gab-OIL et la Cnamgs, n’en parlons plus. Le Ministre de la justice, Garde des Sceaux, reste bouche bée.
Normal, il a trouvé son ventre mou, les activistes !