Oligui Nguema souffle le chaud et le froid

Tout s’est enchaîné tel que le voulaient le CTRI et son chef. L’annonce du référendum a été subite,  la campagne courte et la proclamation des résultats  prompte, quelques heures dès la fin du scrutin. Et le « Oui » a triomphé.

 Puis la Cour constitutionnelle a validé. Il ne restait plus que le discours à la nation, triomphaliste, du Président de la transition. Et la boucle est bouclée, en dépit des chants de sirène qui fusent çà et là, parlant de chiffres tronqués –décidemment, on en finirait point au Gabon- de fort taux d’abstention décrédibilisant le scrutin et de nombreuses irrégularités, carences et autres incohérences.

La messe est donc dite. On peut désormais passer à autre chose. Surtout que dans son adresse à la Nation, le Président de la transition a remercié les Gabonais  pour avoir « massivement voté pour le « OUI ». Il a également, et particulièrement, remercié « le personnel du Ministère de l’Intérieur qui a livré les résultats avec promptitude », soulignant qu’en trois décennies, c’est la première fois qu’un scrutin référendaire aurait été aussi bien organisé dans le Pays, le tout assorti d’un « plébiscite du « OUI »

  « Les Gabonais peuvent être fiers d’avoir adopté un modèle de  constitution inspiré par eux-mêmes, conforme à leurs aspirations démocratiques » a-t-il déclaré, balayant d’un revers de main les critiques portant sur le très faible taux de participation et autres griefs.

 Cela s’appelle mettre de la poussière sous le tapis. Toute chose voulant dire qu’un véritable nettoyage du texte constitutionnel actuel s’imposera dans le futur, pour que la « Maison Gabon » soit enfin propre. On a encore en souvenir un autre Général, Robert Guei de Côte d’Ivoire, lequel avait prétendu avoir pris le pouvoir pour nettoyer la « Maison Côte d’Ivoire, avant de s’en aller. Il s’en était effectivement allé quelques mois plus tard, mais après avoir sali plus qu’avant cette « Maison Côte d’Ivoire » qu’il avait promis de nettoyer et cela a très mal tourné pour lui.

En attendant, et après avoir soufflé le chaud, le Président de la Transition a tenté de vouloir calmer le jeu, en soufflant cette fois-ci le froid. C’est ainsi qu’il a  convié les acteurs politiques du « Non » au Palais de marbre du bord de mer de Libreville. « Simple opération de communication politique » ont répondu certains d’entre eux, en refusant de s’y rendre.

 Telle a été la posture de la Plate-forme « Ensemble Pour le Gabon » qui, a-t-elle souligné dans un communiqué rendu public : « aurait apprécié que les rencontres entre le Président de la transition et les acteurs politiques du « Non » aient lieu avant le scrutin, pour un dialogue franc et constructif », avant de renchérir : « le faire, alors que le texte constitutionnel contesté est adopté et validé par la Haute cour, relève d’une simple opération de communication politique sans impact aucun sur le texte querellé et donc sans intérêt ».

Après avoir soufflé ce léger froid, voilà que depuis Paris, le CRTI vient d’annoncer la constitution de la Commission chargée d’élaborer le nouveau code électoral. Chose curieuse, inédite et incompréhensible, puisqu’il s’agit de politique intérieure gabonaise. Même si cela a été fait à l’Ambassade du Gabon à Paris, quelle image envoie à l’extérieur du pays, notamment aux yeux de la communauté internationale, des officiers supérieurs l’armée gabonaise en  train de lire un communiqué de politique intérieure ?

Quoi qu’il en soit, et à y regarder de plus  près, cette commission est presque la jumelle du comité constitutionnel national qui avait proposé le texte constitutionnel qui vient d’être adopté. Et comme elle, le verrouillage par les militaires saute aux yeux, même si l’on y ajouté quelques agitateurs, partisans du « Non ».

Ce qui veut dire que les problèmes de fond risquent de ne pas trouver des solutions. Ces problèmes de fond qui concernent : le fichier électoral ; le redécoupage des circonscriptions électorales, l’administration et la gestion des processus électoraux par un organe indépendant.

Va-t-on une fois de plus mettre de la poussière sous le tapis ? il y a de fortes chances.

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