La France désormais persona non grata en Afrique dite francophone

Comme dans un jeu de dominos, la France perd chaque jour qui passe ce qui était pris pour ses chasses gardées sur le Continent noir. Mali, Burkina-Faso, Niger et maintenant le Tchad, les accords de coopération militaire ont été unilatéralement résiliés. Et il n’y aura plus un seul soldat sur le sol de ces pays du Sahel. Y compris au Sénégal. Les jeunes dirigeants desdits pays ayant décidé de la fin de cette Afrique vassale de l’Hexagone et vache laitière de ses multinationales.

 Ils ont décidé de donner un autre visage à  cette Afrique qui prenait ses décisions selon les volontés exprimées l’Elysée et le Quai d’Orsay, y compris au niveau de l’organisation des Nations –Unies. Cette afrique-  là, les Assimi Goita, Ibrahim Traoré  et les autres n’en veulent plus. Ils ne veulent plus de cette infantilisation d’une bonne partie d’un continent qui a été historiquement le premier à bâtir l’une des plus grandes et des plus puissantes que l’humanité ait connue.

De cette vassalisation, les peuples en ont enduré, ce depuis l’époque du mercantilisme esclavagiste jusqu’au néocolonialisme, en passant par la dévastatrice entreprise coloniale, celle des comptoirs, des maisons de traite et des sociétés concessionnaires.

Les indépendances accordées à ses ex-colonies par la France n’a pas été un cadeau, mais le fruit de luttes multiformes menées çà et là au sein de son empire colonial ; même si le Général De gaulle avait reconnu avoir « desserré les liens qu’ils ne rompent. Ce qui s’était traduit dans les faits par des accords de coopération rédigés unilatéralement par la seule partie française, les Africains n’ayant fait qu’approuver ; sans se préoccuper du contenu.

Dans le cas du Gabon et de bien d’autres pays, ex-colonies françaises d’Afrique, ce contenu réservait à l’ancienne puissance colonisatrice l’exclusivité de l’exploitation et de la transformation des matières premières, notamment stratégiques tels l’uranium et le pétrole.

 Les mêmes accords autorisaient, et c’est toujours le cas, la France à disposer de bases militaires partout en Afrique, au Gabon, en Centrafrique, au Congo- Brazzaville, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Tchad etc. Précisons que ces bases militaires avaient la mission de protéger ces jeunes Etats contre une menace extérieure. Et tout le monde l’aurait compris ; on était en période de « guerre froide » et la menace extérieure ne pouvait essentiellement provenir rien du bloc de l’Est européen dont la tête de pont n’était autre que l’ex-Union des Républiques soviétiques et Socialistes (URSS).

Curieusement, la France s’est servie de ces bases militaires pour faire et défaire ces régimes politiques dans ses ex-colonies. C’est ainsi qu’elle en avait profité pour intervenir militairement au Gabon en 1964, en réinstallant Léon Mba Minko m’Edang au pouvoir suite à un coup d’Etat militaire perpétré par la très jeune armée gabonaise, laquelle ne s’accommodait pas de ses méthodes de gouvernance politique autoritaires, voire autocratiques. Puis, le pays était devenu à la longue la plaque tournante de la nébuleuse FrançAfrique, aussi bien dans ses interventions dans la sous-région d’Afrique centrale qu’au-delà. Le très tristement Jacques Foccart y séjournait constamment. L’affreux et aussi tristement célèbre Bob Denard y avait également ses quartiers.

Il y a là un problème de souveraineté nationale posé par les nouveaux dirigeants des pays du Sahel. Le Gabon ne pourrait pas faire l’économie d’un tel débat. La souveraineté nationale appartient au peuple dit-on très souvent. L’intégrité territoriale est un des attributs de cette souveraineté. Elle doit s’exprimer, cette souveraineté, vis-à-vis de tout pays étranger et se traduire par une diversification des relations aux plans diplomatique, économique, culturel et militaire. Elle impose une politique extérieure d’indépendance nationale effective.

De ces faits, et parlant du Gabon, force est de reconnaitre que les accords conclus avec l’ancienne puissance colonisatrice au moment de l’accession du pays à la souveraineté internationale sont inégaux. Ils aliènent la souveraineté nationale. D’où l’impératif de les revisiter et de les réactualiser. Une telle réactualisation n’étant pas synonyme de rupture.

 Sans entrer dans le piège dans lequel s’enferment les Etats du Sahel qui préfèrent la Russie à la France, une manière de sortir de la gueule du lion pour entrer dans celle du tigre, il y a lieu de réviser ces accords dans le but de renforcer la souveraineté nationale.

Et s’il faut, pour cela, mettre un terme à la présence d’une base militaire française sur le sol gabonais, pourquoi pas. A condition, bien évidemment, d’entrevoir une plus grande intégration politique, économique, culturelle et aussi militaire dans le cadre de la sous-région d’Afrique centrale et même au-delà.

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