Pourquoi a-t-on ramené le couvre-feu de 24 heures à 5 heures à du matin, au lieu de 2heures à 5heures du matin ? Des langues se délient, on suppute et on spécule. Surtout qu’aucune explication n’a été donnée. Il n’y a pas eu de « communiqué 00000 » lu à la télévision par le Colonel Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi. La décision a tout simplement été annoncée sur un plateau de télévision par un galonné du CTRI.
Comme on sait, tout couvre- feu correspond à une restriction de libertés. On avait naïvement cru que plus on s’acheminera vers la fin de la transition, moins existeraient des mesures exceptionnelles. Et que le climat politique national s’apaiserait progressivement, pour que s’installent la stabilité et la paix sociales.
C’est tout le contraire que l’on observe aujourd’hui. Le couvre-feu est justement une mesure exceptionnelle. L’actuel traduirait-il un malaise profond qui couve en ce moment dans le pays ?
En tout cas, Il donne l’impression que les institutions de la Transition, l’indépendance ou les intérêts supérieurs de la Nation et l’intégrité du territoire seraient menacés
Que se serait-il passé pour que l’on en arrive là ? Difficile de le savoir. Surtout qu’une nouvelle constitution vient d’être adoptée par une « écrasante majorité de Gabonais », laquelle, dans son Titre II relatif aux « Droits, libertés et Devoirs », notamment dans le chapitre I, à propos : »Des Droits et Libertés fondamentaux, l’article 17
énonce : « tout citoyen a le droit d’aller et venir librement à l’intérieur du territoire de la République gabonaise, d’en sortir et d’y revenir, le droit de fixer son domicile et sa résidence en un lieu quelconque du territoire national et le droit de bénéficier de la protection et de l’assistance de l’Etat s’il réside ou séjourne à l’étranger ».
Pourquoi restreindre cette liberté maintenant, celle « d’aller et venir librement à l’intérieur du territoire de la République », alors même que la nouvelle constitution n’est pas encore promulguée, et qu’il n’y aurait aucune surchauffe du corps social du pays, au point d’imaginer une élévation de la température, ainsi que de la tension ?
Cela inquiète et pousse l’opinion à se poser un certain nombre de questions. Et la sérénité n’y est plus. Surtout au regard d’autres mesures sécuritaires prises et actes posés en dehors du couvre-feu. Ces barricades que l’on observe çà et là, ces fouilles systématiques des véhicules, ces activistes que l’on dit traqués, certains interpellés et mis à l’isolement.
D’aucuns pensent donc que tout ceci n’augure rien de bien rassurant pour l’avenir. Que des nuages s’accumulent dans le ciel gabonais. Il y a à peine près d’un an, nul ne pouvait prédire un tel climat délétère dans le pays. N’a-t-on pas là des signes qui pourraient annoncer un orage. Les météorologues politiques sont interpellés
Apparemment croit-on savoir, le Gabon est calme. Le vote référendaire du 16 novembre 2024 dernier a eu lieu sans heurts et sans aucune forme de violence. Il n’y a même pas, pour le moment, d’annonce de saisine de la Cour Constitutionnelle. Tout le monde a accepté les résultats de ce vote et les uns et les autres s’apprêtent à passer à autre chose.
Il n’y a donc pas, en principe, péril en la demeure, pourrait-on penser.
Et pourtant, l’atmosphère actuelle montre qu’il peut s’agir d’un calme effectivement apparent. L’arbre qui c ache la forêt. Y aurait-il des bruits de bottes dans cette forêt ? Ceux-là qui ont l’oreille fine en ont le pressentiment et établissent, entre autre, un lien avec l’affaire Opiangah. Ce dernier a eu à tisser un faisceau de relations dans tous les milieux, aussi bien au sein des forces de défense et de sécurité, que dans les cercles de la magistrature. Sans oublier les lobbies affairistes et ésotériques.
En rupture de ban avec le CTRT, il peut logiquement constituer une menace pour les autorités de la Transition.
Ceci pourrait donc expliquer cela.