La victoire du PDG

On le croyait honni, vomi et jeté aux  orties, le voilà revenu en force, le Parti démocratique gabonais ! Vite oublié le temps où l’on promettait à ses dirigeants des procès qui risquaient de les envoyer à « sans Famille » et des condamnations à l’inéligibilité. On  n’en est plus là.

 Le CTRI a compris que sans l’expertise de ces spécialistes de la fraude électorale, il ne pouvait faire triompher la cause du « OUI » à l’issue du vote référendaire qui vient d’avoir lieu. Les « Politicards » viennent donc de faire la démonstration de ce dont ils sont capables. Il a fallu pour cela faire appel aux Jean François Ntoutoume Emane, Paul Biyoghe Mba, Jean François Ndoungou, Angélique Ngoma, Zacharie Myboto , Paulette Missambo, Séraphin Moundounga, Jean Ping, Didjob Divungi Di Ding, Guy Nzouba Ndama, Barro Chambrier, Julien Nkoghe Bekale, Charles Mba, Pacôme Moubelet,  bref à toute la vieille garde du PDG ancien et nouveau ; à tous ceux-là qui ont été à la bonne école d’Omar Bongo Ondimba, pour en arriver là. Il ne manquait plus qu’Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou – paix à son âme- Le bourrage des urnes, le transport des bœufs votants, la corruption des électeurs par la distribution des espèces sonnantes et trébuchantes, les procès- verbaux signés d’avance, les chantages et les intimidations, le tripatouillage des chiffres, ils s’y connaissent. Le CRTI ne pouvait donc s’en sortir sans eux.

Seulement voilà, l’expertise dont il est question a malheureusement coûté cher, et même très cher au Gabon.

 En 1993, elle généré une insurrection qui a fait plusieurs morts et des blessés dans le pays, après le premier coup de force électoral perpétré contre Paul Mba Abessole. Cela s’est terminé par les négociations et « Accords de Paris ».

 En 1998, les partisans de Pierre Mamboundou, qui réclamaient la victoire de ce dernier, avaient fait des zones des PK et des Akebé des zones interdites aux autorités en place en barricadant rues et ruelles. Retranché au siège de son parti à Awendjé, le leader fut encerclé par une escouade des forces de défense et de sécurité, avant d’y être exfiltré par Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame à l’époque respectivement ministres de la défense et de l’Intérieur. Et c’est l’ambassade de l’Afrique du Sud au Gabon qui lui avait offert un refuge pour quelques jours. En attendant tout, ou presque, avait été brûlé dans les PK et les Akébé.

En 2009, suite à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle anticipée, dans des conditions que l’on sait, par Jean François Ndoungou, celui-là même qui est devenu un « grand libérateur »  du Gabon, un chantre de la démocratie et des droits de l’homme , Libreville s’enflamma de nouveau . Les rues furent prises d’assaut, les édifices brûlés et les véhicules caillassés. Rien ne parvenait à contenir la furia des populations, lesquelles contestaient la victoire d’Ali Bongo Ondimba, convaincues qu’elles étaient qu’André Mba Obame était le véritable vainqueur. La réponse fut une aveugle et sanglante répression qui se solda, elle aussi, par des morts et des blessés

 Le même spectacle désolant fut vécu à Port-Gentil et dans d’autres localités du pays .De retour de l’extérieur, ce dernier prêta serment avant de refugier avec les siens dans les locaux du PNUD de Libreville, ce après avoir annoncé la constitution d’un gouvernement parallèle. Ce qui se solda par la dissolution de son parti politique, l’Union nationale, par le même Jean François Ndoungou, le héros de ces derniers temps.

2016, ce fut le paroxysme de l’insurrection. Battu à plate couture dans les urnes par Jean Ping, Ali Bongo Ondimba fut déclaré vainqueur par René Aboghe Ella et Pacôme Moubelet, ce dernier s’étant rendu au siège de la chaine de Télévision « Gabon 1ère » dans un char d’assaut, pour annoncer des résultats qu’il savait faux. Dans cette foulée, les rues de Libreville furent une fois de plus prises d’assaut .Une marée humaine déferla en direction de la chaine de Télévision suscitée, brûlant et cassant tout sur son passage. La répression ne se fit pas attendre. Il eut plusieurs morts et des blessés à Libreville. Le Quartier Général de Jean Ping fut bombardé. Les images ont fait le tour du monde.

C’est donc dire à quel point l’expertise du PDG en matière d’élections a fait du tort au Gabon. Les militaires l’avaient eux-mêmes reconnu dans la nuit du 30 août 2023 dernier, en parlant de résultats électoraux tronqués. Qui en étaient à la manœuvre ? La Young Team et ses complices du directoire du PDFG de l’époque.

 Et voilà que l’on a refait appel aux fraudeurs pour organiser le vote référendaire, ceux-là qui avaient imaginer un ticket gagnant candidat à la Présidence de la République- candidat à un siège de député, nul ne pouvait imaginer autre chose qu’une parodie d’élection

Laisser un commentaire