Ils étaient dans leurs plantations, à la pêche ou alors à la chasse, ou encore dans les bars et bistrots, les Gabonais. Rien ne les a attirés vers les bureaux de vote. Et l’abstention a atteint un chiffre record qui risque de ne jamais être égalé. En témoigne le manque de files d’attente devant les bureaux de vote. Les bâillements ont été la seule activité des membres de ces bureaux de vote, quand ils ne sollicitaient les journalistes qui couvraient le scrutin pour leur demander la conduite à tenir après le décompte des voix. Les organisateurs du scrutin se sont eux-mêmes fourvoyés en annonçant un taux de participation élevé de 71 0/0 à 20 heures, avant de le ramener curieusement à près de 52 0/0 le lendemain.
Il y a là un problème qui ne peut s’expliquer rien que par la manipulation des chiffres. Du point de vue des canaux et des outils de communication, il est pratiquement impossible d’avoir les chiffres relatifs aux taux de participation ou d’abstention de toute l’étendue du territoire gabonais à 20heures, le jour du scrutin. Cela s’appelle un miracle dont seul le CTRI-PDG détient le secret.
« Nous allons redonner la dignité à l’homme Gabonais », avaient déclaré les militaires dans la nuit du 30 août 2023. Cela ne devait –il pas passer par une loi fondamentale qui instaurerait un Etat de droit démocratique dans le pays et l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles ?
Est-ce le cas aujourd’hui avec une constitution qui octroie tous les pouvoirs à un seul homme, au point d’en faire un monarque qui ne dit pas son nom, et qui stigmatise et divise les Gabonais, en faisant de certains d’entre eux des citoyens de seconde zone ?
Est-ce le cas aujourd’hui avec un vote référendaire au cours duquel, l’achat des consciences, les intimidations, le bourrage des urnes, le non-respect des règles du jeu, le vote ethnique ou tribal auront été les pratiques observées ?
Pouvait-on imaginer il y a 14 mois que le Gabon allait encore vivre une parodie d’élection ?
Qui aurait cru que le Parti démocratique Gabonais allait de nouveau être à la manœuvre d’une mascarade d’élection, lui qui était il n’y a pas longtemps voué aux gémonies, vilipendé et jeté aux orties ?
Après le Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé, ce référendum du 16 novembre dernier aura donc été le deuxième rendez- vous manqué par les militaires. Un espoir déchu. Ils doivent en tirer des leçons.
C’est bien beau de jubiler et d’exulter pour la « victoire » du « OUI ». Cependant, qu’en sera-t-il de l’avenir du Gabon ? N’est-ce pas là que partie remise ?
Peut –on penser, un seul instant, que l’instauration d’une dictature militaire dans le pays, la privation de plusieurs citoyens gabonais de leurs droits civiques, dont ceux d’être électeur et éligible ; peut-on penser un seul instant, disions-nous, que tout ceci rendra tout le monde indifférent ?
Les mêmes causes produisant toujours le même effet, n’est-il pas permis d’affirmer que cette nouvelle constitution adoptée au forceps n’est rien d’autre qu’un cocktail qui pourrait exploser d’un moment à l’autre, avec des dégâts bien dommageables et irréparables plus qu’avant ?
Le moins que l’on puisse dire est que l’avenir du Gabon est plus que jamais en pointillés