Les arguties de campagne de François Ndong Obiang

Comment  quelqu’un qui n’a pas pu convaincre au sein de son propre parti, celui dont il est censé être le Président, peut- il convaincre le reste du Gabon à voter pour le « OUI » ?

 Cette question de Marcel Libama, s’adressant à François Ndong Obiang, est lourde de sens. Celui qui était jusqu’à présent le  Président  du Parti politique « REAGIR » a eu tout le mal du monde à convaincre les siens à opter pour le « OUI ». Au sein dudit parti, le plus grand nombre reste attaché aux valeurs de la démocratie, des droits de l’homme et à la dignité de la personne humaine.

 On y est toujours soucieux et convaincu de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs. On refuse encore, et par conséquent, qu’une seule personne concentre dans ses mains tous les pouvoirs au niveau de l’exécutif en étant, en même temps, celle qui détermine et conduit la politique de la nation, et donc Président de la République et chef du gouvernement ; qui préside le Conseil supérieur de la magistrature, tout en ayant la prérogative de dissoudre le parlement devant lequel il n’est nullement responsable. Voilà ce que n’accepte pas le reste des cadres, militants et sympathisants de ce qui fut son parti, avant qu’il n’aille goûter aux délices de la transition.

Les mêmes cadres, militants et sympathisants de «  REAGIR » n’acceptent pas d’être xénophobes, micro- nationalistes et discriminatoires, au point de mettre sur le dos d’une catégorie de citoyens Gabonais, tous les maux qui minent le pays. Il s’agit de ceux nés d’un parent d’origine étrangère ; de ceux ayant la double nationalité ; de ceux qui résident à l’étranger ; de ceux qui ont moins de 35ans ou plus de 70 ans ; de ceux ayant une épouse ou un époux d’origine étrangère ; de ceux qui sont en situation de handicap ; de ceux dont le conjoint ou le père ou la mère est le Président de la République sortant.

 Qu’ont-ils fait ces citoyens gabonais pour que le Gabon aille d’une crise politique aigue à une autre depuis 1990 à nos jours ? Sont-ils responsables de l’énorme déficit qu’accuse le pays depuis cette date ?  Quelle est leur responsabilité dans la situation actuelle du Gabon ?  Pourquoi veut-on les empêcher d’avoir des projets pour leur pays, lesquels pourraient les amener au sommet de l’Etat ? N’est-on pas en même temps électeur et éligible ?

Curieusement, François Ndong Obiang est aujourd’hui main dans la main, sablant du champagne, avec ceux-là qui ont creusé cet énorme déficit de démocratie, lequel est à l’origine de toutes les crises politiques vécues dans le pays. Pourquoi ces Citoyens Gabonais, aujourd’hui discriminés et stigmatisés, en deviennent-ils des boucs ’émissaires ? En ce qui concerne la gouvernance économique et sociale, ces citoyens Gabonais sont-ils responsables du chômage qui gangrène l’ensemble du corps social du pays, de la précarité de  vie dans les bidonvilles et en milieu rural, de la vie chère, de la carence des routes, des systèmes sanitaire et éducatif déliquescents et complétement délabrés, de l’insécurité galopante, en un mot, du mal-vivre des Gabonais ?

Ne pouvant argumenter et démontrer pourquoi accepte-il que la Constitution qui va être votée le 16 novembre prochain, c’est-à-dire dans deux jours, devrait-elle renforcer l’autocratie déjà vécue dans le passé, tout en faisant de certains Gabonais des citoyens de seconde zone, François Ndong use de l’intellectualisme, en parlant de stabilité politique, de développement du pays et tutti quanta.

Quelle stabilité politique peut-on avoir dans un pays dirigé par un autocrate, un Président-roi, si ce n’est une stabilité imposée par les armes ? Quel développement peut-on amorcer dans un pays où des citoyens se sentent discriminés et exclus ? Les mêmes causes ne vont-ils pas reproduire les mêmes effets ?

Un poisson que l’on tente de noyer dans l’eau ne meurt jamais.

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