Foumboula lit la nouvelle constitution à travers un prisme déformant

Lorsqu’on a végété pendant longtemps, sans activité fixe (un SAF) et que l’on se retrouve subitement parlementaire nommé, cela peut amener à halluciner et ne plus avoir la même lecture que d’autres, lorsqu’il s’agit d’un texte qui, s’il n’est pas adopté, risque d’entrainer la perte d’une petite rente. Monsieur Foumboula est aujourd’hui dans une telle situation, lui qui hier donnait l’impression de défendre les valeurs de la démocratie et de l’Etat de droit, même si   le malheur du Covid 21 a fait son bonheur, en le sortant de l’anonymat.

 Dans la Constitution actuellement proposée à l’approbation des Gabonais, Il ne voit pas une seule disposition de plus, par rapport aux précédentes, celle qui renforcerait les pouvoirs du Président de la république. Il en est tellement sûr qu’il a brandi cet argument sur un plateau de télévision, lui qui devient un farouche défenseur de cette constitution militaire proposée au pays par le CTRI. Dans son piédestal de parlementaire nommé, là où il n’aurait jamais pu être s’il était passé par le vote, il fantasme et ne peut voir ce qui semble être clair aux yeux  d’autres Gabonais placés loin de la mangeoire.

Et comme il ne peut voir clair, essayons de lui ouvrir les yeux. Dans toutes les constitutions précédentes, «  le Président de la République détermine, en concertation avec le gouvernement, la politique de la Nation » ; cependant que le gouvernement, quant à lui, « conduit la politique de la Nation, sous l’autorité du Président de la république et en concertation avec lui ».

 Cela peut paraitre anodin pour Monsieur Foumboula, mais la notion de « concertation » a ici tout son sens. Elle signifie que pour toute prise de décision importante, il devait avoir, formellement et constitutionnellement, des consultations au sommet de l’exécutif,  entre le Président de la République et son Premier ministre et le gouvernement que ce dernier dirigeait. Traduction, quoique formelle, d’un exercice partagé du pouvoir

Que dit maintenant la nouvelle constitution : « le Président de la République est le Chef de l’Etat, Il est le détenteur du pouvoir exécutif ». Le fait que l’on ait supprimé le terme « suprême » n’enlève rien du tout, puisque contrairement aux constitutions précédentes ; « il détermine et conduit la politique de la Nation ».

 Bien évidemment, puisqu’il n’y a plus de Premier ministre.

 Monsieur Foumboula ne s’en est certainement pas aperçu. Il ne s’est pas rendu compte du fait que le Président de la République devient désormais ce super- homme qui détermine et conduit, tout seul, la politique de la Nation. Certainement que le parlement de Transition rend myope. Il ne s’est pas non plus aperçu que contrairement aux constitutions d’avant, la nouvelle qu’il défend bec et ongle fait de ce super- Président de la République le « chef du gouvernement » ;

Il a également échappé à Monsieur Foumboula, et parlant cette fois-ci du Parlement, qu’il est dit que ce dernier contrôle «  l’action du gouvernement ». Ne peut-on pas  se demander de quelle action s’agit-il, puisque le Président de la République détermine, seul, et conduit la politique de la nation, sans en être responsable devant qui que ce soit, le gouvernent ne servant plus que de cabinet, au sens strict du terme ? Le gouvernement ne conduisant plus la politique de la Nation, quelle action va –t-il justifier devant les parlementaires qui ne peuvent même plus le sanctionner ?

En réalité, cécité politique oblige et la bouche pleine, Monsieur Foumboula refuse d’admettre que si la nouvelle constitution est adoptée, le Gabon va désormais avoir à sa tête un Président-roi, plus que l’étaient Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo Ondimba. Un président –roi omniprésent, omniscient et omnipotent, lequel aura la mainmise totale sur  les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et militaire, sans avoir à rendre compte à qui que ce soit. Monarque de fait, les membres du gouvernement, les hauts magistrats, les diplomates accrédités à l’étranger devraient lui faire allégeance.

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