Le syndrome Ali

Beaucoup de Gabonais en souffrent, notamment au sein de la classe politique. L’effet de contagion a atteint une bonne partie du corps social du pays. Son unique manifestation est l’amnésie. Ceux qui en sont atteints ne savent plus rien de ce qui s’est passé au Gabon pendant les quarante (42) ans du règne d’Omar Bongo Ondimba .Ils ont oublié qu’ils chantaient des louanges du « grand timonier », du « guide éclairé », d’ « Akoma Mba ». Ils ne se souviennent plus du temps où les groupes d’aliénation -oh pardon- d’animation berçaient leurs oreilles à longueur de journées, avec des chants à la gloire du « grand parti de masses ». Ils n’ont plus aucun souvenir de la journée du 12 mars, laquelle avait supplanté celle de la fête nationale du 17 août. Ils ne se rappellent plus que le « Petit Livre vert » était  leur bréviaire.

 Tout ceci s’est dissipé dans leur mémoire collective. Seuls les quatorze (14) ans du pouvoir d’Ali Bongo les habitent et les hantent.

Sur le plan économique et social,  les mêmes  amnésiques ont oublié les faillites d’Air- Gabon, de l’Octra, d’Africa no 1, d’Hévégab, de Promo- Gabon, de Palmi-hévéa, de Sogacel, de Gabon –Télécom, de la Poste, de l’Hôtel Rapotchombo, du Méridien Rédama, des Ciments du Gabon, de Soubara, de Sossuo  etc.

 Lorsqu’Omar Bongo Ondimba fit sa confession testamentaire en 2007, il avait justement évoqué le sort de ces sociétés en s’écriant : « Qu’avons-nous fait de … ». Bien évidemment, ces faillites ont mis dans la rue des milliers et des milliers de Gabonaises et Gabonais que personne ne pourrait convaincre que c’est pendant ces quatorze  (14) ans de magistère d’Ali Bongo Ondimba qu’ils ont été victimes de ce triste sort.

Toujours au plan social, c’est depuis le milieu des années 80 que la récession économique et sociale a frappé de plein fouet le Gabon, vu que c’en était fini du boom pétrolier des années 70 et de la période des vaches grasses. Les fruits de la croissance qui n’étaient pas déjà bien partagés, sont encore devenus beaucoup plus rares. Les systèmes éducatif et sanitaire, par exemple, en ont payé le prix fort. Ecoles, collèges et lycées ont vu les salles de classe se bonder d’apprenants, les internats ont disparu et ne sont plus que des dépotoirs d’objets divers.

 Débordés par des effectifs pléthoriques, travaillant et vivant dans des conditions on ne peut plus difficiles, les enseignants ont été obligés dès la fin des années 80, beaucoup plus précisément en 1989, de descendre dans la rue et de battre le pavé. L’institutrice Martine Oulabou y a sacrifié sa vie. C’était en 1992, Ali Bongo Ondimba ne s’était pas encore le pouvoir suprême. Par contre, ceux qui étaient aux affaires,  sont ceux-là qui font désormais partie des « libérateurs » du Gabon, les Jean François Ntoutoume Emane, Paulette Missambo, Zacharie Myboto, Paul Biyoghe Mba, Alexandre Barro fils de Chambrier, Jean François Ndoungou, pour ne parler que de ceux-là.

 Que dire des universités ? Elles sont devenues des champs de batailles permanents entre étudiants et forces de l’ordre, le tout entrecoupé d’années académiques noires. Alain Claude Bilié By Nze en sait quelque chose, lui qui y a été exclu pour activités syndicales ! Les hôpitaux sont devenus dans le même temps des mouroirs, parce que complétement délabrés ; Manque de personnels soignants, carence de plateaux et inexistence des médicaments.

Des routes du Gabon, parlons-en. Elles défraient la chronique depuis plusieurs années. A l’époque, tout puissant Ministre des Travaux publics et des équipements, accusant André Mba Obame d’en être à l’origine lorsque ce dernier était à la tête du département ministériel de l’Education nationale, Zacharie Myboto était entré dans une colère noire, et ce en plein Conseil de ministres, après avoir constaté que ce sujet avait été proposé comme épreuve de géographie au BEPC. C’est dire à quel point ces routes du Gabon n’ont pas attendu Ali Bongo pour être à leur état actuel.

Le syndrome Ali est donc bien fort pour qu’une bonne partie de Gabonais oublient ce passé, en résumant l’histoire du pays aux seules quatorze (14) années de magistrature suprême d’Ali Bongo Ondimba.

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