Dynamique unitaire a identifié le mal : le despotisme

Cela va vraiment dans tous les sens et nul ne sait plus de quoi parle- t-on. Entre constitution et code électoral, on s’y perd. Il est dit par exemple, par Raymond Ndong Sima, que c’est à cause de la constitution que l’élection présidentielle du 27 août 2023 a débouché sur un coup d’Etat militaire. Ce qui est archi-faux. Quid alors des manigances de la « Young Team », du tripatouillage des résultats par le CGE ?  Que vient faire la constitution dans l’organisation et la gestion d’un scrutin électoral ?

 D’autres soutiennent que c’est parce quil n’y avait pas reconnaissance de « Dieu » dans la constitution- Laurent Angue Mezui du RPG dont les prises de position sont dictées par le noyau familial de ce parti, très engagé dans l’Ogooué Ivindo pour faire triompher le « Non » et en attendre des dividendes- Ce qui est là aussi archi- faux, la notion de Dieu figurant dans la loi fondamentale gabonaise depuis 1994.

D’autres encore  ne rendent pas Alain Claude Bilié By Nze responsable des faits qui ont motivé les militaires à s’emparer du pouvoir. Très curieusement, ce n’est pas ce dernier qui a été mis aux arrêts dès la nuit du 30 août 2023, mais plutôt et ses acolytes, accusés qu’ils étaient d’avoir commis des délits graves et même des crimes. Les résultats de l’élection présidentielle ont été « tronqués », avaient déclarés haut et fort et sur toutes les tribunes les militaires, membres du CTRI. Mais alors, ceci ne constitue –il pas un délit pour que les responsables de l’ex-CGE soient poursuivis et punis ?

 Tout ceci participe de la grande diversion, histoire de détourner l’opinion des enjeux réels du débat constitutionnel en cours.

Revenons donc aux fondamentaux même dudit débat, tels que les ont mis en exergue la confédération  syndicale Dynamique Unitaire dont la clarté de la position est incontestable. Une clarté qui a amené ces syndicalistes à opter pour le « Non ». Leur analyse est minutieuse, rigoureuse et de très haut vol, loin de ceux qui, pour le moment, n’usent que d’arguties pour tenter de justifier ce qui ne peut l’être.

Après le retour à la démocratie multipartite dans le pays suite à la Conférence nationale de 1990. Le Gabon est allé d’une crise politique à une autre, le tout parfois émaillé de sang. Conséquence d’un système politique présidentialiste qui a conduit à une personnalisation de la fonction de chef de l’Etat. De cette personnalisions, l’on a dérivé progressivement vers une monarchisation et donc au développement des rapports de clientèle et parentèle au sommet de l’Etat. Ce qui a permis à Ali Bongo Ondimba de succéder à son père en 2009. Cette dévolution monarchique avait été orchestrée par les Jean François Ntoutoume Emane –qui avait brandi Ali Bongo à l’époque tel un trophée de guerre- Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo , Barro Chambrier, Séraphin Moudounga, Paul Biyoghe Mba, Daniel Ona Ondo,  Paul Toungui, Richard Auguste Onouviet, Denise Mekamne, Michel Essongué et bien d’autres encore à l’époque membres du Comité permanent du Parti Démocratique gabonais.

Devenu ainsi une monarchie de fait, l’organisation des élections au Gabon n’était plus qu’une simple formalité. Les coups de force électoraux se succédaient, depuis même l’époque d’Omar Bongo Ondimba, lequel   avait perpétré le tout premier en 1993 ; Son successeur de fils au trône du Palais de marbre du bord de mer n’a alors fait que marcher sur ses traces en 209 et 2016, en se servant de la Garde républicaine comme bras armé ;

En 2023, pour des raisons qui restent encore à élucider, le monstre s’est retourné contre son fabricant, et la suite est bien connue : coup d’Etat militaire et annonce dans la foulée d’une restauration des institutions.  Il fallait bien commencer par l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution pour le pays. Et lorsque les syndicalistes de Dynamique Unitaire parlent de despotisme, c’est parce qu’eux voient ce que les politicards de l’ordre ancien refusent de voir au nom de leurs mesquins intérêts égoïstes. Eux voient que plus dans le passé, le chef de l’Etat qui va être élu à l’issue de la prochaine élection sera un monarque qui ne dit pas son nom. Il sera le chef de l’exécutif, le chef du gouvernement, le Président du Conseil supérieur de la Magistrature, le chef suprême des armées, il pourrait dissoudre l’Assemblée nationale quand il veut et comme il veut et n’aurait des comptes à rendre qu’à lui-même ; Cela n’a autre nom qu’un despote.

Les syndicalistes de Dynamique unitaire ne se sont donc pas trompés de qualification.

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