Dans le nord du Gabon, plus précisément dans le Woleu Ntem, les partis politiques n’ont plus pignon sur rue. Ils n’attirent plus. Le moment où l’on se battait pour être membre du comité central, du conseil national, du bureau politique, du comité permanent du bureau politique du PDG, est révolu. Et dire qu’à cette époque pas très lointaine, d’aucuns étaient prêts à sacrifier tout ce dont ils disposaient pour y parvenir. Les guerres de clans et de personnes étaient légion et l’on ne faisait pas de cadeau. Tout était entrepris pour être dans les écrans- radars du « Distingué Camarade Président » et nul ne lésinait sur les moyens. Un sourire de ce dernier ou une accolade était considérés comme une bénédiction. On se les arrachait.
Et vint le coup d’Etat militaire du 30 août 2023. Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema est devenu le nouvel homme fort du Gabon. Il a un pied à terre à Ngoueni dans le Haut Ogooué et un autre dans le canton Bissok, du département du Woleu (Oyem), plus précisément dans le village Nkoum Yengui.
Depuis lors, là-bas, dans le septentrion, on ne parle plus de PDG, et encore moins d’un autre et quelconque parti. Sur toutes les lèvres, il n’y a plus que l’association Ossimane qui fait des émules. De hauts cadres de la province, y compris d’anciens ministres et ceux encore en fonction y affluent et se bousculent aux portes de la résidence de son prometteur. Et pour cause, ce dernier n’est autre le demi- frère du Président de la Transition, celui-là même qui avait défrayé la chronique il n’y a pas très longtemps, en s’illustrant négativement à la tête de la direction générale du Budget, au point où son frangin a été obligé de le virer.
En dépit de cette disgrâce, il demeure toujours l’homme fort de la province du Woleu Ntem, lequel attire et mobilise bien de monde. Des opportunistes de tout poil lui vouent un culte tel que Dieu le père l’en envierait. C’est l’homme de la situation, la porte d’entrée au Palais de marbre du bord de mer de Libreville où trône son frère. L’Association Ossimane qu’il a créée, et dont ledit frère est le Président d’honneur, refuse du monde. Du coup ceux qui n’y trouvent pas de place sont obligés de susciter d’autres associations-filles : « Enguengueng », « Fek ye Bitam », « Momentum » et consorts. Toutes des pièges à sous et des clins d’œil de quémandeurs de nominations qui appliquent bien le principe oliguiste qui voudrait que la « main qui demande soit toujours en bas ».
Pour faire la démonstration de son hégémonie sur le terrain politique du Woleu Ntem, les patrons d’Ossimane viennent de procéder à un maillage de la province dans la perspective du vote référendaire du16 novembre prochain. Un « comité provincial d’Ossimane a été mis en place. Ce dernier est truffé d’anciens Pdgistes à la recherche d’un emploi.
Ce qui a provoqué cette vive et véhémente réaction des adeptes d’Ossimane de première crue : « Nous venons d’apprendre la composition du bureau de campagne du référendum pour notre département du Ntem, commune de Bitam. Il apparait clairement que les premiers responsables d’Ossimane, ceux qui ont été les premiers engagés pour notre cause (sic), ont été écartés au profit du noyau dur du PDG à Bitam ». Leur ire ne s’arrête pas là ; ils continuent à pourfendre : « cette situation nous semble non seulement injuste, mais aussi profondément malveillante ; en conséquence nous invitons tous les citoyens conscients de Bitam à s’opposer à ce choix partial et de mauvaise foi… ».
Nous passons le reste. C’est la suite qui est plus intéressante, la voici : « enfin, il est essentiel de rappeler que, lors du récent dialogue national, le peuple gabonais avait pris la décision de tourner la page du PDG- du moins c’est l’illusion qu’a voulu donner le CTRI (NDLR)- Cependant, il est évident que cette formation politique continue de tirer les ficelles en arrière- plan. Pour que notre voix soit entendue, nous vous appelons à voter massivement Non au référendum. Non pour les francs- maçons ! Non pour le PDG ! Ensemble, faisons entendre notre voix pour un avenir meilleur ».
La bataille des sous et des nominations s’annonce donc rude à Bitam, par Ossimane interposé.