Le CTRI : la caverne d’Oligui Nguema

Ils se bousculent depuis un certain temps devant les portes du CTRI, tels des mendiants devant un lieu de distribution de la soupe populaire. Ils, ce sont ces nombreux Gabonais qui, il y a à peine plus d’un an, faisaient des pieds et des mains  pour rencontrer Ali Bongo Ondimba. Personnalités politiques mues par l’ethnisme et le  tribalisme, associations du même genre, simples citoyens, tous y vont pour trouver un trésor. En fait de trésor, il s’agit d’un strapontin, à défaut de quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Et le CTRI est devenu une caverne d’Ali Baba, pour ne pas dire d’Oligui. A Nkoum Yengui, dans le canton Bissok du département du Woleu (Oyem), de longues files d’attente s’impatientent devant le domicile de son géniteur. On y va avec des poules, des canards, des cochons, des moutons, cabris, régimes de banane, paquets de manioc et parfois même des bœufs, pourquoi pas !

Le vote référendaire pour l’adoption de la nouvelle constitution de la République gabonaise a encore élargi le boulevard qui y mène. Actuellement à l’Ancienne Gare Routière de Libreville, les imprimeurs de tee-shirts, d’affiches, de dépliants, de flyers et autres prospectus sont débordés et leurs carnets de commandes remplis. Il y a surchauffe des imprimantes. Tous ceux y vont veulent des supports de campagne de soutien au CTRI et au Général Brice Clotaire Nguema.

 A peine vous parle-on de constitution. Ce n’est pas le sujet de l’heure. Il faut vanter les mérites du CTRI qui, en temps record, a construit des kilomètres et des kilomètres de routes bitumées ou bétonnées, de nombreux hôpitaux, des établissements scolaires flambants neufs, a alloué plusieurs bourses d’études à des jeunes Gabonais et crée plusieurs emplois dans la fonction publique.

 A la question de savoir pourquoi va-t-il voter « OUI » un Gabonais, se disant « opérateur économique », rencontré chez un imprimeur et surpris en train de passer une commande de tee-shirts à l’effigie d’Oligui Nguema, avec comme message « je vote « OUI » répond : « Ce que le CTRI a fait en un an, si on leur donne encore plus de temps, je pense que le Gabon ira loin, regardez ces nombreux chantiers ouverts, ces nombreux chômeurs qui ont trouvé un emploi, exemple les conducteurs de nouveaux taxis ; tout ceci montre que le CTRI, avec à sa tête le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, bosse »

A une autre  question plus embarrassante, celle de savoir s’il a jeté un coup d’œil sur la nouvelle constitution qui va être adoptée par voie référendaire le 16 novembre Prochain ? Il lâche cette réponse pour le moins surprenante : « j’avoue que non, cela ne me préoccupe pas, ce que je sais c’est que Oligui nous a libérés et nous sommes désormais dans un Gabon nouveau, la Constitution c’est une affaire de juristes et je leur fait confiance ».

Pas très loin de là une Gabonaise, faisant elle aussi une commande de 300 tee-shirts, répond aux mêmes questions : « mon frère, nous les femmes nous avons décidé de soutenir le CTRI et son chef. Et puisque c’est ce qui marche aujourd’hui pour que l’on fasse attention à vous, nous nous sommes constituées en association pour dire « OUI » avec l’espoir que les femmes vont enfin sortir de la précarité, que nous aurons bientôt des emplois et que nous serions plus considérées » Elle ajoute, à propos du contenu de la nouvelle constitution : « je ne sais ce qu’il y a dedans, mais je sais que les étrangères ne pourront plus nous arracher nos hommes et que les Gabonais se marieront désormais rien qu’entre eux, nous, sommes d’accord avec ça, parce que Gabon d’abord »

En d’autres termes,  pour ces Gabonais et gabonaises, d’aucuns d’un certain âge et d’un  niveau intellectuel relativement élevé, le vote du 16 novembre prochain doit déboucher sur l’élection d’un président de la République. Il s’agira de choisir entre Oligui Nguema et quelqu’un d’autre, sans savoir lequel.

Voilà en sont les Gabonais, à ne pas savoir quelle est la portée réelle du choix qu’ils sont appelés à faire dans presqu’une semaine. Et lorsque le Président de la Transition entreprend une mini- tournée républicaine dans le Gabon profond, alors qu’il venait de boucler une il y a à peine deux mois, cela les convainc plus qu’il s’agit d’une élection présidentielle

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